Deux séries britanniques, une époque commune. En cette fin du 18ème siècle, l’Empire britannique – sous le règne de George III – ne s’étend pas qu’au Royaume-Uni mais aussi aux Amériques ainsi qu’à l’Australie. Les personnages de Poldark et Banished feront les frais de cette politique expansionniste. Si les environnements dans lesquels ils évoluent diffèrent (Poldark prend place dans la fraîcheur des Cornouailles et Banished sous la chaleur des cocotiers), ils partagent la même atmosphère d’hostilité.
Poldark
C’est le nom du personnage principal de la série. Ross Poldark (Aidan Turner) a laissé les siens pour rejoindre les troupes anglaises sur les champs de batailles de la Guerre d’Indépendance. Il revient deux ans plus tard dans sa terre natale espérant la retrouver telle qu’il l’avait quittée. Hélas son père est décédé, lui-même est ruiné et sa fiancée (Heida Reed) l’a trahi pour épouser son cousin. Rien de tel que des retrouvailles glaciales pour se remettre du traumatisme de la guerre…
Nous venons de faire connaissance avec le personnage au moment où il apprend cette succession de mauvaises nouvelles, on ne sait donc pas comment il peut réagir. A vrai dire, trois possibilités s’offrent à lui : sauter du haut d’une falaise, s’enfuir à Londres sur les conseils intéressés de son oncle ou rester et tout reconstruire. Il optera pour la la troisième solution. Hors de question de fuir, il compte bien rétablir son nom et sa fortune. Il le fera avec amertume dans un premier temps, punissant au passage la gente féminine, qu’il s’agisse de son ex dulcinée ou de la servante qu’il prendra sous son aile.
Belle histoire que celle d’un homme en apparence solide, qui perd tout ses repères au moment où il s’y attend le moins. Audacieux sans être opportuniste, c’est un battant qui n’aura de cesse de prendre ses problèmes à bras le corps et de résister aux épreuves que la vie lui réserve. Et si l’amour pointe le bout de son nez, il se pourrait bien que Poldark s’attendrisse un peu par la même occasion.
Représentation typique du personnage masculin désabusé, froid et solitaire mais qui cache une extrême bonté, Ross Poldark est à classer aux côtés d’un Marc Darcy (Orgueil et Préjugés), d’un Edward Fairfax Rochester (Jane Eyre) ou d’un Rawdon Crawley (La Foire aux Vanités).
Si les enjeux de réputation et les luttes sociales vous barbent, venez au moins prendre l’air dans ces magnifiques paysages de bord de mer.
Banished
L’Empire britannique, privé de ses colonies américaines depuis 1776 , installe sa première colonie pénale australienne dans la région de la Nouvelle-Galles du Sud en 1788. Il était courant que les puissants empires de l’époque (britannique et français notamment) se débarrassent de leurs prisonniers en transformant leurs colonies en camps de travaux forcés. C’est de ce pan de l’histoire australienne que Jimmy McGovern (dont la série Accused a été récemment adaptée en France et diffusée sur France 2) s’inspira pour donner naissance à une série de sept épisodes intitulée Banished.
Prisonniers anglais et soldats de la Royal Navy doivent cohabiter sur une terre inconnue, à 17 000 km de l’Angleterre, dénuée de tout cadre politique et économique. Ajoutez à cela la présence de quelques femmes (souvent d’anciennes prostituées) au milieu d’un millier d’hommes et vous obtenez un joyeux bazar. Ou une sacrée expérience de civilisation sauvage. Une chose est sûre : la création de ce Nouveau Monde ne se fera pas sans douleur.
James Freeman (Russell Tovey), Tommy Barrett (Julian Rhind-Tutt) et Elizabeth Quinn (MyAnna Buring) font partie de cette population de parias qui tente de survivre dans cette prison à ciel ouvert. Entre l’oppression des militaires, amers d’avoir été exilés, les longues journées de travail sous un soleil de plomb, les violences physiques et psychologiques entre bagnards et le manque de nourriture, la tension est omniprésente. De là à penser que la pendaison, technique de mise à mort privilégiée, est une forme de liberté pour ces esclaves condamnés à terminer leur vie sur cette île, il n’y a qu’un pas.
Ce drame historique court mais intense nous offre la vision d’une société réduite revenue à un système primaire opposant dominés et dominants. Entre saleté, sueur et testostérone, vos nerfs seront mis à rude épreuve.
Deux séries que j’avais déjà hâte de découvrir, encore plus après la lecture ! Jamais déçue par la semaine d’un sériephile, ça va devenir mon rdv immanquable. Merci :)
Merci du compliment Camille :) Banished était à Séries Mania d’ailleurs mais je n’avais pas pu la voir. C’est chose faite et je peux même dire que j’ai préféré cette dernière à Poldark. Dommage qu’il n’y ait pas de deuxième saison.