A la loupe : Fear The Walking Dead [SPOILERS]

Aficionada de séries horrifiques, notre invitée Annabelle A. prend la parole sur Séries Chéries pour la première fois. Elle s’en prend avec véhémence au spin off d’une série qui cartonne depuis des années.

Attenant à la très populaire série The Walking Dead, Fear The Walking Dead est un préquel diffusé cet été 2015 aux Etats-Unis sur la chaîne AMC. Uniquement composé de six épisodes pour sa première saison, comme sa grande sœur, le programme nous promet de retracer les origines de l’épidémie de zombification qui sévit en Amérique du Nord, alors que The Walking Dead démarrait au milieu des morts vivants déjà nombreux et installés. Nous voici donc partis à la rencontre d’un nouveau « groupe », une famille recomposée à laquelle d’autres personnages vont se greffer au fur et à mesure des épisodes. Jusque là, rien de nouveau sous le soleil.
L’originalité de ce spin-off tient à son scénario : là où The Walking Dead décrit la survie en milieu quelque peu inhospitalier, Fear The Walking Dead nous promet d’en savoir plus sur le pourquoi du comment des gens qui décident de manger d’autres gens. Pour les fans de la série initiale, l’annonce de ce préquel était tout de suite enthousiasmant. Mais ça, c’était avant de visionner les épisodes.

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Réaction d’un spectateur visionnant la saison 1 de Fear The Walking Dead.

Parmi mes amis amateurs des deux séries (l’originale et le spin-off), le constat est le même : regarder chaque nouvel épisode de Fear The Walking Dead apporte un sentiment oscillant entre espoir et déception. Une rapide recherche sur internet peut interpeller cependant : les commentaires sur ce programme sont extrêmement positifs, les notes très bonnes et les audiences excellentes. Au lieu de me demander si j’ai un problème neurologique, j’ai décidé de vous expliquer, n’en déplaisent à certains commentateurs, pourquoi Fear The Walking Dead est ennuyeuse et pas meilleure que l’originale.

Fear The People Who Are Bored

Le pilote est dans une série une sorte de thermomètre général. C’est grâce à lui que vous saurez si oui ou non ce programme mérite d’être suivi par vos beaux yeux. Le premier épisode de Fear The Walking Dead commence en ce sens plutôt bien. Le spectateur accompagne un nouveau personnage, un junkie totalement paumé (un peu comme nous finalement) qui tombe rapidement sur un zombie et s’enfuit à toutes jambes. Lorsqu’il tente de raconter ce qu’il a vu, personne ne le croit et de toute façon, il n’y croit pas tellement lui-même. L’épisode tourne donc autour de « ce que le junkie de la famille pense avoir vu ou non », jusqu’au moment où des choses étranges se passent en ville : des gens se font tirer dessus sans mourir tout de suite. A la toute fin de l’épisode, notre junkie tue son dealer accidentellement et celui-ci revient en mode zombie. A l’aide de sa mère et son beau-père, il réussit à le tuer en lui roulant dessus plusieurs fois avec une voiture.
Le problème majeur de ce pilote, c’est que les quelques lignes précédentes résument parfaitement le peu d’action qu’il y a en une heure de programme. Oui, il faut le temps que l’action se mette en place. Oui, il faut apprendre à connaître les personnages. Non, il ne faut pas que le spectateur s’ennuie, surtout dans une série dite horrifique affichant un joli « interdit aux moins de 16 ans » en bas à droite. Parce que l’ennui est quand même ce qui décrit le plus la série. Il n’y a aucune tension, aucun enjeu. Les épisodes suivants se composent de la même façon que le premier et avancent aussi vite que des zombies sur un tapis roulant de supermarché. Il ne se passe définitivement rien dans cette première saison et il faut désespérément tenir jusqu’au dernier épisode pour que l’action (ENFIN !) pointe le bout de son nez cadavérique. Fear The Walking Dead fait partie de ces séries auxquelles on donne une nouvelle chance à chaque épisode, pensant qu’enfin, à un moment, il se passera quelque chose de formidable. Peine perdue, chaque générique de fin n’a fait qu’accompagner notre visage blasé.

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– Ils ont commandé une saison 2 chérie. – Non, c’est pas vrai, ils ne peuvent pas faire ça !

Une série de zombies… mais sans les zombies

Même si l’on ne demande pas une armée des morts, le mieux serait d’intégrer dans une série horrifique tournant autour des zombies, quelques zombies. Si on peut blaguer là-dessus, il est cependant clair dès le début que le scénario se focalisait surtout sur l’évolution des relations entre les membres d’une famille recomposée. Le programme se veut donc plus psychologique que bourrin, ce que notent et crient ses partisans. Soit, ce n’est pas un mal de construire une histoire dans ce sens mais il serait malvenu de le faire contre The Walking Dead qui serait alors vue comme une succession de scènes de bagarre, de sang et de sabre. Car oui, The Walking Dead intègre un fort pourcentage de moments très intimes, très calmes et très profonds, tout au long de son histoire. Passages que les fans de la série ont d’ailleurs critiqué, le rythme étant selon eux trop lent (notamment au niveau de la saison 2 qui ne bouge pas de la ferme et tourne autour de seulement quelques trames scénaristiques un peu fades). La série originale a déjà eu l’intelligence de ne pas sombrer dans le gore et l’horreur à chaque seconde, mais elle a mis à rude épreuve son personnage principal, Rick, du premier épisode de la première saison jusqu’aux nouveaux épisodes de la saison 6. Il suffit d’observer les différents lieux par lesquels les survivants sont passés pour comprendre que l’histoire passe au crible toutes les différentes façons de réagir à cette fin du monde cannibale, comme une sortie de « manuel des comportements face à une invasion zombie ».
Le problème avec Fear The Walking Dead, c’est que la psychologie est tellement poussée à bout que le spectateur finit par s’ennuyer devant ce remake horrifique de Modern Family. Il n’y a qu’à décomposer les personnages principaux pour se rendre compte qu’ils sont insipides et vides, et les stéréotypes s’accumulent au fur et à mesure qu’on découvre de nouveaux protagonistes. Travis est le Rick Grimes de la série : c’est lui l’HOMME, le vrai, celui qui sait tout, qui a de bons conseils, qui a un cœur pur et honnête. Madison est sa nouvelle femme qui doit gérer les enfants, notamment un fils insupportable et drogué qui ne pense qu’à prendre des médicaments et une adolescente sans aucune personnalité propre. Evidemment, une famille recomposée ne serait rien sans une petite guerre entre l’ex-femme et la nouvelle épouse. Le fils de Travis en veut, bien entendu, à son père tandis que la mère, en plein milieu de la saison, décide soudainement d’abandonner son fils pour aller aider une femme médecin, rencontrée cinq minutes plus tôt, dans un hôpital. Si la série a enfin compris qu’il fallait des rebondissements, on n’a pas non plus demandé que les personnages agissent n’importe comment.
L’empathie a ainsi du mal à s’installer au sein de ce foyer. J’ai pour preuve l’épisode 3, dans lequel la famille retrouve une voisine zombifiée : à ce moment, tout est fait pour qu’on se mette à la place de ces personnages, en imaginant perdre nos proches, accepter le fait qu’ils ne sont plus humains. Madison pense au mari de la pauvre femme qui est à l’étranger et ne sait pas ce qui est arrivé à son épouse. Cet instant « émotion intense » ne dure cependant pas longtemps car tous finissent par abandonner la voisine à son triste sort sans se retourner. Elle est belle, l’amitié entre voisins ! La mayonnaise ne prend donc pas à cause des réactions bâclées et d’une mise en scène affadie. Le spectateur est amorphe devant son écran, là où il devrait s’interroger sur sa propre réaction face cette potentielle épidémie. Parce que finalement, Fear the Walking Dead, et The Walking Dead plus encore, nous confrontent à nos propres peurs et nous forcent à nous demander comment nous réagirions si nous étions projetés dans ce monde post-apocalyptique.

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Moment intense mêlant suspense, tension, frissons… Mince… c’est dans The Walking Dead

« Mieux vaut mille refus qu’une promesse non tenue »

Fear The Walking Dead répondait à une attente des fans de la série, c’est-à-dire savoir quelle était l’origine de l’infection qui avait contaminé une partie de la population mondiale. Et bien, malheureusement, en une saison (de certes seulement 6 épisodes), nous n’avons rien appris, ou presque. En fait, nous avons collecté les mêmes informations que dans The Walking Dead : les morts reviennent à la vie, sauf si on leur fait sauter la cervelle. Si on est mordu, on est infecté et on meurt à son tour (pour revenir logiquement en mode zombie). Concernant l’origine même de cette « pandémie », les saisons suivantes s’y attèleront peut-être mais il aurait été bien habile de nous laisser quelques données dans ce premier aperçu.
La série semble finalement reprendre les mêmes codes que The Walking Dead, c’est-à-dire l’accompagnement d’un groupe de survivants en territoire zombie, entre fuite et recherche de lieux sûrs, tandis que des personnages se greffent et que d’autres meurent au fil du chemin. Malheureusement, c’est Fear The Walking Dead qui aura fait de nous de véritables morts vivants, assis sur notre chaise et regardant l’écran sans aucune émotion. La psychologie, en plus d’être ratée par l’absence d’empathie qu’elle génère, est poussée tellement loin qu’on perd totalement la tension et l’horreur de l’atmosphère au profit de petits problèmes absurdes (qui n’a jamais voulu que Nick s’étouffe avec ses cachets ?). Certes, le dernier épisode apporte une petite lueur d’espoir avec un enchaînement d’action, de suspense et une formidable avancée dans le scénario, mais la reprise de The Walking Dead confirme que le spin-off a terriblement échoué, bien que l’idée de départ ait été prometteuse.

Par Annabelle A.

3 réponses à “A la loupe : Fear The Walking Dead [SPOILERS]

  1. C’est sûr que cette première saison laisse clairement à désirer et c’est bien dommage parce qu’on nous avait vendu ça comme la série-révélation, celle qui allait enfin nous apprendre comment tout ça avait commencé et à cause de quoi cette infection avait débarqué sur notre si jolie planète bleue. Et puis non. On saura jamais, résultat on se retrouve avec une potentielle copie de TWD, sans l’intelligence ni la subtilité. Too bad.

    Cela dit, je suis un être faible et sans aucune volonté, dès qu’il y a le mot « zombie », je fonce et je binge-watche, sans aucun remords. Mais bon… J’aime bien Nick (le côté « j’suis un gros junkie, oké, mais au moins j’ai pigé ce qu’il se passe, bande de futurs kebabs » a été bien trop sous-exploité, à mon avis) et Daniel Salazar-Serpentard qui a toujours un rasoir sous la main pour découper du G.I.. J’espère par contre que Travis va rencontrer une mort lente et douloureuse pour être aussi stupidement stupide et aussi insolemment chanceux.

    Strand m’a l’air plein de promesses en revanche, et sa façon de remonter ses boutons de chemise est particulièrement savoureuse. J’attends de voir, quoi.

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