Il y a des sitcoms qui vous marquent on ne sait trop pourquoi. Des séries toutes simples qui réveillent de grands moments de nostalgie. Des personnages qui font partie de la mémoire collective parce qu’ils étaient là dans notre jeunesse et continuent de nous rappeler nos années passées devant M6 ou France 2. Will (Will Smith) dans Le Prince de Bel-Air, Fran (Fran Drescher) dans Une Nounou d’enfer et Tony (Tony Danza) dans Madame est servie font assurément partie de ces personnages cultes. Alors aujourd’hui on se replonge dans les souvenirs avec trois séries qui revisitent la maison de famille en bouleversant les codes de la structure familiale traditionnelle. Oubliez La Petite Maison dans la prairie, ici on ne coupe pas du bois avant d’aller à la messe, aujourd’hui c’est le moment du petit grain de folie !
Le Prince de Bel-Air, funky family
Now this is the story all about how my life got flipped, turned upside down, and I’d like to take a minute just sit right there I’ll tell you how I became the prince of a town called Bel-Air. Un petit beat funky, un jeune Will Smith au summum du cool et nous voici déjà dans l’univers du prince de Bel Air. Dès les premières notes du générique les présentations sont faites. Will est un personnage décontracté, profitant de la vie et surtout, surtout, extrêmement charismatique.
Lorsque les problèmes de drogue et de délinquance se multiplient dans le quartier de Will et sa mère, il n’y a qu’une solution pour celle-ci, envoyer son fils vivre ailleurs pour lui donner de meilleures chances de réussir dans la vie. Will, ado fan de rap et de basket habitué aux quartiers difficiles de Philadelphie, se retrouve ainsi hébergé dans la famille de son oncle, avocat aisé vivant dans le très chic quartier de Bel-Air à Los Angeles. Finis les graffs sur les murs et bonjour les repas servis par un majordome ! Et c’est là que les ennuis commencent. Will arrive comme un cheveu sur la soupe dans un milieu très (trop) guindé où le rap est considéré comme une mode de voyou et l’attitude trop cool comme une faiblesse à corriger séance tenante. Un choc des cultures qui ne manquera pas de faire des étincelles !
La famille de Will se complait dans un modèle de réussite caricatural. Tous les personnages de cette famille sont obsédés par les apparences et l’argent. Oncle Phil (James Avery) est un modèle absolu de réussite. Juge influent, respectable, il se fait un devoir d’incarner l’autorité et de montrer à Will le droit chemin. Quand ses enfants ont un problème, un petit billet dans la main et roulez jeunesse… Evidemment, les enfants sont des prototypes de gosses de riches insupportables au possible. Pompeux, arrogants, ils sont bien confits dans leurs certitudes et leur quant à soi. Autant dire que Will arrive en terrain miné…
Avec un contexte pareil on aurait pu tomber dans la lutte des classes, mais ce qui se joue ce serait plutôt l’incompréhension entre les générations. Will est un jeune du début des années 90. Sa culture c’est le rap, l’attitude cool et l’envie de profiter de la vie à fond. Will n’est pas du genre à se laisser impressionner par les apparences. On est encore loin du rap bling bling, sa philosophie ce serait plutôt : feel the groove and enjoy your life baby. Comme quoi, Le Prince de Bel Air c’est aussi un bon moyen de mieux comprendre le rap des années 90.
La série ne joue pas le côté moralisateur du jeune perdu des cités qui va apprendre le vrai sens de la vie. Au contraire même, la morale ce serait plutôt : on peut tous apprendre les uns des autres. C’est peut-être un peu optimiste et gentiment facile comme message mais ça marche plutôt bien. Le côté apprentissage croisé passe surtout dans la relation entre Will et son cousin Carlton (Alfonso Ribeiro). Autant Will est le modèle de la décontraction, autant Carlton est coincé comme pas permis. Malgré leurs différences, les deux personnages vont s’influencer l’un l’autre pour se rapprocher et devenir inséparables. Bon évidemment voir Carlton balancer des yo en faisant le mec cool restera toujours bizarre mais l’esprit y est.
La série nous apprend à nous aussi quelque chose. C’est souvent par ses petits défauts, ses maladresses et ses idioties qu’un personnage devient attachant. N’est ce pas Carlton ?
Une Nounou d’enfer, super nanny est dans la place
La gouvernante la plus funky de l’histoire des séries sera pour toujours Fran Fine. Vendeuse de produits de beauté à domicile, elle sonna à la demeure des Sheffield pour vendre un ou deux rouges à lèvres. Elle était loin de penser que franchir le seuil de cette maison allait bouleverser sa vie. Prise pour la nouvelle nounou, la voilà présentée aux enfants, et instituée gouvernante dans la prestigieuse demeure de Maxwell Sheffield (Charles Shaughnessy), riche producteur de théâtre à Broadway.
Les concepts d’Une Nounou d’enfer et du Prince de Bel Air sont finalement assez proches. Comme Will, Fran est en décalage complet avec le milieu dans lequel elle vit. Au monde très BCBG des Sheffield, Fran oppose son exubérance, sa gouaille et ses tenues sexy et colorées. Elle fait peut-être tâche dans le tableau mais elle s’en fiche totalement, on l’accepte comme elle est, point final.
Son rôle principal dans cette famille consiste à s’occuper des enfants mais sa mission ne tardera pas à s’élargir au père. Maxwell est un business man obsédé par son travail, au point de l’avoir fait passer avant ses enfants dans bien des cas. Il a perdu son rôle de père et se retrouve à déléguer à son personnel les relations qu’il devrait avoir avec ses enfants. C’est sans compter sur Fran qui ne manquera pas de le rappeler à ses devoirs et pas forcément avec les formes. La série a beau être une sitcom légère et un brin déjantée, elle pose quand même la question de l’évolution des relations familiales dans un monde où la réussite individuelle est devenue la valeur suprême.
Bon il ne faudrait pas oublier que cette série est avant tout une sitcom drôle. La fantaisie de Fran Fine et son côté madame sans gêne ne manquent pas de provoquer des situations loufoques et particulièrement savoureuses, surtout quand elle croise le chemin de C.C Babcock (Lauren Lane), collègue et soupirante intéressée de Maxwell. Mlle Babcock est l’antithèse de Fran. Carriériste, manipulatrice et vénale elle cherche pendant une grande partie de la série à s’attirer les faveurs de Maxwell Sheffield pour compléter le tableau de sa réussite sociale. A l’opposé, Fran n’est que générosité et fantaisie, qualités qui pourraient bien éveiller les sentiments de son employeur.
Au-delà du rire, Une Nounou d’enfer est aussi une histoire d’amour impossible entre deux personnages que tout oppose mais qui vont pourtant s’ouvrir à l’autre pour mieux nous offrir un petit conte de fées des temps modernes. Pendant une grande partie de la série, Maxwell et Fran ne cesseront de se tourner autour, de jouer à je t’aime moi non plus. On sent bien qu’ils sont faits l’un pour l’autre mais le suspense reste constant. La dimension romance est loin d’être secondaire, c’est un peu le fil rouge de la série et même pour les moins fleurs bleues, on ne peut s’empêcher d’attendre avec impatience la grande déclaration. Ce n’est peut-être pas Pretty Woman non plus mais tout de même c’est un peu l’histoire d’une cendrillon de Manhattan.
Madame est servie, so who’s the boss now?
Tony Micelli, ex-champion de baseball, père veuf d’une jeune adolescente, souhaitait offrir un meilleur cadre de vie à sa fille (Alyssa Milano). Pour accomplir ses objectifs, il déménage dans le Connecticut pour devenir homme à tout faire auprès d’Angela Bower (Judith Light), une riche femme d’affaires élevant seule son fils, et de sa mère, la très décalée Mona. Ca ressemble beaucoup à un croisement des concepts des deux séries dont l’on vient de parler, sauf que Madame est servie est apparu sur les écrans en 1984, près de dix ans avant Une Nounou d’enfer ou Le Prince de Bel-Air. Et oui Madame est servie est un peu une série précurseur mine de rien !
Dans les années 70, de la Petite Maison dans la prairie à All in the family, la cellule familiale dans les séries peut connaitre des crises, des doutes et des remises en question mais elle restera toujours unie. On ne rigole pas avec la famille et encore moins avec le divorce ! Bonjour les valeurs traditionnelles, et chantons tous en chœur stand by your man. Une vision très optimiste qui ne reflète pourtant pas vraiment les évolutions de la société. Madame est servie vient bousculer un peu ces habitudes en osant enfin parler de la famille monoparentale. Ça nous parait peut-être désuet aujourd’hui mais à l’époque c’était déjà un grand pas de franchi.
Entre fous rires, quiproquos et situations joyeuses on s’attache énormément aux familles Micelli et Bower. Tony est un peu l’homme parfait, débrouillard, serviable et sportif. Que demander de mieux ? Quant à Angela, sa relation tout en tendresse avec son fils et ses affolements avec sa mère légèrement déjantée nous la rendent extrêmement sympathique. Alors évidemment c’est un peu gentil, les scénarios ne sont pas bien compliqués mais pourquoi se gâcher le plaisir ? On attend avec impatience les rapprochements entre Tony et Angela et on espère le joli happy-end. La tendresse c’est un peu la marque de fabrique de cette série et finalement ça ne fait pas de mal quelques fois.
Pour moi, Madame est servie, c’est aussi ce personnage un peu hors normes qui est sans doute l’un des plus drôles : Mona (Katherine Helmond). La grand-mère n’est pas là pour préparer des verveines ! Son credo ce serait plutôt les petits jeunes. Ses approches très entreprenantes de Tony sont un des grands moments de la série. Pas la peine de lire entre les lignes, elle n’a pas vraiment envie de jouer à la belote ! Comme quoi on peut être encore nymphomane au seuil de la maison de retraite.
Pour aller plus loin et si vous êtes comme moi fans de Madame est servie et d’Une Nounou d’enfer, je ne peux que vous conseiller deux articles fignolés par notre fine équipe qui vous diront tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Fran Drescher et Tony Danza. Bonne lecture !