Vous en avez ras le bol de la 30ème saison de Top Chef et ses émulsions d’artichauts ? Vous aimez la bonne cuisine mais vous êtes allergique à la téléréalité ? Alors laissez-vous tenter, prenez une petite part de fiction française. Attention aujourd’hui produits rares, profitez-en. Peu ont osé dégainer le tablier pour se frotter au monde de la grande cuisine. Au menu, Les Toqués rencontre Chefs. Le sucré made in TF1 face au salé à la manière France 2. Laquelle de ces deux séries mérite son étoile au guide Michelin ? Qui risque l’inspection d’hygiène ? Sortez vos assiettes, la dégustation commence maintenant.
Round 1 : Chef étoilé ou commis décati ?
Pour porter une série sur la gastronomie, on serait en droit d’attendre un rôle de chef magnifique. Un personnage de grand manitou, de petit génie voire même d’artiste incompris. Après tout, le monde de la cuisine semble se prêter parfaitement à ça. Des personnages forts en gueule, passionnés, ça donne envie non ? Et puis un jour on tombe sur un épisode des Toqués.
Les Toqués ce sont avant tout deux chefs que tout oppose, Fanny Marsan (Ingrid Chauvin) et Martin Soléno (Edouard Montoute). L’un est propriétaire d’une caravane à burger, l’autre est la chef respectée d’un grand restaurant. A partir de là on se tourne autour, on se mord le nez, bref l’éternel jeu des opposés qui s’attirent. Jusque-là, pourquoi pas, sauf qu’on n’y croit pas une seconde. Ce n’est pas que les acteurs sont mauvais (quoique) mais tout le monde est beaucoup trop gentil. Dès le premier épisode, le brave Martin est trahi, escroqué, pris pour un imbécile. Que fait-il ? Il ne déprime pas, il ne s’énerve pas, il ose même penser positif le bougre ! Ce n’est plus Les Toqués, c’est Oui-oui chez les chefs. Même Ingrid Chauvin dans son rôle de bourge trop sûre d’elle-même n’est pas totalement une enflure. On aimerait pouvoir la haïr, soutenir le petit prolo contre l’infâme capitaliste, mais non, rien à faire, tout ça nous est désespérément refusé. Résultat : on s’ennuie. Des personnages plats se chamaillent et se réconcilient platement jusqu’à un ô combien surprenant rabibochage final avec triomphe de la bonne entente et de la cordialité. Tout le monde est beau, tout le monde est gentil et le scénario est bien bâclé. On a beau aimer la simplicité, faudrait pas non plus trop pousser.
Et Chefs dans tout ça ? Ici aussi on retrouve un duo, mais d’un genre un peu différent. Au menu, un jeune délinquant (Hugo Becker) en quête d’une nouvelle chance et un grand chef (Clovis Cornillac) un brin désabusé. Question originalité on repassera mais il y a de quoi rejouer avec un nouveau tempo la vieille intrigue du mentor et de son élève. On se prend même à espérer. Surtout que Cornillac n’a pas hésité en parlant de cette série à comparer France 2 à HBO. Oui, à ce point. Ambitieux le garçon ! Peut-être un peu trop ?
Là où il n’a pas forcément tort c’est qu’on a un peu l’impression que nos cuistots ont tous les deux trouvé leur inspiration dans l’interprétation de McConaughey dans True Detective. Ouh qu’ils sont ténébreux ! Regard intenses, visages impassibles, on ne rigole pas avec ces gars-là. On ne sait quel mystère les habite ni quelle guerre ils ont traversée mais ça sent le soufre. Sauf que tout ça est bien joli mais pour rappel, on n’est pas dans un polar, juste dans une arrière-cuisine. Autant ce type de jeu marche bien pour un récit policier, autant là ça devient limite ridicule. C’est pas grave les gars, HBO vous rappellera.
Vainqueur : Entre les personnages gentillets des Toqués et les cuistots torturés de Chefs, difficile de choisir. Dans un cas comme dans l’autre on a bien du mal à y croire. Dommage pour Clovis Cornillac, même si l’on se doit de le féliciter pour cette bien belle barbe.
Les Toqués 0 – Chefs 0
Round 2 : Vous l’aimez comment le ton de votre série ? Sucré, salé ou indigeste ?
A quoi reconnait-on tout de suite une fiction TF1 ? Pas à son exigence scénaristique, pas de mauvais esprit. Non, plutôt à sa recette à succès, brevetée par Joséphine Ange Gardien et poursuivie ici en mode gastronomique par nos chers Toqués. Prenez un grand bol de bon esprit et plongez-y tous les personnages. Agrémentez chaque conflit d’une bonne dose d’humour bon enfant pour désamorcer tous les problèmes. Saupoudrez un peu de morale et accompagnez le tout par une petite musique joyeuse omniprésente. Laissez reposer pendant 1h30 le temps de bien diluer la sauce puis ajoutez un happy end charmant et enfin réchauffez moi tout ça à grand renfort de sucre. Vous n’avez plus qu’à servir devant l’écran pour plaire à petits et grands.
Dans Les Toqués il n’y a pas vraiment de méchants, il y a des fâcheux. Il n’y a pas de problèmes il n’y a que des solutions. Bref, c’est encore mieux que le pays de Candy. Plus qu’une série sur la cuisine, Les Toqués est un vrai clip pour la positive attitude. Un peu énervant mais c’est le genre de programme idéal pour accompagner un repas de famille. Attention tout de même aux endormissements, des épisodes dignes d’un long-métrage ça peut accélérer la digestion.
Chez les Chefs on n’est pas vraiment dans la même lignée. La série ne cherche pas à arrondir les angles, au contraire. Difficultés financières, délinquance, mères célibataires, orphelins, la vie est moche, sombre et douloureuse. Un univers qui n’est pas sans rappeler celui du film noir. Tant mieux, c’est voulu. Chefs tente le mélange improbable entre codes du polar et cuisine française. Résultat : paysage urbain, esthétique sombre et ambiance nocturne omniprésente sont convoqués pour nous donner un tout autre regard sur le monde de la gastronomie. C’est gonflé mais pourquoi pas. Le souci c’est qu’à trop en faire on tombe vite dans la caricature du genre. A voir notamment dans le premier épisode : une négociation de truffe blanche aux faux airs de deal de drogue. Le secret, le langage fleuri à la Audiard, les looks, tout y est. Il ne manque plus que les flingues et nous voilà en plein film noir des années 30. Le souci c’est que la transposition pique un peu les yeux. Cocaïne et champignons même combat, c’est un peu poussé. Et si c’est drôle, est-ce vraiment le résultat voulu ? Une chose est sûre, vous ne mangerez plus jamais une truffe de la même façon.

Le marché aux truffes façon Braquo. C’est sûr ça change.
Vainqueur : Tarte à la bonne humeur à la mode Toqués ou cocktail de polar version Chefs, tout est une question de goût. Après avoir frôlé l’indigestion de sucre avec la fiction de TF1 on serait tenté de donner la victoire à Chefs, mais à force de trop vouloir donner un cachet à son programme on se retrouve devant des références mal digérées qui nuisent au portrait réaliste d’une vraie brigade de cuisine. Encore une fois dommage mais match nul.
Les Toqués 0 – Chefs 0
Round 3 : La patte du cuistot, présentation inspirée ou mise en scène de boucher ?
Avec tout ça on en oublierait presque qu’on parle de cuisine. Comment sont montrés les cuisiniers en plein travail, comment est mise en scène l’inspiration de nos prodiges des fourneaux ?
Dans Les Toqués la question ne se pose pas. La cuisine est avant tout un cadre, on discute, on débat ou on se dispute devant les fourneaux mais le sujet de la création n’est presque jamais évoqué. Au début de la série on sait que Fanny doit se libérer et faire sa propre cuisine. Pas de souci, il lui suffit de s’y mettre et voilà, la solution apparaît. Martin passe de la cuisine de burgers au restaurant gastronomique ? Aucun problème, il se lance et le voilà devenu grand chef. Le problème de l’inspiration ne se pose jamais. Tout le monde en a, il suffit juste de la chercher. Pas de jaloux, pas de doutes, quand on est bon on est bon et puis c’est tout. C’est marrant, c’est exactement ce qu’on a envie de faire. Évacuer comme ça ce qui aurait pu être un des sujets de la série, c’est assez affolant.
Dans la cuisine des Chefs par contre, on tente, on cherche et on se plante. Le talent, l’inspiration sont un des sujets majeurs de la série. Ça ne veut pourtant pas dire que l’essai est réussi. Lorsque Hugo ou Le Chef (oui, le personnage de Cornillac n’a pas de nom) se met devant un plan de travail, on peut être sûr que le tourbillon visuel n’est pas loin. Même chose d’ailleurs pour une dégustation. Vous vous souvenez des rêves fantasmagoriques d’Ichabod Crane dans le film Sleepy Hollow ? Et bien ici c’est la même chose mais pour préparer une soupe et non pour chasser le démon. Flashbacks, ralentis, surexpositions, fantômes… C’est la foire aux effets ! Oubliez le drame, bienvenue dans le trip psychédélique ! Je veux bien admettre que pour représenter l’inspiration on peut tout tenter visuellement, mais un fantôme tournant une spatule au ralenti ? Vraiment ? C’en est presque triste d’ailleurs, cet onirisme pourrait apporter toute une poésie à la série, la faire décoller loin des casseroles pour nous apporter son lot d’émotions, mais non, à la place on a droit à la chute dans le fantastico-kitsch. Décevant.
Vainqueur : Trop en faire ou pas assez il faut choisir, mais dans les deux cas le sujet est loupé.
Les Toqués 0 – Chefs 0
Vainqueur final
Sur décision de l’arbitre, le match est interrompu. Le jury repu jette l’éponge. Match nul entre les deux cuistots français. Après avoir été alléchés par des promesses à la HBO, nous voilà sur le carreau avec deux vieux kebabs. Trop d’ennui dans les Toqués, trop de déceptions dans Chefs, il ne nous reste plus qu’à pleurer. Le plus triste finalement c’est qu’il n’existe pas plus de séries sur le monde de la cuisine, on sent avec Chefs qu’il y aurait pourtant du potentiel. En attendant, si vous avez un petit creux, oubliez les séries et commandez plutôt des sushis.
Il reste toujours Young & Hungry !
Vive Joséphine, Camping Paradis et les Toqués ! Vive la France !
Première battle de Séries Chéries qui finit par un 0 – 0 non ? Je suis ému !
Je suis à la recherche de la marque des assiettes utilisées dans la série les toques
Merci
Bonjour, il faudrait que vous contactiez la production de la série je pense : http://www.soluneproduction.fr/.
Bonjour, je suis à la recherche de la marque de vaisselle blanche utilisée dans la série WE chez les toquées
Merci