Galavant était à la fois attendue et redoutée. De mémoire de sériephile on n’avait jamais vu ça : une mini-série musicale médiévale pour adultes, kitsch sur les bords mais très drôle et bien écrite, ça ne court pas les rues.
Cette série suit les (més)aventures du beau et valeureux Galavant (Joshua Sasse), héros au cœur brisé dont la bien-aimée Madalena (Mallory Jansen) a été kidnappée par le méchant roi Richard (Timothy Omundson). Accompagné de Sid (Luke Youngblood) son écuyer, et d’une princesse, une certaine Isabella (Karen David), il décide de se venger du maléfique souverain.
Les Monty Python avaient déjà donné dans le médiéval déjanté et crasseux en revisitant la légende des chevaliers de la Table Ronde et de la quête du Graal. Résultat : un film burlesque où des vaches servent de munitions, où les nonnes sont loin d’être aussi pieuses qu’elles devraient l’être et où les chevaliers se battent même quand ils n’ont plus ni bras ni jambes. Le film a même fait l’objet d’une adaptation en comédie musicale, Spamalot, dont la série Galavant aurait pu être l’héritière directe. Cependant il subsiste une grosse différence d’humour entre les deux car si le film des Monty Python était une perle d’humour absurde et d’insolence, la série Galavant est quant à elle moins impertinente et se “contente” de parodier les clichés de cette période historique et les grandes figures de contes qui lui sont rattachés, tels que le vaillant chevalier, la demoiselle en détresse ou le vilain roi. Galavant c’est l’image d’Épinal du Moyen Âge, dans le cadre de laquelle des personnages poussent la chansonnette sur des textes cocasses et des musiques joyeuses.
Si les décors sont typiques, les personnages un peu moins. Ceux-ci sont en effet davantage mis en valeur à travers leurs défauts qu’à travers leurs qualités. Pour commencer, Galavant est une véritable épave à deux doigts de la dépression qui a perdu toute la dignité caractéristique de son statut de héros. La responsable de cette déchéance ? Madalena, soi-disant paysanne qui vit d’amour et d’eau fraîche jusqu’à son enlèvement par Sa Majesté, et décide finalement de prendre le chemin de la gloire et de la fortune en acceptant de devenir reine. Pas de syndrome de Stockholm ici, juste de la cupidité. Et puis il y a le roi Richard, grand enfant capricieux que l’on nourrit à la cuillère et qui se console avec un gros câlin de son viril bras droit (Vinnie Jones).
On est aux antipodes d’une histoire de conte classique dans laquelle le Bien et le Mal s’affrontent et où les happy-end sont monnaie courante. Sans atteindre la complexité psychologique de certaines séries du câble, les personnages sont des clichés mais ne sont pas lisses pour autant. Pour faire simple, les “gentils” ont leur part d’ombre et les méchants ont de bons côtés. A l’instar de Once Upon A Time, aucun personnage n’est parfait. Les traits de caractère de chacun sont en plus accentués par leurs chansons aux paroles et aux rimes pour le moins originales… ainsi que par les chorégraphies qui les accompagnent. Et le point positif c’est que toutes ces démonstrations musicales font leur petit effet sans pour autant rendre la série ridicule.
C’est à Alan Menken, auteur de nombreuses musiques de films d’animation Disney, que l’on doit la bande-son de Galavant. Côté paroles, c’est Glenn Slater, nominé aux Tony Awards (les Oscars du théâtre) pour La Petite Sirène et Sister Act, qui est aux manettes. Les musiques sont entraînantes et les paroles des chansons bourrées d’anachronismes et de sarcasmes, en somme c’est un vrai régal ! Pour compléter le tout, le casting est sans fausses notes. Qu’il s’agisse de Joshua Sasse (Rogue), Mallory Jansen (Young and Hungry), Karen David (Castle), Timothy Omundson (Psych : Enquêteur malgré lui) , Vinnie Jones (The Cape) ou Luke Youngblood (Community), tous campent leurs personnages avec aisance, enchaînant sans peine numéros de comédie musicale et dialogues sérieux. Ils nous font entrer facilement dans l’univers fantaisiste de la série, univers qui ravira les sériephiles déjantés.
Série événement de ce début d’année, Galavant est une bonne surprise même si on l’aurait imaginée plus provocante. Unique en son genre, la série trouve le bon équilibre entre la narration, les dialogues des protagonistes et la partie musicale. C’est une comédie enjouée et loin d’être risible, dans laquelle les anachronismes fusent et où l’auto-dérision est comme une seconde nature.
John Stamos a ouvert la voie des guest stars dans le deuxième épisode, on attend avec impatience les performances de Ricky Gervais (The Office UK), Anthony Stewart Head (Buffy contre les vampires), Rutger Hauer (Blade Runner) et Hugh Bonneville (Downton Abbey) !