Semaine d’un sériephile (76) : Star Wars s’anime

Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine… Ce refrain vous dit quelque chose ? Rien de plus normal et vous n’êtes pas prêt d’arrêter de l’entendre. Vous l’aurez compris, cette semaine sur Séries Chéries comme sur Spideo Club nous n’avons pu résister au virus de la guerre des étoiles. A quelques jours de la sortie tant attendue de l’épisode VII, nous vous proposons une première piqure de rappel avec un petit plongeon dans les incursions sur petit écran de l’univers de George Lucas. Si les séries bien réelles avec acteurs en chair et en sabre lasers se font encore attendre, le monde des wookies et toydariens a connu quelques séries animées qui pourraient bien mériter le coup d’œil.

jedis

Clone Wars, le chainon manquant

Avant les années 2000 et la nouvelle trilogie, l’univers de Star Wars avait déjà connu les honneurs d’une déclinaison TV avec deux séries animées, Droids puis Ewoks au milieu des années 80. Plutôt agréables tant dans leurs animations que dans leurs dessins, on ne peut pourtant pas dire qu’elles aient marqué leur époque. Simplistes et pas vraiment bien ficelées, ces séries pour enfants n’ont jamais véritablement affiché l’ambition d’enrichir avec cohérence l’univers des films de Lucas. Malgré leurs qualités, ces dessins animés ne restent aujourd’hui que de simples produits dérivés. Bref, tout le contraire des ambitions affichées derrière la première série Clone Wars.

ewoks en vadrouille

Apparue sur les écrans en 2003, soit à peine un an après l’épisode II, cette série est dès son origine conçue comme le trait d’union, le chainon manquant, entre les épisodes II et III de la nouvelle trilogie. Elle est la première véritable mise en images de la guerre des clones, époque mythique de l’épopée Star Wars dont l’on n’avait vu jusqu’à présent que les premières et dernières batailles dans les films de 2002 et 2005. Si cette série n’est plus aujourd’hui considérée comme canonique, elle a pourtant été créée en ce sens. L’ambition étant de combler le vide scénaristique laissé par les films, en nous immergeant comme jamais dans les champs de bataille opposant Séparatistes et soldats de la République.

Macewindu

Clone Wars reprend exactement là où nous avait laissé l’épisode II. La menace Séparatiste est apparue, la guerre est déclarée et la bataille pour le contrôle de la galaxie n’a plus qu’à se déchaîner. Courte série d’à peine plus de deux heures réparties sur 3 saisons, Clone Wars nous invite à suivre les généraux Jedi au cœur de leurs missions de libération ou de protection des systèmes stellaires. L’enjeu n’est plus tant focalisé sur les destinées individuelles des personnages telles que l’on peut les vivre dans les films mais plutôt sur le déroulement de gigantesques batailles. La série se présente ainsi comme un récit de guerre au même titre que des films tels que Le jour le plus long ou Black Hawk Down. L’action ne semble jamais s’arrêter, la série nous immerge dans un tourbillon de tirs, de lasers et d’explosions, nous montrant toute l’ampleur d’un monstrueux conflit emportant les héros comme les simples soldats.

D’un point de vue esthétique, le graphisme du dessin animé rappelle beaucoup les productions Cartoon Network de la même époque. Devant les Anakin et Obi-Wan made in Clone Wars, difficile de ne pas penser à Samouraï Jack voire même aux Supers Nanas. Dessin dynamique, personnages aux traits marqués, le tout combiné avec une animation très énergique, contribuent à donner son caractère résolument tourné vers l’action à cette série. Ça bouge, ça court, ça vole, bref ça vit.

clone wars

Si la série est d’abord une série jeunesse, elle peut aussi être regardée par un public plus large. La mort peut s’inviter dans le récit, la série n’évitant pas les sujets assez durs. Malgré le format du dessin animé, on reste sur un récit de guerre qui peut aussi bien intéresser les enfants d’une dizaine d’années que les fans beaucoup plus âgés désirant découvrir de quelle manière les Jedi ont pu jouer leur rôle de chefs de guerre dans cet événement central de la mythologie Star Wars.

clones

Si cette série n’est plus considérée aujourd’hui comme faisant partie de l’histoire officielle de la saga, elle reste une série de qualité gagnant en intensité ce qu’elle peut perdre en profondeur par rapport au nouveau traitement du conflit dans The Clone Wars. Mention spéciale pour les personnages de méchants, souvent bien mieux traités ici que dans la série de 2008. Le Général Grievous ou Asajj Ventress gagnent une personnalité et une force que le dessin animé suivant aura bien du mal à reproduire. Un Grievous enfin charismatique, le miracle est possible ! Voilà déjà une bonne raison de regarder Clone Wars ?

Grievous

The Clone Wars, variation sur un thème

Après le succès de la série animée de 2003 et la fin de la trilogie préquelle en 2005, la guerre des clones aurait pu rester au stade où nous l’avions laissée. Le conflit était traité, nul besoin de revenir sur cette période. C’était sans compter sur l’envie de Lucasfilm de ne pas laisser sa précieuse licence dépérir. Si l’on avait pu craindre la simple exploitation du bon filon, The Clone Wars, apparue pour la première fois sur Cartoon Network en 2008, s’avérait au final être tout sauf un simple coup marketing.

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De la même manière que la série de 2003, The Clone Wars traite de l’affrontement entre les Jedi accompagnés de leurs armées de clones et les Séparatistes avec leurs légions de droïdes. Rien de nouveau sous le soleil donc si ce n’est que le format beaucoup plus long des épisodes offre un tout nouvel angle dans le traitement du conflit. En prenant le temps d’installer ses situations, la série parvient à offrir une évolution beaucoup plus sensible aux différents personnages. Qu’ils soient grands maîtres Jedi ou bien simples soldats clones, chaque personnage peut devenir le héros de son propre récit et évoluer au fil des épreuves. Là où Clone Wars se focalisait sur les actions, The Clone Wars met beaucoup plus l’accent sur le ressenti et les émotions.

Loin d’être des machines sans visages comme ils avaient pu l’être dans les films ou dans la première série animée, les clones gagnent ici une véritable individualité. On apprend ainsi que chaque clone possède ses forces et ses faiblesses, qu’il peut faire preuve d’héroïsme ou d’aveuglement mais aussi qu’il peut douter. En apportant une humanité à ces guerriers, c’est toute la vision de la guerre des clones qui s’en trouve modifiée. De nouveaux thèmes non explorés par Clone Wars apparaissent : le sacrifice, le sentiment de fraternité des clones ou même la révolte face à un rôle de chair à canon sont autant de nouveaux sujets abordés par The Clone Wars. La série propose un discours sur la guerre beaucoup moins belliqueux que sa devancière, sans doute moins spectaculaire mais peut être aussi un peu plus profond.

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Les Jedi ne sont pas non plus oubliés de la refonte en profondeur de la guerre des clones. Ils restent encore et toujours les personnages principaux de cette nouvelle version mais connaissent eux aussi une vraie différence de traitement. Grande nouveauté, Anakin Skywalker est désormais un maître Jedi formant une jeune apprentie, Ahsoka Tano. Loin d’être un détail, ce changement donne une toute autre dimension au personnage d’Anakin. Prenant le risque d’être en contradiction avec le dernier film de la deuxième trilogie, on voit ici un Anakin faisant preuve de maturité, capable même de jouer un véritable rôle de mentor. On s’éloigne du héros torturé de l’Episode III, éternel adolescent sombrant sous le poids des frustrations. La série n’entre pas pour autant en totale contradiction avec l’univers des films, mais vient plutôt ajouter un degré de complexité bienvenue. La chute du futur Dark Vador n’est plus montrée avec autant d’évidence que dans les films mais davantage comme un processus long résultant de nombreux évènements et de nombreuses tensions. La relation entre Anakin, Ahsoka et Obi-Wan permet aussi de développer un discours un peu plus étoffé sur la relation à l’autorité et à la transmission que peuvent avoir les personnages principaux. On a véritablement l’impression d’être devant des personnages de séries adultes et non pas devant de simples « héros » pour enfants allant d’aventure en aventure comme des jouets mécaniques dépourvus de conscience. On voit grandir les personnages devant nous, évoluer et surtout se complexifier. Jolie performance pour une série jeunesse qui montre que les enfants peuvent avoir droit eux aussi à une certaine maturité dans les récits qui leur sont présentés. De là à dire que la série parvient à être quelque fois même plus mature que les films il n’y a qu’un pas.

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Visuellement, The Clone Wars s’avère plutôt agréable à regarder. Marquant le passage à l’animation 3D, la série de 2008 reprend la plupart des codes graphiques de sa devancière tout en affichant une stylisation un peu plus neutre, un peu moins Cartoon Network. On note tout de même une plus grande souplesse dans l’animation des personnages. Là où la série de 2003 n’était que nervosité, celle de 2008 apporte plus d’équilibre voire même plus de naturel dans ses mouvements. On retrouve également une attention toute particulière porté au son, un véritable régal pour les amateurs de Star Wars qui auront l’impression à chaque bataille spatiale ou combat de sabres lasers de replonger dans leurs meilleurs souvenirs de salles de ciné.

Ahsoka

The Clone Wars fait partie des rares créations annexes aux films à avoir été adoubées comme faisant partie de la chronologie officielle de la saga. Il faut donc considérer aujourd’hui que cette œuvre est nécessaire pour suivre l’histoire complète d’Anakin et compagnie. Toute série d’animation qu’elle soit, The Clone Wars est à considérer comme une série à part entière, s’adressant à tous les fans de l’univers et non simplement aux plus petits. Utilisant tous les procédés narratifs modernes pour faire fonctionner son récit, s’écartant de toute simplification pour montrer une véritable ambition de série TV, The Clone Wars s’affirme comme un jalon indispensable à la saga. Elle permet en tout cas d’illustrer pourquoi la passion de Star Wars reste toujours aussi vivace chez les fans ; avec la richesse de cet univers, toutes les créations sont vraiment possibles.

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Star Wars Rebels, entre renouveau et respect du passé

Rebels, dernière série d’animation en date, diffusée pour la première fois en 2014, marque la première création de la licence sous l’ère Disney. Reconnue comme œuvre canonique à la saga, elle est donc à considérer comme une nouvelle étape de l’histoire officielle de Star Wars. Elle constitue un véritable renouveau par le choix de ses héros et de son cadre. Située chronologiquement entre les Episodes III et IV, elle vient documenter une période jusque-là peu connue de la saga de Lucas. Plus encore, elle constitue un petit bouleversement en étant la première œuvre officielle à ne pas suivre l’un des membres de la famille Skywalker ou l’un des héros des films.

rebels

Rebels est avant tout une série de bande. Comme dans la trilogie des années 70-80, les héros sont pluriels. Là où la trilogie des années 2000 constituait avant tout le périple d’Anakin, l’ancienne trilogie nous donnait tout autant envie de suivre Luke, Han, Chewie ou Leia. Rebels reprend cette formule en nous plongeant dans les aventures d’une petite bande de rebelles hauts en couleurs. L’équipée sauvage comprend : Ezra Badger, jeune voleur devenu apprenti Jedi, Kanan Jarrus, l’un des derniers Jedi survivant de l’ordre, Hera Syndulla, émérite pilote Twi’lek, Sabine Wren mercenaire Mandalorienne reconvertie en justicière ou encore Zeb Orellios, dernier représentant de son espèce annihilée par l’Empire, et Chopper, droïde astromécano plus futé qu’un bataillon de Stormtroopers. Si Ezra est le personnage moteur d’une bonne partie des intrigues, identification oblige avec le public des enfants, les autres héros de la bande ont aussi droit à leur heure de gloire. Certains épisodes sont ainsi vus depuis le point de vue de Sabine, Hera ou bien Kanan, mettant en jeu leurs problématiques, leurs passés et leurs conflits propres. Laissant de côté le héros unique, parfait et indestructible, la série développe une équipe, soudée et unie, qui évolue ensemble et s’épaule à travers les épreuves. Dans un univers glorifiant les personnages d’élus aux capacités surhumaines, c’est une mini révolution.

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Après avoir exploré la forme du récit de guerre sous toutes ses formes, l’univers de Star Wars change ici de contexte pour s’essayer à un autre type de récit : le film d’aventures. Si la guerre n’est jamais bien loin avec les forces de l’empire omniprésentes, la plupart des épisodes de Rebels prennent davantage la forme de quêtes et d’explorations que d’affrontements martiaux entre groupes armés. L’univers est à redécouvrir dans le contexte d’un empire en pleine puissance tandis que la lutte contre l’oppresseur Sith passe avant tout par la récupération de ressources ou par le sabotage. Le parallèle avec l’épisode IV, Un Nouvel Espoir est facile à tracer. On retrouve le même modèle de la quête, le même souffle épique, le même déséquilibre des forces avec aventuriers contre empire, et même quelques petites répliques bien senties que n’aurait pas renié un Han Solo en vadrouille. Pour les nostalgiques, on est en terrain connu et pour les autres la découverte pourrait bien être l’une des meilleures façons de découvrir l’univers sans avoir à se coltiner toute la mythologie Skywalker/Vador.

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Si Star Wars Rebels est la deuxième série reconnue comme officielle, le label n’a pas qu’une portée honorifique. Rebels est une série dérivée de l’univers des films mais dépasse ce simple cadre du produit dérivé pour proposer une complémentarité avec les œuvres existantes. Origines de certains vaisseaux, de certains personnages, retour de vieilles connaissances, Rebels entre en dialogue avec toutes les créations officielles l’ayant précédé pour renforcer la cohérence de l’univers. Elle offre un nouvel éclairage à des événements jusqu’à présents restés dans l’ombre et se présente ainsi comme une véritable œuvre transmedia. Cette narration étendue se matérialise particulièrement dans les liens entre Rebels et The Clone Wars. Le retour du commandant Rex, personnage central de The Clone Wars dans un contexte désormais totalement différent et surtout le comeback d’Ahsoka Tano dans un nouveau rapport à son ancien mentor Anakin/Vador, offrent une vraie intertextualité entre les deux séries. Pour le spectateur assidu de Star Wars, la série devient un réservoir insoupçonné de surprises où l’on ne cherche plus les incohérences mais plutôt les références à découvrir. Un vrai plaisir de fan que l’on aurait bien du mal à bouder.

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Artistiquement, Rebels reprend en grande partie les codes définis par The Clone Wars. Même graphismes 3D, même richesse sonores tant dans les musiques que dans les bruitages, les habitudes ne seront pas bouleversées. A peine pourra-t-on remarquer un peu plus de finesse dans les animations. Mais là où Rebels tire son originalité c’est peut-être dans son esthétique à la croisée des trilogies d’Anakin et de Luke. On retrouve ainsi à la fois le côté clinique de l’univers de la guerre des clones et le côté beaucoup plus abîmé des anciens films de Lucas. En correspondance avec l’époque décrite, l’esthétique semble montrer un univers en plein déclin, où le cadre de l’action n’est plus représenté par les lieux de pouvoirs comme pouvait l’être The Clone Wars mais plutôt par les ruelles sombres et les entrepôts sales des spatioports. En respectant la cohérence de l’univers, Rebels vient apporter sa pierre à l’édifice en trouvant sa propre personnalité, sa propre signature à la fois séduisante pour les plus jeunes et pour les assidus du space opera, avides de retrouver les cassures et les rusticités des films qu’ils ont aimés.

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Respectueuses des films et ambitieuses, ces trois séries animées montrent que l’univers Star Wars n’est définitivement pas qu’histoire de cinéma. Si les films nous racontaient avec plus ou moins de talents les grandes histoires de la galaxie, on voit à travers le monde de l’animation qu’il reste encore beaucoup à raconter. On patientera peut-être un peu pour les séries avec acteurs, mais si le dessin animé continue de nous offrir des récits aussi ambitieux, l’attente peut bien se poursuivre indéfiniment.

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