Cimetière des séries

Ici nous listons les plus tragiques décès de séries :

Charmed [1998-2006]

Sévèrement amputée à la fin de sa troisième saison (la peste Shannen Doherty quitte le trio prétendument indestructible de sœurs sorcières), la série continue pourtant à marcher à l’aide d’une greffe inattendue (Rose McGowan, la demi-sœur prodigue). Charmed peine cependant à se remettre de son handicap, et sombre dans une niaiserie infernale : alors qu’elles combattaient d’abord des démons et des sorciers maléfiques, les héroïnes doivent faire face à une recrudescence de fées, licornes, sirènes, leprechauns, puis de dieux, avatars, bref, un grand n’importe quoi, le public type étant passé de l’ado féru de magie à la petite fille de huit ans lobotomisée.

Friends [1994-2014]

Pendant dix belles saisons, les fans de Friends ont vu leurs héros grandir : apprendre la vie (I’m looking at you, Rachel Green), passer de la colocation amicale à la colocation maritale, faire des breaks, divorcer, avoir des enfants… La fin de la série a été annoncée en avance mais le déchirement n’en a pas été atténué pour autant. Il fallait donc un final en forme de happy-end absolu et les producteurs de Friends ont eu la générosité de donner aux spectateurs fidèles ce qu’ils attendaient, je n’en dis pas plus bien sûr.

How I Met Your Mother [2005-2014]

Les légistes s’affrontent encore pour déterminer à partir de quelle saison le cancer de l’ennui a commencé à attaquer cette série. Tous s’accordent à dire que la saison 9, qui suit le mariage de Robin et Barney sur trois jours, aura été une phase terminale particulièrement éprouvante. Concernant l’épisode final, difficile de dire si How I Met est retombée en enfance pour cause de sénilité ou si elle a connu un sursaut de lucidité avant de rendre l’âme. Toujours est-il que ses derniers bégaiements n’ont laissé personne indifférent, et les experts de Séries Chéries se sont d’ailleurs penchés sur la question dans un article polémique et sanglant.

L’hôpital et ses fantômes [1994-1997]

La série déjantée et flippante de Lars von Trier aurait pu avoir une troisième saison si cinq membres du casting n’avaient pas passé l’arme à gauche (d’où l’intérêt de ne pas mettre trois ans à produire une saison de quatre épisodes). Résultat : l’histoire complètement cinglée de ces médecins danois confrontés au surnaturel dans une ambiance de série B glauquissime s’achève par un délire total, tout droit issu du cerveau fou de ce bon vieux Lars.

Six Feet Under [2001-2005]

Belle vie et belle mort pour la série dont la mort est justement le sujet central. Une existence ni trop courte ni trop longue, qui a su se maintenir jusqu’à la fin avec une subtilité tenace, sans jamais rien perdre de sa substance métaphysique, de son humour noir et de sa propension à susciter les larmes. L’épisode final, inoubliable, est un dernier soupir de série particulièrement émouvant. Attention : si vous êtes une personne sensible, le deuil de Six Feet Under peut s’étendre sur des années.

Twin Peaks [1990-1991]

Une courte mais belle vie pour ce monument de l’histoire des séries. A la moitié de la seconde saison, les producteurs insistèrent pour que David Lynch dévoile le plus grand mystère de son intrigue, ce qu’il fit à contre-cœur. Dès lors, la série périclite, le feuilleton policier supplante la folie des débuts, la réalisation perd en audace. Jusqu’à l’épisode final, euthanasie magistrale orchestrée par Lynch lui-même qui clôt les intrigues d’une façon aussi déconcertante que jouissive.

Urgences [1994-2009]

Urgences a agonisé dans les dernières années de sa vie, tuée à petit feu par l’arrivée de nouvelles séries médicales (en particulier Grey’s Anatomy). En voulant imiter formellement sa rivale à succès, Urgences a malheureusement perdu son âme et ce qui faisait d’elle une grande série dans ses premières années : mise en scène originale, refus de la dramatisation à outrance et des recettes faciles pour susciter les larmes… La série qui a révélé George Clooney aura eu cependant une belle et longue existence.