Etude de pilote : Fresh Meat

Oui, bon, vous allez me dire que j’ai un train de retard. Etudier le pilote d’une série de 2011 cinq ans après, j’en conviens, ça fait pas sérieux. Mais, pour ma défense, je n’avais JAMAIS entendu parler de Fresh Meat jusqu’à ce que je tombe dessus en me baladant sur le catalogue de Netflix. Faisons comme si de rien n’était et observons le premier épisode de cette petite série britannique.

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Synopsis

Misfits sans super-pouvoirs, à la croisée de Skins et de Friends, Fresh Meat met en scène la vie de six jeunes étudiants découvrant la vie universitaire, les premiers émois amoureux et sexuels, et surtout la colocation. Les six jeunes gens habitent une grande maison un peu destroy qui n’a rien à voir avec le joli appartement cosy de Monica Geller, et ressemble davantage – série anglaise oblige ? – au squat de Cucumber et Banana. D’emblée, la jolie Josie et le sympathique Kingsley se font les yeux doux, après avoir échangé sur le concept de glory hole (leurs chambres, mitoyennes et séparées par une fine plaque de placo, communiquent par le biais d’un petit trou à côté du lit ; rassurez-vous – ou pas ! – la série reste finalement assez prude, j’en reparlerai plus bas).

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Hélas, tels Ross et Rachel, leur attirance est d’emblée contrariée : alors que, dès le premier soir, la bande est de sortie dans un pub, un malentendu oblige les deux andouilles à rentrer séparément, Kingsley en compagnie d’une poupée blonde – qui se révélera être une militante chrétienne voulant le convertir -, et la pauvre Josie dans les bras de JP. JP étant l’autre personnage phare du pilote de Fresh Meat, une sorte de Barney Stinson du pauvre, puceau macho insupportable qui n’hésite pas à acheter les gens pour obtenir ce qu’il veut. Je passe sur les intrigues des autres personnages au cours du pilote, elles ne sont pas à la hauteur de ce simili-triangle amoureux (avouons-le, plus sexuel qu’amoureux). Et, de manière générale, il faut bien avouer que les enjeux de la série ne sont pas hyper intéressants.

L’humour british

Dès la scène introductive, le ton est donné : Vod, la meuf un peu punk de la bande, débarque dans la maison et tombe sur Howard, cul-nu, faisant sécher des canards laqués avec un sèche-cheveux. On est d’emblée dans cet humour typiquement anglais, décalé à souhait, avec des personnages de losers loufoques complètement paumés. Howard, pour revenir à lui, est présenté comme le plus bizarre, le plus crade, le plus antipathique des six. Il est cependant le primo-arrivant, et donc celui qui fait faire le tour de la maison aux autres, celui qui prend en charge l’organisation de la coloc (du moins jusqu’à l’arrivée de JP), bref, une sorte d’anti Monica Geller.

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Humour potache embarrassant, blagues de cul lourdingues, situations franchement gênantes, Fresh Meat n’est pas vraiment innovante dans le registre de la comédie. Au final, on rigole peu, on lève beaucoup les yeux au ciel, et la bizarrerie semble soit forcée soit trop cliché. Difficile de passer après des séries explosives comme Misfits. A côté de ce sale gosse de Nathan, les gentils colocs un peu mous de Fresh Meat passent pour des enfants très sages.

Jeunesse et sexualité

Fresh Meat joue la carte d’un réalisme certes bizarre mais qui voudrait coller à la vraie vie des jeunes étudiants anglais. Drogues, sexualité qui met la pression et s’avère pas terrible, problèmes d’argent : la série ne cherche pas à nous faire rêver, et c’est tout à son honneur. Les personnages déclament beaucoup de conneries, qu’ils ponctuent quasi systématiquement d’une grimace qui semble vouloir dire « mais pourquoi j’ai dit ça ?! » ; Fresh Meat nous présente une génération qui veut se donner une image qui ne lui correspond pas, des jeunes qui veulent se donner un genre mais qui n’y croient pas eux-mêmes. Le problème, c’est que le spectateur finit par avoir du mal à y croire aussi.

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En comparaison d’autres séries plus récentes, telles que les jouissives Cucumber et Banana, Fresh Meat souffre surtout de sa pruderie. On nous promet une grande liberté de ton avec un langage cash, mais les personnages semblent surtout être de grands enfants, pas vraiment rassurés dès qu’il s’agit de passer aux choses sérieuses. Après tout, pourquoi pas, c’est une représentation intéressante de la jeunesse d’aujourd’hui. Mais on peine à y voir autre chose qu’un manque de courage de la part des scénaristes, là ou d’autres séries, sans gratuité, montrent plus frontalement la sexualité de cette génération. Un parti pris plus original – dans Cucumber et Banana par exemple, les générations se rencontrent, puisque des mecs de 20 ans se retrouvent en colocation avec un quinquagénaire fraîchement célibataire – aurait sans doute contribué à rendre cette gentille série plus attractive.

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