Coup de projo sur Neon Genesis Evangelion

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas Serge qui vous parlera d’une série animée. Il y a près de dix ans (soit dix ans après la sortie de Neon Genesis Evangelion) un ami féru d’anime japonais me forçait à visionner ce qui me semblait une énième histoire de robots géants et de bastons violentes, mais qui s’avère, en réalité, être un chef d’oeuvre de subtilité, de références complexes, doté d’une mythologie propre et particulièrement élaborée.

Le concept

Dans un futur apocalyptique, des créatures venues d’ailleurs – les Anges – s’attaquent tour à tour à la Terre dans le but de détruire Tokyo-3, cette ville géante dont les buildings entrent sous terre en cas d’urgence, formant sous la surface une skyline à l’envers. Pour confronter ces entités aux apparences multiples (monstres géants dignes des fameux kaijus, formes géométriques intelligentes, virus informatique…), l’humanité sous tension a créé les Evas, des machines anthropomorphes dont les titanesques robots de Pacific Rim semblent être inspirés. Evidemment, pour piloter ces guerriers mécaniques, il faut des adolescents.

Un univers trash

Rares sont les jeunes gens capable de faire fusionner leur esprit avec celui de la machine. Car les Evas, en réalité, ne sont pas totalement mécaniques, et ne se pilotent pas aussi facilement que les Mégazords de Power Rangers, avec des cabrioles et des chorégraphies débiles. Pour entrer en symbiose avec le cyborg, l’humain doit être plongé dans un caisson rempli d’une sorte de liquide amniotique à l’odeur de sang, dans lequel il lui faut apprendre à respirer, et partager sa douleur avec celle du robot guerrier. Or, les combats sont d’une violence traumatisante, avec des bains de sang, des membres arrachés, et beaucoup, beaucoup de hurlements. Le jeune Ikari Shinji, héros mal dans sa peau et fils du commandant de l’armée humaine, en fera les frais tout au long des 26 épisodes de la série. Le réalisme de l’animation, bien sûr, n’arrangeant rien à l’horreur suscitée par les carnages à répétition.

Une mythologie dense au service d’une oeuvre philosophique

Criblée de références religieuses (les Anges qui meurent en formant une croix lumineuse dans le ciel, Adam et Ève, Lilith, les Rois Mages, les manuscrits de la Mer Morte…) et psychologiques (voire le concept schopenhauerien du dilemme du hérisson, qui implique que les Hommes, même s’ils désirent se rapprocher, sont contraints par leur nature à rester isolés les uns des autres), Evangelion élabore une mythologie riche et complexe, où les questions de l’âme, de l’ego et de la culpabilité sont omniprésentes. Les boucliers qui protègent les Anges et les Evas deviennent alors le champ de notre moi, les barrières de l’intimité de tout un chacun, que les savants fous tentent d’abolir pour faire communier l’humanité en une seule et même pensée. Le corps, tout au long de la série, est montré comme le siège de la souffrance, les créatures semi-organiques provoquent le dégoût et la chair est toujours en conflit avec la pensée. Enfin, la thématique de l’angoisse est probablement la colonne vertébrale d’Evangelion.

Une oeuvre phare

Pas étonnant que la série ait tant marqué les esprits. Pas étonnant non plus qu’elle ait servi d’appui dans des universités au Japon, tant elle est riche de symboles, d’aspérités, de codes à déchiffrer. L’avant-dernier épisode, notamment, est bluffant par son originalité et d’une puissance rare : les personnages que l’on a vu combattre encore et encore se retrouvent tour à tour assis dans le noir, dans une absence de décor, le dessin figé, et répondent aux questions qui apparaissent sur des cartons. Plus ces interrogatoires mystérieux se font inquisiteurs (on ignore qui pose les questions, mais on devine que les cartons personnifient la lucidité, l’introspection, une sorte de dédoublement de la pensée), plus les personnages mentent, craquent, se fissurent, pour devenir des archétypes humains dans lesquels on se reconnait facilement. Il n’est plus question, dès lors, de science-fiction, mais de psychanalyse pure.

Conclusion

Les âmes sensibles ne supporteront pas le visionnage d’Evangelion. Les autres y trouveront un univers foisonnant de signes à interpréter, un univers aux antipodes du manichéisme avec des personnages détestablement attachants. Les graphismes précis, souvent immobiles, font la part belle à la bande son et aux voix. Bien sûr, il faut regarder en VO.

Une réponse à “Coup de projo sur Neon Genesis Evangelion

  1. Je regarde peu d anime mais une fois lancé on devient vite accro … Je la note dans ma liste sait on jamais un soir ou j aurai envie de changement !!

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