La plateforme de VoD a fait l’événement ces dernières semaines en sortant ses deux dernières productions, attendues depuis des mois. Aziz Ansari retrouve nos écrans moins d’un an après la fin de Parks and Recreation pour un projet qu’il a co-créé, nommé Master of None ; et, après Daredevil en avril, Netflix collabore de nouveau avec Marvel pour Jessica Jones. Genres et formats sont différents, entre la comédie réaliste d’une demi-heure et le noir drama d’une heure, mais les deux séries ont en commun leur cadre – la ville de New York – et leur dimension iconoclaste. Parce que le service de streaming par abonnement peut faire fi des considérations économiques de « public cible », il nous propose ici des concepts qui détournent plusieurs conventions audiovisuelles (et sociales ?) pour un résultat aussi réjouissant que novateur.

Regarder Master of None : allégorie
Dev of all trades
Errements romantiques d’une personne trentenaire à New York et cocktails entre amis : on l’a vu cent fois, au cinéma comme à la télévision… Mais combien de fois du point de vue d’un homme ? Difficile de mettre How I Met Your Mother au même rang que Sex and the City, l’accent y est bien souvent plus porté sur l’humour et la camaraderie que sur les états d’âmes de Ted Mosby – qui ne laissent par ailleurs que rarement une impression d’identification, d’universalité ou même de réalisme.
Pour ce projet manifestement inspiré de sa propre vie (Dev, le personnage principal, est un aspirant comédien d’origine indienne), pas d’esbroufe à la Barney ni de déclarations éperdues à la Ted. Aziz Ansari choisit de mêler les codes de la comédie romantique aux principes de l’autofiction. Il fait jouer ses propres parents, embauche amis et figures du cinéma indépendant américain (Noël Wells, Lynn Shelton, Eric Wareheim et le regretté Harris Wittels) et se livre à l’introspection. Serait-ce un Girls au masculin ? Pas loin ; mais en étant sensibilisé au racisme et en consacrant des épisodes à la question de l’immigration ou à la représentation des Indiens à la télévision, parce qu’il est lui-même concerné, Aziz Ansari esquive le principal défaut de la création de Lena Dunham – à savoir un discours finalement assez exclusif de personne privilégiée, avec un groupe de personnages qui appartiennent à la même classe sociale, tous blancs et hipsters.
Il en élude par ailleurs aussi la cruauté pour un résultat tout aussi drôle et vrai, mais plus doux qu’amer. Avec honnêteté et humilité, Aziz Ansari sape les stéréotypes de la virilité en dévoilant les émotions d’un mec normal, qui navigue entre les embrouilles du quotidien et n’ose pas trop draguer, qui est charismatique et drôle mais aussi maladroit et indécis, parfois même lâche et mesquin. Pas question de devenir un anti-héros et de faire une nouvelle démonstration de masculinité, ou de créer une figure de loser : il s’agit plutôt d’accepter d’être vulnérable et perdu, de dire que c’est normal, et de revenir aux fondamentaux – l’affection, les câlins et les phoques en peluche.
It’s time
Beaucoup moins de tendresse dans cette nouveauté Marvel. Si l’on omet Elektra (et qui ne veut pas omettre Elektra, soyons sérieux), c’est la première fois que la célèbre marque consacre un de ses produits à une super-héroïne. Parce que le public visé est traditionnellement constitué d’hommes jeunes, les franchises fantastiques rechignent à adopter un point de vue féminin ; à l’occasion de cette exception, pas de demi-mesure, et toutes les femmes derrière et devant l’écran n’ont pas hésité à démonter les clichés.
Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D., selon l’habitude de Joss Whedon, compte plusieurs personnages féminins au rang des personnages principaux et elles déboîtent tout autant que leurs congénères mâles. Le fait qu’une héroïne de comics a enfin son programme dédié, ici, semble cependant imprégner toute la série – sans avoir à aliéner les spectateurs férus de pop culture, bien entendu, les spectatrices n’ayant pas attendu Netflix pour suivre les tribulations des Avengers. Le personnage même de Jessica Jones défie les poncifs, tant des récits Marvel que des récits en général. Elle est en charge de l’action et douée d’une force surhumaine, certes, mais c’est aussi une anti-héroïne alcoolique et misanthrope. La série cultive une ambiance de film noir dont elle est le détective privé. Tenue vestimentaire, formalités et bienséance sont le cadet de ses soucis. Elle ne porte donc jamais de costume en lycra, ni tout simplement de tenue moulante ou échancrée, et préfère le confort et la discrétion de couleurs neutres et d’une paire de jeans. Elle n’est de fait pas plus sexualisée que les hommes de la série, et les scènes d’amour sont, et c’est une rareté, filmées d’un point de vue féminin.
A ses côtés, c’est toute une galerie de personnages féminins que l’on voit exister, des femmes de pouvoir aux identités complexes, creusées au cours de la saison – en particulier sa sœur d’adoption, Trish. Les personnages masculins sont de fait en minorité, et constituent le plus souvent… des ennemis. L’antagoniste de la saison a un super-pouvoir, mais représente avant tout le danger réaliste du viol conjugal, de la relation abusive, de la manipulation affective. Killgrave contrôle les esprits, et cette aptitude est ici plus glaçante que jamais, parce qu’elle n’est pas déconnectée du problème des pressions psychologiques bien réelles. Jessica Jones a été sa victime, et souffre encore de stress post-traumatique ; son émancipation est un enjeu narratif capital. Par le biais du surnaturel, la série tient un discours engagé et féministe, sans jamais oublier d’être un thriller violent et sombre au même titre que Daredevil – preuve s’il en était besoin que ce n’est pas incompatible.
Je suis entrain de visionnée Jessica Jones !! Et j adhere totalement !!
Le milieu sombre, l antihero, l histoire tout est genial dans cette serie !!
Je regarderai sans faute Master of none bientot aussi et j ai hate de voir si j accroche aussi !!
Il faut dire que Netflix m a rarement decue entre OITNB daredevil narco et jessica jones a present !!