Semaine d’un sériephile (65) : les mini-séries prennent le pouvoir

En ces temps maussades où les saisons s’achèvent et où l’on dit adieu aux séries annulées, j’ai eu besoin d’aller dénicher un peu de chair fraîche pour survivre. On peut toujours compter sur nos amis britanniques pour nous fournir en nouvelle came, c’est pourquoi je me suis intéressée à deux mini-séries venues de l’autre côté de la Manche, ainsi qu’à une nouvelle mini-série Lifetime. Je vous parlerai ici des trois pilotes respectifs.

The Lizzie Borden Chronicles

Cette série Lifetime en 8 épisodes est la suite d’un téléfilm – inspiré d’un sanglant fait divers américain – diffusé début 2014 sur la même chaîne, Lizzie Borden Took an Ax. Ce téléfilm relatait le meurtre, le procès et l’acquittement de Lizzie Borden, jugée pour le double homicide de son père et de sa belle mère. La série, qui a gardé le même casting, se déroule 4 mois plus tard, en 1892, dans le Massachusetts.

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Lizzie et sa sœur Emma

Diffusée début avril, The Lizzie Borden Chronicles permet le grand retour de Christina Ricci sur le petit écran dans un rôle principal. Lizzie et sa sœur Emma (Clea DuVall) sont à présent célèbres et des parias de la société. Elles ont quelques soucis pour récupérer leur héritage et manquent de se retrouver sans le sou. L’ancien associé de leur défunt père en veut pour son argent, de même que leur demi-frère qui réclame sa part du butin.

Emma apparaît comme une femme soumise aux exigences de la société, tandis que Lizzie souhaite se débarrasser des diktats et a choisi une vie sans mariage ni enfant. Elle n’a que faire de sa réputation et n’hésite pas à éliminer quiconque se met en travers de son chemin. La série ne se prend pas au sérieux et adopte un ton léger, Lizzie pouvant tuer qui bon lui semble sans que justice soit faite. The Lizzie Borden Chronicles souhaite montrer que l’époque sera celle de la libération des femmes, en dépeignant une héroïne très contemporaine à certains égards, assumant ses désirs. On retrouve cette modernité dans la bande originale de la série, composée de musiques rock et country. Néanmoins, tout en mettant en scène une femme forte et indépendante, la série échoue dans le message féministe qu’elle veut délivrer en caricaturant cette femme qui au nom de sa liberté tue tout ceux qui l’importunent sans aucun état d’âme.

Jonathan Strange & Mr Norrell

Diffusée le 18 mai sur BBC ONE, cette série en 7 épisodes est l’adaptation du best-seller éponyme de Susanna Clarke. L’histoire nous emmène au début du XIX siècle, dans une Angleterre où la magie existe mais reste très peu pratiquée. Jonathan Strange (Bertie Carvel), souhaitant prouver à la société secrète dont il fait partie – composée de gentlemen ayant étudié la magie mais ne la pratiquant pas – que des magiciens exercent encore cet art, part à la recherche d’un certain Mr Norrell (Eddie Marsan). Celui-ci, tapi dans l’ombre depuis des années, sortira de sa cachette pour offrir ses services à la marine anglaise, en pleine guerre contre Napoléon.

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Le classe de l’époque georgienne.

Le pilote commençait bien, prenant des airs de conte, en partie grâce à la voix off de début mettant en place le décor et l’intrigue. Mêlant fantastique et décors georgiens sur fond de guerres napoléoniennes, on pénètre assez vite dans cette ambiance étrange. Les costumes sont étudiés, les effets spéciaux réussis. Cependant, l’excitation retombe assez vite. Bien que prometteur dans sa première moitié, le pilote souffre d’un problème de rythme. La série essaie de rester la plus fidèle possible au livre d’origine de 1000 pages, et nous assaille d’informations et de détails laissant le spectateur non familier avec les écrits de Susanna Clarke un peu perdu. L’épisode ne réussit pas à tenir en haleine et a tendance à s’éparpiller.

L’interprétation des personnages est néanmoins réussie. Mr Norrel est un homme aigri, préférant la compagnie des livres à celle des hommes, et souhaite devenir le magicien officiel de la Couronne. Jonathan Strange, lui, est un homme oisif qui ne sait que faire de sa vie, mais qui va devoir prendre ses responsabilités à la mort de son père. La dualité à venir entre les deux personnages principaux promet d’être intéressante. La guerre est loin d’être gagnée, la femme du Secrétaire de la Défense est mourante. Pour asseoir sa réputation, et restaurer la magie en Angleterre, Mr Norrell n’hésitera pas à pactiser avec les forces du Mal. Comment cet homme, anciennement reclus, va t-il gérer sa nouvelle popularité, et acceptera-t-il qu’un autre magicien lui fasse de l’ombre ?

The Enfield Haunting

Diffusée le 4 mai sur Sky Living, The Enfield Haunting est également adaptée d’un fait divers. Créée par Kristoffer Nyholm (The Killing), la série en trois parties est basée sur les événements de l’automne 1977, au cours duquel un méchant poltergeist a sévi dans une maison du nord de Londres abritant une mère et ses trois enfants. Cette histoire est devenue l’un des dossiers paranormaux les plus célèbres et les plus documentés d’Angleterre.

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Billy (Elliot Kerley), Janet (Eleanor Worthington Cox), Mrs Hogson (Rosie Cavaliero) et Margaret (Fern Deacon) : le summum de la joie de vivre.

Alors qu’elle est victime d’une force malveillante, Mrs Hodgson (Rosie Cavalierio) fait appel à Maurice Grosse (Timothy Spall), un flic amateur de phénomènes paranormaux, membre de la Société de Recherches Psychiques. Guy Playfair (Matthew Macfadyen) lui vient en aide, sachant qu’il est un tantinet plus sceptique quant au côté paranormal et auteur du livre « This House Is Haunted », dont est tirée la série.

The Enfield Haunting Sky Living Episode 1 Timothy Spall as Maurice Grosse and Matthew Macfadyen as Guy Lyon Playfair Credit: Photograph by Nick Briggs

Classes les chemises…

Ici, pas de cabane dans les bois ou de manoir hanté, mais un logement social de la banlieue de Londres. L’époque est clairement définie à l’écran : un décor marron beige, carrément triste, un poster de Starsky et Hutch punaisé au mur de la chambre des deux fillettes. Le rythme est lent, l’atmosphère est oppressante, et les moments flippants efficaces. Les meubles volent à travers la pièce, un pauvre canari tombe raide mort de peur, les rideaux prennent vie pour étrangler leur proie. Qui est cet esprit ? Que veut-il ? Janet (Eleanor Worthington Cox), la fille cadette, semble être la seule personne visée par la créature. Aurait-elle tout orchestré ? La performance de celle-ci, de même que celle de Timothy Spall sont les plus remarquables. Ce dernier est émouvant, hanté par ses propres démons alors que sa petite fille est décédée un an plus tôt. Janet et lui forment le centre émotionnel de l’histoire. Il apparaît tout de suite comme une figure paternelle pour les trois enfants. La série, qui a réussi a capturer l’ambiance suffocante et étrange de la banlieue, plaira aux amateurs du genre.

2 réponses à “Semaine d’un sériephile (65) : les mini-séries prennent le pouvoir

  1. Merci pour cet article ! Je pensais regarder The Lizzie Borden Chronicles mais je ne sais pas si c’est nécessaire d’avoir vu le téléfilm ! Pour les deux autres, vraies découvertes, je vais m’empresser de les regarder :) Merci de la découverte :)

    • Merci à toi! Pour Lizzie Borden, je ne pense pas que tu aies besoin d’avoir vu le téléfilm. Ça peut être intéressant si tu le trouves, mais tu comprendras très bien sans. Bon visionnage alors!

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