A la loupe : Olive Kitteridge

En novembre dernier, HBO, productrice de mini-séries à succès, diffusait Olive Kitteridge. Réalisée par Lisa Chodolenko et produite par Tom Hanks et Frances McDormand (également dans le rôle titre), cette série en 4 épisodes est l’adaptation du Pulitzer 2009 d’Elizabeth Strout. Présentée hors catégorie à la Mostra de Venise l’année dernière, Olive Kitteridge est portée par un casting 5 étoiles. Je m’y suis donc tout naturellement intéressée pour cet article.

L’oeuvre retrace trente ans de la vie d’Olive Kitteridge, professeur revêche – que tout élève non lèche-cul déteste – mère castratrice et épouse tout sauf aimante. Les séries américaines se sont changées en poule aux œufs d’or quand elles ont commencé à traiter de la dépression, mais rarement une série n’aura abordé le sujet si frontalement.

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Pas l’air commode la Dame.

La première partie, « Pharmacie », nous montre une Frances McDormand ridée, le teint et les cheveux gris, se dirigeant dans la forêt. Elle y installe un plaid sur lequel elle s’agenouille, allume son autoradio, et s’apprête à se tirer une balle dans tête. Déposée sur le linge, une enveloppe avec les mots « To Whom it May Concern ». Le spectateur observe le ciel une dernière fois avec elle, les bourgeons en fleurs des arbres, le nid d’oiseau où la vie prend forme, en contraste avec l’action sur le point de se réaliser. Puis un flash-back nous ramène 25 ans en arrière. Les 4 heures qui suivront nous racontent le quotidien d’une petite ville du Maine où il ne se passe pas grand chose – où l’on se fait clairement chier pour dire les choses franchement – et où presque tous les habitants semblent être rongés par un mal.

Un couple mal assorti mais qui dure

Olive Kitteridge raconte l’histoire d’un couple. D’un homme et d’une femme aux antipodes. Lui, gentil et généreux, recherche l’approbation et surtout l’amour de sa femme à la franchise blessante. Il voudrait qu’elle garde ses cartes de Saint Valentin quand elle préfère les jeter : « Je l’ai déjà lue » lui assène-t-elle. On assiste à 25 ans de la vie d’un couple incompatible, à leur quotidien. On comprend à demi-mot le ressentiment qu’ils éprouvent l’un envers et l’autre. Mais heureusement, il y a aussi de la tendresse et c’est ce qui fait que leur couple dure et traverse les décennies.

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Le premier qui cligne des yeux a perdu.

Des personnages secondaires forts

On s’ennuierait presque si les personnages n’étaient pas si intéressants. L’oeuvre, lente, est sublimée par sa panoplie de personnages secondaires bipolaires, dépressifs, ou même suicidaires. Kevin (Cory Michael Smith), un ancien élève d’Olive devenu grand, dont la mère s’est suicidée, est sujet aux hallucinations et rêve d’en finir avec la vie. La série aurait presque raison des esprits les plus joyeux si l’humour grinçant et l’intelligence du personnage principal n’éclairaient pas cette adaptation. Ces personnages interprétés avec brio nous livrent à tour de rôle toute une panoplie d’émotions. N’oublions pas Bill Murray qui apparaît brièvement dans le troisième épisode et pendant toute la dernière partie, parsemant de douceur ce monde terne et triste.

OLIVE-KITTERIDGE

La confrontation au temps qui passe

La réalisation parvient à rendre attachant un personnage pour le moins antipathique. Plus altruiste qu’il n’y paraît, Frances McDormand laisse poindre de rares mais précieux moments d’émotions, comme lorsqu’elle hurle dans un mouchoir, seule dans sa chambre à la mort d’un collègue et ami. La série livre de nombreux sentiments, douloureux souvent, qui font qu’on y croit. Olive Kitteridge raconte des moments banals de la vie sans jamais les rendre insignifiants. La mise en scène toute en retenue confronte le spectateur avec le temps qui passe. Trop vite.

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