« Il y a des nouvelles séries géniales qui sortent tous les mois et tu trouves quand même le temps de regarder le come back de Sarah Jessica Parker sur HBO ? », m’a-t-on récemment demandé. Oui, je suis en train de visionner la première saison de Divorce (huit épisodes au compteur à l’heure où j’écris ces lignes) histoire de voir dans quelle direction évolue la carrière de l’actrice principale de Sex and the city. Au final, j’y ai retrouvé SJP (et non, elle n’a pas vieilli) mais j’y ai surtout rencontré Thomas Haden Church (THC).
Si tout le monde connait Sarah Jessica Parker -essentiellement pour les douze années passées aux manettes de Carrie Bradshaw et pour sa soi-disant tête de cheval– c’est beaucoup moins vrai de Thomas Haden Church, qui émerge seulement depuis 2004 (Sideways) des rôles de seconds couteaux auxquels il était abonné. Dans la comédie dramatique Divorce, SJP et et THC incarnent Frances et Robert Dufresnes, un couple de la classe moyenne supérieure embourbé dans une procédure de séparation impliquant partage de biens et d’enfants. Si Frances est le premier moteur de la narration – elle demande le divorce dès le premier épisode – c’est Robert, qui va très vite mener la danse. Face à son épouse, qui constitue l’élément tempéré, responsable et raisonnable du duo, Robert est l’électron libre. Habité par un fort esprit de revanche -Frances l’a trompé 32 fois avec un supposé Français- il manœuvre sa barque avec plusieurs coups d’avance sur sa femme, qui malgré son répondant, est condamnée à subir les curieuses bassesses, les sursauts d’héroïsme et les excès d’un Robert bougrement imprévisible. La série qui pourrait verser dans une chronique fataliste et déprimante de la fin de vie d’un couple avec l’apport de Frances, prend une dimension guerrière et passionnelle grâce à Robert, qui porte tout le comique sur ses épaules baraquées. Cela tient beaucoup à la performance de l’acteur jouant au maximum de sa gueule impassible et contrariée et de son physique pas banal. Sorte de rencontre moustachue et mal fringuée de Martin Freeman et d’Arnold Schwarzenegger, la dégaine de Robert est en décalage avec la silhouette fluette et élégante de Frances, un personnage qu’on n’a aucune raison de blâmer, mais qui est trop lisse pour être véritablement attachant.
Le souci avec Sarah-Jessica Parker (tout du moins dans sa version télévisuelle) c’est qu’elle a tendance à s’entourer de personnages au caractère particulièrement savoureux, et de partenaires de jeu qui la mettent au tapis. Dans Sex and the city, elle a le rôle titre, mais ne nous leurrons pas, ce sont ses trois copines, représentant peut-être l’exagération de différents traits de sa personnalité, qui donnent à la série son mordant exceptionnel. Avec Divorce, j’ai donc bel et bien retrouvé SJP là où je l’avais quittée : en héroïne faire-valoir. C’est bien Thomas Haden Church, coup de cœur humoristico-sériephile de cette année 2016, qui illumine une série qui serait sans lui bien fadasse.
Sans rancune SJP, on sait que tu es capable de fantaisie, à l’époque où Tim Burton l’était encore aussi.