Semaine d’un sériephile (18) : les nouveautés de mi-saison

Après les déceptions de la rentrée et les festivités de fin d’année qui m’ont permis de savourer tranquillement quelques séries britanniques, place au lancement des séries de mi-saison aux États-Unis. Personnellement, j’en attendais quelques unes de pied ferme, et force est de constater qu’il y a eu quelques belles surprises, même si les séries que j’attends le plus restent à venir : The Red Road et The Strain notamment, ainsi que Looking qui a débuté hier soir. Cette semaine j’évoquerai principalement deux séries, un drame, Helix et une comédie, The Spoils of Babylon.

Helix, un air de déjà-vu

Helix est une série que les fans de la première heure de Battlestar Galactica attendaient impatiemment. Du reste, elle a fait une arrivée assez discrète sur les écrans américains, SyFy ayant très certainement d’autres choses à faire que d’investir dans un budget marketing (et que de commander des scénarios de qualité, mais c’est une autre histoire…). Nous suivons donc le Dr. Alan Farragut, un biochimiste de renom appelé à la rescousse par le directeur d’une base pharmaceutique privée au cœur de l’Arctique, où un virus mortel se répand. Il emmène dans ses bagages deux autres professeurs, son ex-femme biochimiste également, et un militaire. L’ambiance certainement, mais aussi l’approche scientifique un peu crapuleuse, et l’aura mystérieuse qui s’en dégage, me font penser à Lost. L’histoire de départ est prometteuse. Pas le côté complot militaro-industriel en immersion scientifique, mais plutôt les opportunités de huis-clos virant au cauchemar offertes par l’isolement des protagonistes. Alors Helix est-elle une réussite ?

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« C’est trop calme, j’aime pas trop beaucoup ça »

Bon public et particulièrement encline à apprécier les histoires de virus et de zombies, je trouve que la nouvelle série de Ron D. Moore ne s’en sort pas trop mal sur ce plan. Je ne suis pas captivée tout au long des 43 minutes, mais la réalisation se dépatouille habilement d’un scénario assez cliché, entre moments d’angoisse, pics brefs d’action, et dialogues faisant avancer l’histoire. La trame générale manque singulièrement d’originalité et reste pour l’instant ultra prévisible, mais l’atmosphère qui s’installe discrètement avec des musiques de club de vacances complètement décalées par rapport aux images montrées me plaît, et gagnerait à être plus présente.

Le casting est par ailleurs décevant. Il se pourrait que je sois réfractaire à ces séries alignant des mannequins aux sourires ultrabright et à la forme olympique, alors qu’ils sont censés incarner des personnages ayant passé leur vie sur un tabouret à analyser des cellules. Soit. Mais ce sont les personnages qui me laissent le plus dans le doute. Battlestar Galactica avait d’emblée dévoilé son jeu dans le pilote avec des personnages qui avaient une épaisseur considérable et dont le parcours paraissait tout à fait crédible. Le bât blesse singulièrement pour Helix. Soit je fais une fixation mal placée, soit il faudra m’expliquer pourquoi Walker, l’ex-femme qui décide de son plein gré d’inclure Farragut dans l’enquête dont elle a été désignée chef, se contente d’un rôle de super assistante aux côtés de la jeune énamourée du professeur. J’ai trouvé le comportement de Farragut envers les deux femmes paternaliste au possible, et les tensions amoureuses qui animent ce petit groupe ont clairement failli me faire renoncer à poursuivre l’aventure. Mais il en faut plus pour venir à bout de mon attrait pour les zombies amateurs de viande fraîche.

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Ceux qui vous ennuieront d’avance avec leurs histoires plan-plan

Au final, Helix est une série un peu décevante, justement parce qu’elle n’est pas non plus mauvaise mais que, pour l’instant, l’histoire est largement inexploitée. Elle est bien trop prévisible et pas assez écrite, même si les efforts de réalisation et le potentiel cauchemardesque de l’histoire rattrapent l’ensemble. Il est toutefois dommage de se dire que la subtilité de Battlestar Galactica restera une exception dans le paysage SyFy.

The Spoils of Babylon, la parodie poussée à l’outrance

The Spoils of Babylon est une mini-série IFC qui fait un peu figure d’ovni parmi les projets de comédies de ces deux dernières années. Présenté comme une version raccourcie du film de 22 heures de l’auteur Eric Jonrosh, tournée en 1979, le résultat est une saga familiale bien supérieure à tout ce qui se fait de nos jours (à en croire ce même Eric Jonrosh). Ce dernier nous présente donc son oeuvre au début de chaque épisode, attablé en présence de bonne chère et de bon vin.

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Eric Jonrosh, le célèbre auteur de The Spoils of Babylon

Seulement voilà, Eric Jonrosh, auteur/écrivain/acteur/anecdotiste/bon vivant/journaliste n’est autre que Will Ferrell déguisé pour les besoins de la série en barbu bedonnant et satisfait de lui-même. Cliché vivant du cinéaste un peu raté, mais dont l’espoir de gloire n’est pas complètement éteint, il nous introduit tel le maître Hitchcock dans l’histoire de la puissante famille des Morehouse : le père, Jonas, un prospecteur de pétrole parti de rien et devenu riche sur un coup de chance ; la fille Cynthia, gamine hautaine et dotée d’un étonnant sens du dramatique ; et enfin, Devon, le fils adoptif, prodigue et tourmenté. Entre amours incestueuses, empire pétrolier et drames familiaux, les Morehouse devront lutter pour conserver la puissance de leur famille (ça nous rappellerait presque une certaine famille Lannister).

Dotée d’un casting de choc : Tim Robbins, Kristen Wiig, Tobey Maguire1, Jessica Alba ou encore Val Kilmer, The Spoils of Babylon est tout d’abord une parodie directe des soaps des années 1970-1980 : véritables sagas qui s’étirent sur plusieurs générations de destins maudits, d’amours impossibles et de rivalités meurtrières sur fond de glamour opulent. Dallas, Côte Ouest, Dynastie, Les Oiseaux se cachent pour mourir, tout y est, avec un mauvais goût impitoyable. Mais au vu des trois épisodes qui ont déjà été diffusés, il est clair que la mini-série d’IFC ne se prive d’aucune référence, et arrive à raconter en 22 minutes, ce que les soap operas se forcent à faire sur 30 ans avec leurs cliffhangers* insoutenables qui me faisaient zapper de manière incontrôlable lorsque j’étais petite (frappée que j’étais par l’embarras de situations tendancieuses interminables).

Les stars, un atout majeur pour The Spoils of Babylon (Tim Robbins et Kristen Wiig)

Les stars, un atout majeur pour The Spoils of Babylon (Tim Robbins et Kristen Wiig)

Mais The Spoils of Babylon va plus loin, elle est, en vitesse accélérée, un hommage et une parodie de tous les clichés de l’Amérique au cinéma : récit de guerre patriotique, histoire d’amour sudiste, en passant par la Beat Generation, les films d’exploitation, ou encore le film noir. On a également droit au best of des pires clichés d’une réalisation clinquante : des faux fonds de grands paysages épiques, aux maquettes miniatures de décors urbains, en passant par une image vieillie et sépia à outrance. C’est un pur délice pour qui ne recherche pas le fou rire immédiat et aime l’humour absurde à outrance.

Au final, cela ressemble un peu aux séries qu’on imagine quand on est bourré avec nos amis, sauf qu’eux (j’entends par là, les petits rigolos du Saturday Night Live) sont allés jusqu’au bout de leur délire. The Spoils of Babylon est un foutage de gueule total qui m’a fait rire. Certains effets de redondance pourraient certainement être dispensables vu le format 22 minutes, et ce n’est certainement pas la première série du genre parodique total, mais l’on obtient un produit fini vraiment léché qui va beaucoup plus loin que le sketch. Je serai donc au rendez-vous pour la suite.

1. Mention spéciale aux yeux hallucinés de Tobey Maguire dans le désert (souvenez-vous dans Las Vegas parano). The Spoils of Babylon a su enfin capter le potentiel comique et fou de cet homme qui n’aurait jamais du jouer dans aucun drame.

Quelques séries pour la fin

Il me serait bien difficile de vous quitter sans évoquer le véritable coup de cœur de cette mi-saison et dont Sophie a analysé le pilote avec brio. Je ne rajouterai donc pas grand chose, si ce n’est que j’exige des duos aussi charismatiques que Woody Harrelson/Matthew McConaughey dans toutes les séries policières. Ceci était un message du comité des fans girls d’acteurs à l’accent traînant du Sud des États-Unis.

Dans un registre tout aussi fort en testostérone, les deux premiers épisodes d’Enlisted, la comédie Fox sur trois frères enrôlés comme soldats dans une base en Floride, m’a fait beaucoup rire. Un trio réellement complémentaire, et des situations comiques, ainsi qu’une réalisation impeccable me feront certainement continuer. L’humour bidasse, je suis fan.

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