Bon, je vous avoue que je ne fais pas le fier aujourd’hui. Après avoir proposé cette idée de battle en réunion de rédaction sur un coup de tête, je me demande comment réussir à départager Rome de Game of Thrones. Certes, la capitale de Westeros ressemble pas mal à celle de l’empire romain en terme de complots au mètre carré ou d’espérance de vie, et les deux séries sont aussi gratuitement sexys et violentes. Certes, Atia est une sorte de proto-Cersei et Sansa une resucée d’Octavia, César et Ned connaissent un destin à peu près similaire. Les comparaisons sont légions, mais l’une est purement historique et l’autre purement fantastique. Puisqu’il faut jouer le jeu, je vous propose un combat sans pitié entre deux monuments signés HBO.
Round 1 : La plus difficile à spoiler
Commençons par le plus simple. Game of Thrones fait de nos vies un enfer et de notre fréquentation des réseaux sociaux un véritable supplice. À tout moment, le spoil peut surgir d’un tweet ou d’une recommandation d’article. Au bureau le lundi matin, les mines sont graves, on s’épie en coin et on prie pour que la fin de journée arrive et nous libère de ce climat de suspicion permanent. Ceux qui ont lu les livres sont ostracisés, leur parler est un véritable tabou. Ces gens étranges en savent plus que nous, ils en ont conscience et nous toisent avec un air suffisant, ou bien ils gardent la tête basse, submergés par le nombre de fans hystériques de la série qui menacent de les décapiter au moindre « c’est pas comme dans les livres ».
Vainqueur : L’avantage de Rome, c’est que personne ne se sentira agressé en apprenant que Brutus et les conjurés assassinent Jules César à la fin. GoT perd la première manche.
Rome 1 – GoT 0
Round 2 : Celle avec le plus de dragons
Rome se fait largement distancer en matière de dragons, très peu présents à l’écran pour ne pas dire carrément oubliés. En revanche, Game of Thrones leur offre une place en or au sein de son casting. Les désormais célèbres reptiles volants pyromanes sont accompagnés de loups géants, de géants tout court qui chevauchent des mammouths (stylé), d’enfants des bois qui lancent des boules de feu, de sorcières-rouges-qui-accouchent-de-bébés-ombres-totalement-illicites, sans oublier les désormais célèbres zombies de glace collectionneurs de bébés. Autant de créatures trop cools qui manquent cruellement à l’entourage de ce bon vieux Jules.
Vainqueur : Cette fois, c’est GoT qui casse les dents de sa rivale. La présence des sourcils chelous de Daenerys ne parvient pas à restreindre l’envie du spectateur de se retrouver à Essos pour admirer ses jolis dragons en images de synthèse.
Rome 1 – GoT 1
Round 3 : Celle aux décors les plus variés
Pour ce round, les deux séries s’en sortent a priori plutôt bien. D’un côté, GoT nous propose un véritable trip touristique, depuis le Nord enneigé jusqu’aux contrées désertiques de l’Est, en passant par tout un panel de régions tempérées et pluvieuses. De l’autre, Rome nous entraîne en Gaule, en Grèce, en Egypte, à Carthage… occasion rêvée pour apprendre quelques mots en grec ancien ou dans la langue des pharaons, observer les coutumes du pays ou des éléphants agonisants. GoT a pour atout la multiplicité de ses décors, Rome leur authenticité historique. Manque de bol, la tournure du titre de ce round fait que l’authenticité ne suffit pas à contrer la variété des paysages. Oui, c’est très partial mais je fais ce que je veux.
Vainqueur : On frôle le résultat ex-æquo, GoT remporte la mise en trichant un peu : plus longue que sa rivale, elle peut développer un plus large panel d’horizons. Tant pis ! Cette série n’a de toutes façons pas pour habitude de vanter les mérites du fair play.
Rome 1 – GoT 2
Round 4 : Celle avec le plus de suspense
On sait tous comment finit Rome avant même de commencer la série. Mais en entremêlant l’intime et le politique, en montrant la façon dont les événements historiques sont parfois provoqués par des affects, des guerres d’influences, des désirs contrariés, les scénaristes ont pu susciter un véritable suspense, là où GoT est contrainte de jouer davantage avec les effets de surprise. Comment Brutus est-il amené à tuer son père adoptif, et comment l’ensemble des personnages, et donc de la société romaine, se trouve-t-elle liée à cet assassinat ? On attend la reconstitution de chaque événement connu, à la fois pour voir comment il sera mis en scène, et surtout comment il a été amené à se produire. Ce sentiment d’attente constitue un véritable atout que la quête du trône de fer ne parvient pas à égaler.
Vainqueur : Le suspense étant un procédé plus habile à mes yeux que les effets de surprise, GoT se fait rétamer par sa rivale.
Rome 2 – GoT 2
Vainqueur final
Je n’ai pas pu me résoudre à les départager. Rome et Game of Thrones, accablées par un combat acharné mis en scène de façon parfaitement objective, repartent donc ex-æquo chacune de leur côté. En revanche, soyez sûrs qu’elles auraient fait l’une comme l’autre une bouchée de ce pauvre Spartacus.
I DEMAND A TRIAL BY COMBAT
J’avais pas pensé à faire ce rapprochement qui en fait est évident, d’autant que les deux puisent à fond, plus ou moins discrètement, dans la base shakespearienne.
Par contre, je vais t’aider à trancher, je pense qu’il faut être #TeamRome, car à ma rentrée en seconde ma prof de latin nous a pris en fourbe et nous a fait un test de civilisation romaine – j’avais passé l’été à mater et remater Rome et j’ai eu tout bon, je l’ai bluffée, elle m’a eu à la bonne et j’ai eu une aura de ouf pendant tout le lycée. Aujourd’hui, les gosses passent leur été devant Game of Thrones se tapent l’archouma éternelle dès le premier cours. LE CHOIX EST VITE FAIT
Forcément si on fait 2 catégories bidons pour pas humilier Game of Thrones, elle fait match nul. La vérité est qu’il n’y a pas photo entre les deux, la meilleure très loin devant est bel et bien Rome.