Les films sur le monde de la finance ayant le vent en poupe (Le loup de Wall Street, The Big Short…), rien d’étonnant à voir débarquer une série sur le même sujet. Cependant, son seul casting suffisait à intriguer.
Dimanche 17 janvier, Showtime diffusait Billions, avec Damian Lewis – connu pour son rôle dans Homeland, série star de la chaîne – et Paul Giammati (Love and Mercy). Le sujet n’est pourtant pas facile à traiter et il faut trouver les bons mots pour rendre accessible les rouages de la finance aux novices dans mon genre – ce qu’ont réussi à faire les films de Martin Scorcese et Adam Mckay.
La série de Brian Koppelman, David Levien et Andrew Ross Sorkin se démarque en évitant le jargon de Wall Street pour se concentrer sur la guerre d’ego entre Bobby Axelrod (Damian Lewis) et Chuck Rhoades (Paul Giamatti).
Axelrod, rescapé du 11 septembre, est le self made man par excellence, l’incarnation du rêve américain. Gérant d’un fond spéculatif et riche comme Crésus, il réussit néanmoins à s’attirer la sympathie de ses compatriotes. N’en déplaise à Chuck Rhoades, procureur fédéral de New York, qui va le provoquer en duel et tenter de révéler ses magouilles. On assiste alors à un face à face machiste pour savoir qui a la plus grosse – pardonnez moi l’expression.
Le premier cherche à s’imposer comme celui qui s’en est sorti, et le second, qui prône haut et fort son intégrité, à s’affranchir de l’ombre de son père, lui même homme de pouvoir. Ce premier épisode, dont l’unique but est l’introduction des personnages et leur rivalité, manque de punch notamment dans ses dialogues parfois trop didactiques. Servi par de très bons acteurs, le pilote joue malheureusement la carte de l’excès et de la provocation pour convaincre. La scène d’introduction grossière et caricaturale du procureur fédéral droit dans ses bottes, incorruptible, aux penchants sexuels sadomasochistes, annonce la couleur.
Par ailleurs, les femmes sont peu représentées dans cet univers, à l’exception du point commun entre le procureur et le businessman. En effet, Wendy Rhoades (Maggie Siff) est la femme du premier et la psy du second, qu’elle connaissait d’avant son mariage. Ce triangle, efficace, pose la question de la loyauté et de la frontière parfois mince entre vie professionnelle et la vie privée.
A mi-chemin entre une volonté de nous en apprendre plus sur le monde de la bourse, et un côté soap opera non assumé sur fond de finance, ce début de saison ne tient pas ses promesses et devra approfondir judicieusement un des deux aspects pour devenir intéressant.