Tout a été dit sur le processus démocratique, bénédiction, malédiction, injonctions, sanctions. Des mois et des mois d’une campagne électorale spéciale, émaillée d’événements particuliers, semblent avoir généré une certaine lassitude chez certains... Enfin bref, que vous votiez – ou non – dimanche, on peut peut-être s’accorder sur le fait que nos séries télévisées préférées regorgent de personnages qu’il serait plus enthousiasmant de retrouver dans l’isoloir.
Leslie Knope, Parks and Recreation
Profil : Ultra motivée et bosseuse, la fonction publique, c’est sa passion, sa vocation, son ambition – ça, et les gaufres. Même si elle rêve d’obtenir davantage de responsabilités, et même si sa carrière progresse dans ce sens tout au long de la série, elle se dévouait déjà corps et âme à son modeste poste au département des loisirs de la ville de Pawnee, au fin fond de l’Indiana, dès le tout premier épisode (quitte à agacer son supérieur Ron, beaucoup moins investi qu’elle). Figure du care, prête à tous les efforts pour améliorer la vie de ceux qui l’entourent, elle est aussi douée d’un compas moral inébranlable, et la moindre menace de corruption, la moindre ombre d’une compromission l’horripilent et la bouleversent.
Son programme : Rompue à l’exercice des conseils municipaux surréalistes au cours desquels ses concitoyens montrent qu’ils sont plus ou moins bien intentionnés ou bien renseignés, ayant elle-même pâti de la dimension irrationnelle et lunatique du pouvoir de l’opinion, elle ne risque pas de faire dans la démagogie. Plaire à tout le monde est impossible, et pour faire advenir un monde meilleur et embellir le quotidien de tout le monde, elle n’hésitera pas à prendre des mesures qui ne sont pas immédiatement populaires mais révéleront leur bien-fondé sur le long terme (écologie ? sortie du capitalisme ?). Il suffit que ses électeurs lui fassent confiance – et pourquoi ne pas faire confiance à quelqu’un d’aussi irréprochable et bienveillant ?
Jon Snow, Game of Thrones
Profil : Élevé dans un château frigorifié et dans le mensonge, rien ne destinait Jon à devenir une bonne personne, encore moins un bon leader. C’est en effet en tant que bâtard de la famille Stark qu’il a grandi à Winterfell, et si son sort était peut-être plus enviable que celui d’autres bâtards de Westeros (après tout, il avait le droit de manger à la même table et de prendre des cours de tir à l’arc avec ses demi-frères et sœurs…), son statut social n’en était pas moins une source de souffrances – liées au mutisme de son père supposé, qui toujours a tenu le secret de ses origines, mais aussi à la carrière qui lui était destinée voire imposée, dans des contrées encore plus gelées, au sein de la chaste Garde de Nuit. Il hérite cependant du fort sens du devoir de sa famille d’adoption, et s’accommode fort vite et bien des températures polaires, de l’abstinence forcée et… des zombies immortels et glacés qu’il lui faut désormais affronter pour sauver le sort du royaume. Au final, il est presque malgré lui amené à diriger ses pairs, qui le choisissent spontanément quand ils traversent une des situations difficiles dont le Nord regorge.
Son programme : Avec son sens des priorités et de la gestion de crise, nul doute que Jon Snow président se consacrerait en premier lieu à l’urgence absolue qui menace sa planète : le changement climatique les Marcheurs Blancs. Il débloquerait enfin le budget nécessaire à l’entreprise difficile qui est de leur mettre leur race, budget pour le moment accaparé par les luttes futiles et sanglantes des familles rivales. C’est le candidat du vrai rassemblement, qui n’en fait pas un prétexte fallacieux ni un outil d’exclusion : il tâche d’accueillir et intégrer réellement les réfugiés d’au-delà du Mur, et, avec son légendaire sens de la justice Stark, ne rechignera pas à choisir Tyrion comme Premier Ministre – même si c’est un Lannister, c’est avant tout l’un des hommes les plus capables pour restaurer un royaume mis à feu et à sang par des années de guerre.
Dean Pelton, Community
Profil : A la tête du Greendale Community College, on ne peut pas dire que Craig Pelton fasse du bon boulot : son université est perpétuellement au bord de la faillite, les diplômes délivrés ne brillent pas particulièrement dans le monde du travail, et il a depuis bien longtemps perdu toute autorité sur les étudiants comme sur les professeurs, qui en profitent pour enseigner les matières les plus fantasques en toute liberté. Il n’en reste pas moins un chef d’établissement dévoué et engagé, proche de ses étudiants (surtout de Jeff) et plein d’aspirations pour eux. Il est prêt à tous les sacrifices pour maintenir ce qui reste la chose la plus importante de sa vie à flot, et extrêmement créatif quand il s’agit d’en animer le quotidien avec moult fêtes, événements et costumes bariolés. Et puis, il est particulièrement doué pour attirer la sympathie des gens qui l’entourent – ou la pitié, on ne sait plus trop.
Son programme : Son incompétence, à grande échelle, garantit une certaine dose de chaos… Mais aussi une bonne dose de fun. Et malgré le désordre qu’il ne peut s’empêcher de créer, sa très grande ouverture d’esprit (qui serait-il pour juger ou être prude, lui qui a un fétichisme des dalmatiens ?) lui ferait certainement provoquer de nombreuses avancées dans le domaine des droits civiques, des libertés fondamentales et de l’égalité. Il est incapable de sciemment nuire à son prochain, un autre garde-fou finalement assez salutaire s’il est en position de pouvoir. Enfin, il est très émotif et influençable – sa gestion dépendra donc du reste de son gouvernement, qu’il faudra soigneusement choisir…
Raymond Holt, Brooklyn Nine Nine
Profil : Capitaine du district 99 de New York, Ray Holt a patiemment gravi les échelons en affrontant tous les obstacles sur son chemin – à savoir, l’homophobie et le racisme ambiants du milieu de la police dans lequel il évolue. Aujourd’hui à la tête de son propre commissariat, Holt a su obtenir le respect et l’affection de tous ses agents avec ses talents d’enquêteur et sa probité. Extrêmement rigoureux, il lui arrive d’être un peu trop obstiné, ou trop strict au goût de ses collègues plus décontractés. Placide et rationnel, il garde son calme en toutes circonstances, et est aussi très cultivé.
Son programme : Holt approche son rôle de chef de manière méthodique et raisonnable, et peut-être aussi un peu procédurière – si il travaille toujours en tandem avec Amy Santiago, alors l’administration et l’industrie de la papeterie auront de beaux jours devant elles. A l’écoute de ses concitoyens sans jamais pour autant être submergé par l’affect, honnête voire incapable de langue de bois, il saura en venir à l’essentiel, et est par ailleurs incorruptible. De fait, avec son sang-froid et son esprit éclairé, toute institution ou tout pays qui lui est confié serait entre de bonnes mains, mais son côté psychorigide empêcherait toute sorte de réforme drastique. Au final, une présidence Holt serait un peu ennuyeuse (aucun scandale !) voire austère – mais pas économiquement, non, juste parce qu’on serait gouverné par quelqu’un qui n’aime pas la musique si ce n’est Bach, qui ne voit pas d’intérêt dans la nourriture, ni dans les bougies d’anniversaires, ni dans les couleurs vives.
Buffy Summers, Buffy contre les vampires
Profil : Choisie pour être la Tueuse de vampires et autres monstres en tous genres de sa génération alors qu’elle n’était qu’adolescente, Buffy est habituée aux responsabilités. Elle n’était même pas majeure qu’elle avait déjà dû sauver la vie d’un nombre incalculable d’individus, et le monde une paire de fois. Elle a choisi de bien s’entourer pour porter ce lourd poids sur ses épaules, et travaille sans relâche pour s’améliorer – tant en arts martiaux qu’en connaissances démoniaques. Le tout en jonglant avec ses études, au lycée puis à la fac, une vie professionnelle quand il lui faut prendre la charge financière de sa petite sœur, et une vie sentimentale loin d’être de tout repos. Maline, dure à cuire et incroyablement courageuse, il y a peu de défis que Buffy ne saurait relever… Alors, la politique ?
Son programme : En tant qu’icône féministe, Buffy adopterait sans doute de nombreuses mesures pour promouvoir une égalité réelle entre hommes et femmes. Si on considère qu’elle s’attaquerait aux maux de la société avec la même énergie que celle qu’elle déploie lors de ses rondes dans le cimetière de Sunnydale, alors elle lutterait activement contre la culture du viol ou encore les violences conjugales via l’éducation, l’amélioration du dispositif légal et peut-être un ou deux high kicks bien placés. Par ailleurs, pour décharger un peu sa charge de travail et réduire le taux de mortalité dû à des causes surnaturelles, et parce que même elle ne peut pas être partout, pourquoi ne pas offrir une formation gratuite en arts martiaux à toute la population ?
Et vous, pour quel personnage de série préféreriez-vous voter dimanche ?