Comme tous mes vœux de l’an dernier n’ont pas été exaucés (mise à part la fabuleuse annonce d’une saison 3 de Twin Peaks), je prends ma revanche aujourd’hui en imaginant le rachat de la franchise Power Rangers par HBO.
Morceau de bravoure pour la chaîne branchouille qui reprend les rênes d’une franchise connue pour ses combats kitsch et ses monstres débiles, ses chorégraphies hallucinatoires et ses robots dinosaures géants. En plaçant l’inénarrable Lena Dunham aux manettes en tant que showrunner*, HBO a su renouveler la série et lui apporter un souffle indé bienvenu, en réduisant drastiquement l’attention donnée aux scènes de combat et en s’immisçant dans le quotidien décalé de ces adolescents fatigués de toujours combattre le mal et de sauver la planète. Bien sûr la jeune femme n’évite pas quelques écueils attendus, notamment des personnages un peu trop hipsters, tous issus des quartiers favorisés d’Angel Grove et qui passent leur temps à se plaindre.
Lena Dunham n’a pas pu s’empêcher de se donner le beau rôle puisqu’elle incarne elle-même le fameux Ranger Rouge, chef d’équipe autocentré qui peine à laisser de la place à ses coéquipiers. Un conflit ouvert l’oppose déjà au Ranger Noir (incarné par Kit Harrington, choix de casting douteux et sans doute imposé par la chaîne), mais on devine aisément une tension sexuelle entre les deux personnages, malgré le sentiment d’émasculation de Kit et les irritantes tirades de Lena.
Outre les pérégrinations sentimentales de nos héros en combi colorées, la série parvient à soulever des questions profondes et inhabituelles pour une franchise pas franchement réputée pour sa subtilité. Doit-on privilégier les combats contre le mal à la recherche d’un stage dans une galerie d’art ? Peut-on être un Ranger avec des kilos en trop ? Faut-il se sentir coupable de n’avoir pas sauvé le monde parce qu’on préférait faire infuser des cosses d’opium avec ses potes ? Est-il scandaleux de taxer de l’argent à ses parents quand on est un justicier d’envergure galactique ?
C’est donc un beau pari que cette resucée de Zords et de monstres en latex à la sauce Dunham, entre causticité et féminisme hipster.
A quand un cross-over avec Looking ?