La voilà notre série gore de l’été ! The Strain, dont le pilote a été diffusé sur la chaîne FX le 13 juillet 2014, s’annonce comme la série surnaturelle à haute-tension de l’été. Après The Leftovers, Extant ou encore Penny Dreadful, ce ne sont pas les séries surnaturelles qui manquent… Des vampires, qui plus est, rien de bien nouveau. Après True Blood qui, moribonde, s’achève enfin, on frôle déjà le gavage vampirique. Mais n’en déplaise à certains, The Strain rassemble tous les ingrédients pour un très bon divertissement estival. Chose qui, avouons-le, nous manquait cruellement depuis Lost. Analyse du dernier bébé de Guillermo del Toro qui, pour le bonheur des plus accros, se décline en roman, en BD et donc, en série.
Peur sur la ville
Un avion inconnu atterrit brusquement sur le tarmac de l’aéroport JFK (NYC), plongeant le personnel au sol dans la perplexité. Absent des radars, fenêtres fermées et lumières éteintes : toute vie semble avoir disparu à bord de l’avion. Le Dr. Ephraïm Goodweather (Corey Stoll qui a retrouvé ses cheveux depuis House of Cards), spécialiste des pandémies, est envoyé sur place avec son équipe pour enquêter sur l’affaire. Il découvre les corps sans vie de quelques 200 passagers et 4 survivants, ainsi qu’un cercueil mystérieux dans la soute. On apprend bien vite que les passagers du vol ont été contaminés par un virus inconnu qui transforme tous ceux qu’il touche en vampires assoiffés de sang, et que New York va devoir faire avec un passager clandestin bien inquiétant (indice : il n’est pas barbu et ne porte pas non plus de poncho, mais il aime beaucoup le sang). The Strain, désigne vraisemblablement ces micro-organismes – pas si microscopiques que ça d’ailleurs- s’infiltrant dans le corps de leurs pauvres victimes avec une voracité sans nom.
N’ayant pas lu les livres (mais contemplant leur couverture angoissante en écrivant ces lignes), je ne peux que saluer, novice que je suis, cette variante du mythe du vampire qui fait se croiser habilement surnaturel classique et psychose biologique du monde moderne. Surnaturel classique car on reprend des éléments purement traditionnels de la mythologie de nos amis suceurs de sang : Dracula ou Nosferatu n’avaient-ils pas, en leur temps, traversé les mers dans un cercueil mystérieux afin d’atteindre l’Angleterre ? Le clin d’oeil est conservé et devient pendant une bonne partie de l’épisode un des éléments principaux de la tension palpable qui anime The Strain.
Mais M. Vampire ne s’est pas invité tout seul dans Manhattan, et c’est accompagné de charmantes bestioles qu’il compte faire son grand retour et conquérir la ville. Ici, l’arme bactériologique massive fait son apparition (mon âme de scientifique du dimanche est un peu perplexe, virus ou bactérie ?) mais point besoin de morsure, ce sont les petites bêtes qui se chargent d’activer votre immortalité. D’ailleurs, ne cherchez pas les crocs : finis les débats sur la canine ou l’incisive car il n’y a pas de dents pointues. Quand CSI (Les Experts) rencontre Dracula sur fond de société secrète organisée pour conquérir le monde, cela nous fiche une grosse panique liée aux non-dits et aux mystères.
Un blockbuster qui sait mêler les genres
Pour moi, cet aspect de la série est parfaitement réussi. Le mariage entre deux tendances lourdes du genre télévisuel, les vampires, et les enquêtes criminelles, n’est pas anodin. Quand il a écrit ses bouquins M. del Toro s’est offert les services de Chuck Hogan, spécialiste du crime, et a calibré dès le départ sa série de romans pour une adaptation sur petit et grand écran. Du coup, ça ne transpire pas forcément tout l’univers de Guillermo non plus, mais comme vous le constaterez, en plus d’être un type génial, le réalisateur mexicain cultive un très bon sens des affaires. FX a flairé le bon coup et a promis une adaptation fidèle qui n’étirera pas l’histoire sur 36 saisons (3 ou 5 tout au plus, nous dit-on).
Au-delà des genres croisés, c’est toute une ambiance qui est parfaitement maîtrisée. La première scène qui reprend fidèlement l’introduction du livre, m’a donné quelques sueurs froides (même si je suis très bon public en général). De même, chaque scène où M. Vampire frappe est sensiblement stressante car on ne le voit jamais complètement, ou alors de manière aussi brève qu’intense. Les scènes avec les petits asticots sont quant à elles carrément nauséeuses, couronnées par un moment d’anthologie dans une morgue façon série B avec des zombies. Et c’est exactement ce à quoi la série rend hommage. Sans être grossière, The Strain assume certains clichés du film de genre et se laisse regarder pop-corn et Coca à la main.
Destins solitaires au cœur d’une ville monde
C’est pourtant certains stéréotypes de trop qui affaiblissent la série. Si l’intrigue – nourrie par une opposition classique entre le Juif rescapé des camps (interprété brillamment par David Bradley) et le Nazi impuni – s’inscrit pour moi dans un schéma intéressant mais familier, quelques personnages m’agacent déjà. A commencer par Ephraïm Goodweather que nous appellerons Eph comme tout le monde, car il a un nom à coucher dehors avec un billet de logement. Vous vous en doutez, un épidémiologiste envoyé au quart de tour sur une scène de pandémie, c’est un génie. Et comme tout génie, sa vie personnelle est une catastrophe. On se coltine donc une scène de thérapie pendant son divorce pour nous expliquer en long et en large que Eph a quelques problèmes de contrôle. Aussi inutile et ennuyeuse que soit la scène, elle ne surpasse pas ma déception de voir qu’une fois de plus, sa collègue de travail et alter ego, Dr Martinez (Mia Maestro pour les fans d’Alias), est également sa maîtresse. Si cela ne vous rappelle rien, moi ça m’a replongée avec courroux dans l’intrigue misogyne d’Helix.
Alors espérons que dans 3-4 épisodes une des deux gonzesses meure, histoire de briser cette dynamique vue et revue. En attendant, on se concentre sur les autres personnages. Car je ne sais pas vous, mais il y a quand même Sean Astin au casting, et malgré sa bonne tête de Hobbit, il nous fait des trucs inattendus dès les premiers épisodes. A noter également que M. Nazi n’est autre que Richard Sammel qui joue dans Un Village français. Si ça ne vous fait pas regarder The Strain, je ne peux plus rien pour vous.
Bilan
The Strain n’est pas la série la plus originale du monde, certes. Passée la surprise de voir des vampires convertis à la menace microbiologique, de nombreux codes du procedural et de l’horreur sont repris et mêlés avec talent pour nous proposer un divertissement grand public de qualité. La série contient un bon nombre de clichés, oui. Certains sont justifiés et appréciables – la scène de panique dans l’avion ou celle de la morgue – d’autres non. La faiblesse de la psychologie des personnages est un frein pour moi. Soyons clairs cependant : on est très loin des gros sabots d’Under the Dome et consorts. Le second épisode confirme parfaitement la capacité de la série à tenir son spectateur en haleine.
Bonus : si comme moi vous avez apprécié l’exquise scène de présentation du personnage de David Bradley dans son magasin de prêts sur gage, rappelant à la fois les allées les plus sombres du Chemin de Traverse et l’appartement de votre vieille tante, vous apprécierez certainement la visite guidée de la maison de Guillermo del Toro qui est ce qui se fait de mieux en termes de cabinets de curiosités.
Mes félicitations à l’auteure de ce résumé, très agréable à lire. Et merci notamment pour les précisions en ce qui concerne les personnages féminins. Helix a été une déception à ce niveau pour moi aussi, malgré son gros potentiel. Bref, je retourne à ma quête du girl power. C’est que je vais finir par regarder PLL.
Merci beaucoup ! Oui ma déception concernant le traitement des personnages féminins est assez récurrente dans les séries récentes et très attendues (je pourrais faire un tome sur True Detective) mais j’ai été agréablement surprise par Extant par exemple, la série de et avec Halle Berry. Tout n’est pas perdu et noooooon pas PLL !
Rahh cette affiche promo affreuse avec l’œil me hante en permanence. ! Série de vampires certes, mais pas sûr que le scénario m’attire. En tout cas merci de me faire gagner du temps avec ton étude de pilote :)
Passé quelques éléments visuels un peu ratés (la moumoute cheap de Corey Stoll, le Maître qui est d’un ridicule saisissant), la série reste prenante. Cela dit, la lecture des deux premiers tomes du roman m’avait tétanisé de terreur (moins le troisième). La série reste en deçà et présente quelques faiblesses dans l »étude des personnages.