Showrunner : Julian Fellowes

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Crédit photo : Simon Upton pour Vanity Fair

Sa bio

Julian Fellowes, scénariste et producteur exécutif de la série britannique Downton Abbey est un showrunner* atypique. Après des études de théâtre au Royaume Uni, il entame une carrière de comédien qui ne décollera jamais, même après un bref passage à Hollywood, où il reste cantonné à des seconds rôles peu mémorables. La reconnaissance arrive en 2001 grâce à sa collaboration avec Robert Altman sur le film Gosford Park, pour lequel Fellowes remporte l’Oscar du meilleur scénario. Il aiguise sa plume avec la publication de romans (Snobs en 2004 et Past Imperfect en 2009) avant d’écrire d’une traite la trame de la première saison de Downton Abbey en 2010, à l’âge de soixante ans. C’est donc sur le tard qu’il rejoint le cercle fermé des créateurs de séries cultes. Son premier coup d’essai est un coup de maître : Downton Abbey est un succès dans son pays d’origine. De façon plus inattendue, les accents soap-opera de la série sont également accueillis avec ferveur par le public et la critique aux États-Unis, dans un paysage audiovisuel pourtant dominé dans les années 2010 par l’ambiguïté morale de ses héros, de Mad Men à Breaking Bad.

Son style

Julian Fellowes est aussi un showrunner atypique dans sa méthode de travail. Contrairement aux créateurs des séries américaines qui ont pour habitude de s’entourer d’une équipe de scénaristes pros du brainstorming et des nuits sans sommeil, Fellowes travaille d’abord seul, et “aux heures de bureaux”. Il rédige chaque saison dans sa continuité, et c’est sa femme Emma qui fait office de première relectrice, avant que les scénarios ne soient envoyés à Carnival Films, société qui produit la série. Fellowes aime à rappeler qu’il a toujours évolué en périphérie des couches les plus aisées de la société britannique (ce n’est qu’en 2011 qu’il reçoit le titre de “Baron Fellowes de West Stafford”), mais c’est justement grâce à ce statut d’observateur qu’il développe un regard d’anthropologue et un grand sens du détail. Deux qualités qu’il met à l’oeuvre dans l’écriture et la supervision des tournages de la série qui nous plonge dans les coulisses de upstairs et downstairs, ces deux mondes dont les fonctionnements ultra-codifiés commencent à se fissurer dans Downton Abbey. Bien conscient que c’est cette tension qui fascine le spectateur, Fellowes le perfectionniste déclare vouloir conclure la série avant que ses personnages ne s’enfoncent inexorablement dans les révolutions des temps modernes. Mais le Baron ne boude pas son plaisir face à la reconnaissance tardive : des récompenses (plusieurs Emmy Awards, deux Golden Globes), aux diverses parodies de Downton Abbey qui ont fleuri sur la toile, en passant par le projet d’adaptation de Roméo et Juliette pour le réalisateur Carlo Carlei. Julian Fellowes, showrunner oh so British, n’est donc pas prêt de prendre sa retraite dans la campagne anglaise.

Sa série

Downton Abbey

Sources et lectures complémentaires

“The Most Happy Fellowes”, Vanity Fair U.S, David Kamp, Décembre 2012
“Showrunners 2012: Downton Abbey’s Julian Fellowes”, The Hollywood Reporter, Tim Appelo, Octobre 2012
“Once upon a life: Julian Fellowes”, The Guardian, Julian Fellowes, Octobre 2010