À la loupe : The Walking Dead 4.8 « Too Far Gone » [SPOILERS]

Halloween approchant, pour vous mettre en appétit je vous propose de passer à la loupe un épisode mémorable de la saison 4 d’une de mes séries gores préférées, The Walking Dead. Je vous rassure je ne suis pas complètement morbide, la preuve : pour compenser le taux d’hémoglobine surélevé de la série lancée sur AMC en 2010, je re-regarde Gilmore Girls en alternance (les productions CW il n’y a rien de mieux pour voir la vie en rose). A noter aussi que je ne pourrai pas faire autrement que de me référer à des éléments de l’intrigue qui seront des spoilers pour certains, vous voici donc prévenus.

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Zombieland

Pour ceux qui débarquent, en un mot disons que la sérieThe Walking Dead, adaptée d’une bande dessinée, pourrait aussi être la version américaine de l’excellent film du réalisateur anglais Danny Boyle, 28 jours plus tard. Un homme se réveille à l’hôpital, seul, désorienté, le monde qu’il a toujours connu n’est plus : un virus a contaminé la population et à part quelques survivants qui savent manier les armes et courir vite (souvent d’anciens shérifs ou criminels, forcément), vos chers voisins sont soit morts soit devenus des zombies qui n’ont qu’une obsession, vous croquez les mollets. La série est très graphique mais ce qui est passionnant c’est de voir des gens comme vous et moi poussés dans leurs derniers retranchements pour survivre : quelles seront leurs valeurs dans ce monde où toute lueur l’espoir a quasiment disparu ?

Penchons-nous donc sur cet épisode intitulé « Too Far Gone ». The Walking Dead étant une série à suspense on peut considérer qu’elle évolue de cliffhangers* en cliffhangers. Mais de mon point de vue de spectatrice, elle suit un tout autre schéma : que cela coïncide avec la fin d’une saison ou non, pour moi la série progresse de « refuge » en « refuge », nos héros s’abritant successivement dans des abris tels qu’un immeuble désaffecté, une ferme, une prison.

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Prison break

Le groupe des survivants menés par Rick (le leader courageux interprété par Andrew Lincoln) et Hershel (le vieux sage, Scott Wilson) a en effet élu domicile dans un centre pénitencier qu’ils ont d’abord dû « nettoyer » avant de pouvoir s’installer dans ce home sweet home de fortune. L’ironie ne vous aura pas échappé : afin de pouvoir être libres, heureux, en sécurité, les personnages de la série se sont installés derrière des barrières ornées de barbelés, des murs fortifiés, des barreaux. Dans ce refuge, ils ont pu établir une démocratie miniature avec un conseil en charge de prendre les décisions pour le groupe ; une école pour les enfants (on y apprend la différence entre le Beretta 92FS, le M1911A1, et le couteau de cuisine pour tuer les walkers) ; une arrivée d’eau et un système d’irrigation pour boire, cultiver un jardin, et se nourrir ; un hôpital (Hershel est médecin, la femme de Rick accouche d’une petite fille) ; les lois du mariage (Maggie et Glenn s’unissent près de la tour de garde). Les personnages ne franchissent les murs de la prison en sens inverse que pour profiter du « centre commercial » local : en effet, quand l’autosuffisance atteint ses limites, les membres du groupe les plus aguerris sont chargés de go on a run (aller faire une course), c’est à dire piller les bâtiments alentours et ramener des boites de conserve, piles, médicaments, couches pour le bébé etc.

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Rick et son fiston apprenti shérif

Tout va bien et c’était trop beau pour durer : le mal va s’infiltrer depuis l’intérieur (sous la forme d’un virus qui nous rappelle, coïncidence étrange, la psychose ebola, et qui laisse nos héros décimés et épuisés) et depuis l’extérieur. « Too Far Gone » est l’épisode pivot de la saison 4, celui des retrouvailles entre Rick et son ennemi juré depuis la fin de la saison 3, « The Governor » (David Morrissey). Ce dernier a perdu un œil dans la première bataille et sa vengeance aveugle (haha) est désormais sans limite. Entouré d’une famille et d’une armée recomposées, il a adopté une nouvelle identité en se faisant appeler Brian, mais n’en est pas moins resté un chef de bande tyrannique. La bataille entre Rick et The Governor est la confrontation symbolique de deux systèmes politiques improvisés dans un monde sans foi ni loi : démocratie contre dictature. La bataille n’aura que des perdants mais les ressorts de cet épisode méritent d’être passés à la loupe car ils donnent sens au titre prothétique de l’épisode. « Too Far Gone » peut se traduire de plusieurs façons, voici quelques interprétations qui nous aident à mieux comprendre la valeur narrative de cet épisode si noir.

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Hershel otage du Governor

Too Far Gone : Une fois que les humains mordus ou morts passent à l’état de zombies, ils sont « Too Far Gone ». Ils ne reviendront jamais à leur état normal, ils sont vivants mais n’ont plus aucune once d’humanité en eux, seulement un désir insatiable de sang frais. Cette leçon, beaucoup des héros ont dû l’intégrer de façon brutale : lorsque leurs proches sont atteints, en quelques instants il faut passer du deuil à l’instinct de survie et tuer pour de bon (détruire la cervelle), parfois la chair de sa chair. Ce déchirement, The Governor n’a jamais pu s’y résoudre et a gardé pendant des mois sa fille zombie attachée à une chaîne dans l’espoir de la guérir ou de l’apprivoiser. Après la « re-mort » de celle-ci (pour laquelle il tient Rick et sa bande directement responsable) il a enfin accepté le concept de « Too Far Gone ». Lorsque la fille de sa nouvelle compagne est mordue par un zombie, il l’achève sans états d’âme.

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The Governor perd sa « deuxième » fille

Too Far Gone : Dans un monde où la violence insoutenable est devenue banale, et où les adultes n’hésitent pas à mettre des armes dans les mains des enfants, la frontière entre le bien et le mal est poreuse. Rick et ses proches ont leur propre système de valeurs. Voici les trois questions qui les aide à savoir s’ils peuvent faire confiance à des nouveaux venus et les héberger dans la prison : 1) Combien de zombies avez-vous tués 2) Combien de vivants avez-vous tué ? 3) Pourquoi ? Et tout se joue à ce « pourquoi ». En effet, parfois la fin justifie les moyens. Rick a tué des vivants, Rick a même tué son meilleur ami pour protéger sa vie et celle du groupe. Et pourtant, juste avant l’attaque sur la prison Rick a forcé Carole (Melissa McBride) à quitter la communauté car elle avait pris la décision unilatérale de tuer deux vivants qui présentaient les symptômes d’une grippe potentiellement mortelle. Elle a suivi la logique de protection du plus grand nombre mais Rick a considéré que ce geste était la preuve qu’elle était « Too Far Gone », qu’elle s’était trop éloignée de la morale en vigueur à l’intérieur des murs du pénitencier et méritait le bannissement.

Too Far Gone : Certains cyniques diront que que nos héros étaient « Too Far Gone », qu’ils s’étaient laissés aller à trop de confort. De même pour les spectateurs qui commençaient à s’investir émotionnellement. Les cellules de la prison étant devenues des chambres douillettes où les enfants se faisaient border avant de s’endormir, et les terres alentours des champs où Rick s’était mis au jardinage et à l’élevage de cochons, il était temps de faire remonter d’un cran la tension dramatique. L’épidémie de grippe était le premier signal. Hershel et Glenn, deux des personnages principaux, ayant été exposés au virus mais ayant survécu, c’était trop beau pour durer. Comme dans les films de guerre hollywoodiens où l’on sait que tout le bataillon ne peut pas rester intact, l’un des héros fut sacrifié par les scénaristes de « Too Far Gone »…

Too Far Gone : Et pourtant, Rick avait proposé une trêve à l’ennemi : le pardon, l’union des forces. « We can still come back, we’re not too far gone, we all can change.« 

Avec ces paroles qui n’auront aucun impact sur la furie du Governor, Rick redevient le leader qu’il a toujours été. A la fin de l’épisode, nos héros sont séparés les uns des autres, confrontés à la peur et l’incertitude, mais ils ont une force qui les porte, ils ne sont PAS « Too Far Gone », après toutes ces horreurs ils ne sont PAS (encore ?) complètement fous. Y’a d’l’espoir !

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Governor K.O.

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