Coup de projo sur Noob

Si les lettres MMORPG vous parlent, si les jeux de rôle en ligne n’ont plus de secret pour vous, alors il y a de fortes chances que vous connaissiez déjà la série Noob, écrite et réalisée par Fabien Fournier. Pour tous les autres, une cure de rattrapage s’impose pour découvrir enfin l’une des plus belles success story parmi les web-séries françaises.

Sept ans après sa création, Noob est non seulement une web-série mais aussi une bande-dessinée en 10 tomes, 4 romans et 3 longs métrages. Pas mal pour une petite série du web. Rendez-vous incontournable de toutes les conventions geek, la série souffre encore d’un manque de visibilité auprès d’un public plus large. La série ne pourrait-elle convaincre que les gamers et autre passionnés d’heroic fantasy ? Pas si sûr. Noob pourrait bien avoir plusieurs atouts dans son jeu.

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Noob, une série qui ne plaisante plus (ou juste un peu…)

Un univers à découvrir : Olydri ou le MMORPG pour les nuls

Avant toute chose, un peu de vocabulaire gamer. Qu’est-ce qu’un MMORPG ? Qu’est-ce qu’un noob ? Souvent caricaturé par les médias pour leur côté addictif (n’est-ce pas Mr Meuporg), les MMORPG – jeux de rôle massivement multijoueurs – sont un genre de jeu vidéo fondé sur de vastes univers où l’on mène des quêtes à plusieurs afin de monter en puissance. Allez jeter un oeil du côté de World of Warcraft ou Guild Wars pour les plus connus. Quant au terme noob, il désigne le plus souvent un débutant en informatique, ou par extension un boulet ou autre niais des forêts. Voilà pour le point maître Capello. Ça n’a l’air de rien, mais pour bien comprendre l’univers de Noob mieux vaut être curieux et accepter de s’immerger dans l’univers des joueurs de tous poils.

Les intrigues de Noob se déroulent dans le monde d’Olydri, univers virtuel du jeu Horizon. La réalité est mise de côté, rares sont les séquences mettant en scène autre chose que les joueurs en pleine action. Si l’on voit parfois quelqu’un irl (in real life), c’est assurément devant son PC. Bref, on n’est pas là pour faire du tourisme, bienvenue dans l’univers des « nolife ».

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Bienvenue au pays des geeks

A Olydri, les joueurs ne s’appellent plus Kévin, François ou Jean Luc mais plutôt Sparadrap, Natolhok ou Grolourdin. Loin de la vie quotidienne, chacun peut devenir mage, assassin ou paladin au gré de ses envies. Univers d’heroic fantasy comme bon nombre de MMORPG à succès, Olydri est un univers à explorer en groupe sous peine de décès brutal et soudain tous les deux pas. Olydri n’est pas vraiment le monde le plus adapté aux amateurs de balades bucoliques et autres méditations printanières. Entre les quêtes au niveau de difficulté pour le moins ardu et les déchirements entre ligues de joueurs se livrant une bataille sans merci pour la place de numéro 1, cet univers n’est pas fait pour les pacifistes.

D’entrée de jeu on comprend vite que la série s’adresse en premier lieu aux joueurs ayant passé 300 000 heures sur World of Warcraft. Références aux mécanismes de jeu, présence du même lexique, les afficionados retrouveront vite leurs marques. Pourtant, les newbies du jeu de rôle pourront aussi être séduits par l’univers atypique d’Olydri. Progressant petit à petit au rythme de la montée en niveaux, la série Noob nous invite à découvrir peu à peu un univers qui s’enrichit sans cesse. Au fil des épisodes et des saisons, nous acquérons en même temps que les personnages une vision de plus en plus complète de cet univers. Si la première saison ne nous montrait que quelques forêts et autres prairies, nous apprenons par la suite l’existence de cités, telles que Centralis ou Glacesang, ou encore l’existence de classes, guildes et pouvoirs insoupçonnés. Bref, plus la série avance plus nous apprivoisons un monde complexe. Si la série a pu être déclinée sous de nombreux supports, romans, BDs et même en une série spin off, Neogicia, c’est grâce à cette ambition faisant d’Olydri non seulement un cadre mais presque un personnage à part entière de la série.

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Oui cette série fait de l’effet

Des héros pas comme les autres, les pieds nickelés de la quête

Les personnages principaux de la série n’ont rien de preux chevaliers sans peur et sans reproche. Au contraire même, ils ont tout de la plus grosse équipée de losers qu’on n’ait jamais vue. Et pourtant, on ne peut s’empêcher de s’attacher à eux. Pourquoi ? Peut-être parce que justement ce ne sont pas des héros comme les autres. Petit panorama de la guilde noob la bien nommée ou le gang de la loose costumée.

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Arthéon, le grand frère qu’on aurait tous aimé avoir

Chef malgré lui de la guilde, Arthéon (Jonathan Fourcade) est un guerrier malchanceux. Après avoir atteint les plus hauts niveaux du jeu, Arthéon s’est retrouvé banni d’Horizon à la suite d’une malheureuse erreur de parcours. Contraint de recommencer à zéro, il doit en plus servir de mentor à toute la troupe de pieds nickelés de la guilde noob. Sage et pédagogue, il est amené à employer des trésors de patience pour supporter les imbécilités de ses collègues. Le ras-le-bol n’est pourtant jamais loin, d’autant qu’Arthéon pourrait bien avoir d’autres aspirations que celle de jouer les maîtres d’école. Respecté par tous, il est à n’en pas douter le personnage fédérateur auquel on ne peut que s’identifier.

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La magicienne manipulatrice, une classe de personnage à breveter

Premier personnage féminin de la guilde noob, Gaea (Anne-Laure Jamet) est une invocatrice possédant mille tours dans son sac. Rusée et manipulatrice, elle a le don rare de toujours trouver le moyen approprié pour arriver à ses fins. Que ce soit pour monter en niveaux, pour éviter de dépenser des crédits ou pour récupérer le meilleur item, tous les stratagèmes sont bons y compris les plus malhonnêtes. Roublarde et radine comme pas deux, elle est pourtant incontournable. Le personnage de Gaea a cette force d’incarner l’individualisme le plus décomplexé en ne s’embarassant d’aucune alliance ni d’aucune amitié. Capable de trahir ses plus proches compagnons ou de vendre sa mère pour le moindre avantage, elle fait irrésistiblement penser aux garces de soap opera, manipulatrices et traitresses mais pourtant fascinantes. Comme ces harpies de romans à l’eau de rose, Gaea est une héroine que l’on adore détester. Qui a dit qu’il fallait être positif pour être attachant ?

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Ambiance Amour, Gloire et Beauté pour Omega Zell. Un héros au romantisme à fleur de peau… Ou pas.

Meilleur ennemi de Gaea mais pourtant lui aussi membre de la guilde, Omega Zell (Julien Guellerin) est un assassin et sans doute le personnage le plus lourd de la série. C’est paradoxal pour une classe sensée être furtive et discrète mais cet assassin-là a sans cesse la bouche ouverte avec un avis sur tout. Machiste, vantard et ne rêvant que de gloire, Omega est la caricature du joueur masculin bas du front uniquement préoccupé par ses performances. Bref, c’est un beauf. Au fil de la série, il parvient peu à peu à évoluer pour incarner son idéal de masculinité, mais il restera malgré tout un indépassable idiot, seulement capable de surmonter sa bêtise lorsque la situation est désespérée. Un brin pathétique, il incarne pourtant l’un des ressorts comiques de la série, soit par sa capacité à se mettre dans la mouise, soit par ses interactions fleuries avec Sparadrap ou avec Gaea. Le super pouvoir du couillon : détendre l’atmosphère à coup sûr.

Enfin, la star du show, le personnage le plus culte de Noob, le prêtre le plus maladroit d’Olydri, j’ai nommé Sparadrap (Frédéric Zolfanelli). Ami des petites bêtes (les smourbiffs), joyeux compagnon et fieffé nigaud, Sparadrap est un éternel enfant ne poursuivant qu’un but : s’amuser avec ses amis. Toujours positif, Sparadrap est le seul personnage cherchant vraiment à réunir tout le monde sous la bannière de l’amitié. Trop naïf et le plus souvent incompris, il est en perpétuel décalage avec le monde qui l’entoure. Si tous le prennent pour un benêt, son envie de s’amuser le pousse malgré tout à dépasser les obstacles. Anti-héros peut être, mais héros tout de même. Drôle par sa désinvolture et touchant par son innocence, Sparadrap est un peu le Pierre Richard du jeu de rôle. Auguste de cirque en pleine heroic fantasy, il a le don de transformer tous les personnages qui l’entourent en clowns blancs involontaires. Incontournable, transformant toutes les scènes en joyeux n’importe quoi, Sparadrap est l’un des personnages les plus marquants de la série. Heureux les simples d’esprit et tant mieux pour nous, Noob sans Sparadrap perdrait assurément beaucoup de son charme.

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Sparadrap, héros incompris

Je n’ai parlé ici que des avatars virtuels de nos héros. Rien de plus normal, Kévin Lepape ou Morgan Lavande apparaissent plus comme des extensions irl que de vrais personnages. La vraie personnalité de ces nolifes est à chercher dans le virtuel, le monde réel n’apparaissant que comme un univers gris où nos héros ne vivent que frustrations et médiocrité.

Doit-on être un geek pour regarder Noob ?

A priori, Noob n’est pas vraiment une série pour tous les publics. Reposant sur des références et des codes liés aux univers du jeu de rôle, de la fantasy ou de la culture manga, la série s’adresse en priorité à une cible déjà initiée aux mondes de l’imaginaire geek. Pourtant, si l’on est un tant soit peu curieux, Noob peut très bien constituer une initiation au MMORPG loin des clichés de la dépendance et de la dépression. S’amusant au contraire de l’imaginaire collectif qui entoure les nolifes, Noob est une bonne manière de s’affranchir des préjugés avec légèreté. La série n’est sans doute pas exempt de tous reproches, mais elle a cette qualité de ne jamais trop se prendre au sérieux qui la rend éminemment sympathique.

La bande de joyeux drilles en plein travail

Si l’on devait conseiller à un non-geek de découvrir Noob, ce pourrait être pour son ton et pour son humour. Drôle par ses répliques bien senties et par ses situations peu banales, la série nous fait rire aussi par ses défauts. Le sur-jeu des comédiens, totalement assumé, peut surprendre. Pourtant il colle assez bien à l’esprit de la série. On a l’impression de voir une bande d’amis s’amuser devant nous avec tant d’énergie et d’envie que l’on ne peut que ressentir nous aussi l’envie de faire partie de la bande. Si pointe d’amateurisme il y a, il faut bien reconnaître que ces quelques défauts de jeunesse ont tendance à se gommer au fil des saisons. Peu importe le budget, avec ou sans effets spéciaux, l’important est ailleurs, le coeur de la série est bien son inventivité. Comme qui dirait, en web-série, même quand on a pas de pétrole on a des idées.

Vous l’aurez compris, Noob est une curiosité à découvrir. Ambitieuse et en même temps presque familiale, la success story des web-séries a beau être une création faite par et pour des geeks, elle possède assez de générosité pour dépasser son public de passionnés déjà acquis. A vous maintenant de vous faire une idée.

3 réponses à “Coup de projo sur Noob

    • Je ne crois pas avoir essayé de définir la notion de geek dans cet article mais plutôt de désigner par là le premier public de Noob, celui des conventions telles que le Comic con ou la Japan expo.
      Pour ce qui est du publireportage, l’article est un coup de projo donc un coup de coeur totalement subjectif dans lequel nous partageons les raisons qui nous ont fait aimer une série. Le but d’un tel article n’est pas vraiment critique mais plutôt de donner l’envie de découvrir des séries dont nous ne parlons pas dans d’autres rubriques. Nous ne sommes évidemment pas rémunérés pour cela, seule l’envie prime.

  1. Bof le  » public  » type est tellement dissemblable je ne crois pas qu ‘il faille prendre pour metre étalon celui des  » conventions  » , surtout francophone . Le public cible de Noob est jeune , n ‘ ayant aucune mémoire culturel et assez abrutie par les youtubeurs  » à la mode  » . Il prend pour argent comptent ce qui lui raconte cette série , public facile car n ‘ ayant aucune notion des classiques de la pop culture que j ‘ ai le plus souvent sois à la télévision , sois sur grand écran , quand la notion avait une certaine valeur artistique . Ne serais ce que les sans ames … très inspiré du Marvel verse ( les comics pas le MCU ) .
    Quand à la notion de publi – reportage , je faisais notion de la faculté de leur faire de la publicité , hors de leur domaine DNS propre

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