Semaine d’un sériephile (17) : en mode rétro ! La Trilogie du samedi (2)

Il y a un mois, Maguelonne nous invitait à redécouvrir une véritable institution née à la fin des années 90 sur M6 : la Trilogie du samedi. La cultissime programmation du samedi soir, ce rendez-vous que nous, jeunes apprentis sériephiles, n’aurions manqué pour rien au monde. La trilogie, c’est plus de dix ans de rendez-vous hebdomadaires, alors forcément, tout ça mérite bien un autre article pour rendre hommage aux séries cultes de nos jeunes années.

Si le mois dernier le surnaturel était à l’honneur, aujourd’hui je vous propose de plonger dans une autre thématique chère à la trilogie : les héroïnes prennent le pouvoir. L’occasion d’aborder les séries Alias, Dark Angel, et Charmed

Alias

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Espionner oui mais avec classe.

Apparue en 2002 dans la Trilogie du samedi, Alias c’est avant tout Sydney Bristow, incarnée à l’écran par Jennifer Garner. Sydney est une jeune étudiante intelligente, dynamique, jolie, bref en apparence tout à fait normale, pourtant elle cache aussi un grand secret… Elle est une espionne travaillant pour le compte du SD-6, une organisation ultra-secrète s’affichant comme une agence de renseignement gouvernementale. Sydney Bristow est devenue une experte de l’infiltration, capable d’endosser n’importe quelle identité pour exécuter ses missions. Tiens, tiens, cela ne vous rappellerait-il pas un certain Jarod d’ailleurs ?

Contrainte de devoir mener une vie fondée sur le secret, elle va pourtant braver l’interdit pour être pleinement sincère avec son fiancé. Bien mal lui en prend, car pour elle tout va alors basculer. Son ami est assassiné le jour-même où elle lui révèle sa double vie. Toutes ses certitudes vont peu à peu voler en éclats. Elle découvre bientôt que son père, Jack Bristow, est lui-même agent du SD-6. Plus encore, il lui révèlera que cette organisation est en réalité l’ennemi qu’elle croyait combattre. Désormais, elle et son père vont unir leurs forces pour mettre un terme aux agissements de cette agence en devenant des agents doubles, infiltrés au SD-6 mais travaillant en réalité pour le compte de la CIA.

Alias collection printemps été

Alias collection printemps été.

Dès le début de la série, notre héroïne perd toutes ses illusions. Tous les repères disparaissent les uns après les autres, elle ne sait plus en qui elle peut avoir confiance. Lorsque même ses proches ne sont pas ce qu’ils ont prétendu être, comment retrouver le sens de la vérité ? Sydney elle-même endosse de très nombreux costumes comme autant de caractères différents tout au long de la série. Double-jeu et mensonge sont au cœur de nombreux récits d’espionnage mais dans Alias, les faux-semblants touchent à l’identité même du personnage principal. Non seulement on ne sait jamais tout à fait qui est l’ami et qui est l’ennemi mais Sydney doit trouver elle aussi qui elle est. Puisque tout son passé n’est constitué que de mensonges, il n’y a pas de retour possible. Il n’y a jamais eu de véritable équilibre dans sa vie, c’est à elle seule de le créer et pour cela, elle ne peut faire véritablement confiance qu’à elle-même.

Alias nous prouve qu’une quête identitaire peut se révéler un vrai cocktail de suspense. C’est aussi une série d’espionnage presque paranoïaque. L’entourage de Sydney peut se révéler une aide précieuse ou bien le pire ennemi, rien n’est jamais acquis. Retournements de situation à foison et trahisons, le quotidien n’est pas facile pour Sydney. Un autre élément marquant dans cette série est la relation ambiguë que la jeune espionne entretient avec Michael Vaughn, un agent de la CIA. Une attirance mutuelle les attire mais le danger auxquels ils sont tous deux confrontés rend leur amour impossible. Peut-elle lui faire réellement confiance ? Ne risque-t-elle pas de le perdre ? Autant de questions auxquelles elle devra trouver une réponse pour être capable d’aimer à nouveau.

Alias a su nous marquer non seulement pour les changements d’identités très ludiques de son personnage principal mais aussi pour sa personnalité. Dans la lignée d’une série comme Le Caméléon, trouver sa place peut aussi passer par savoir changer de peau.

Dark Angel

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La définition de badass selon James Cameron : porter du cuir. Méthode certifiée depuis les années 80 !

Nous sommes en 2019, dix ans ont passé depuis qu’une impulsion électronique provoquée par une explosion nucléaire a détruit tous les systèmes informatiques du globe. Le monde tel que nous le connaissons n’existe plus, toutes les nations ont perdu le contrôle, les sociétés ont régressé, le chaos règne. Dans ce monde post-apocalyptique vit Max Guevara alias X5-452. Max n’est pas véritablement une jeune femme ordinaire. Elle a été conçue par une société secrète du nom de Manticore pour être le soldat parfait. Etre transgénique, elle a été créée avec une combinaison d’ADN humain, requin et chat pour développer des capacités de résistance et d’agilité hors du commun. Un entrainement extrêmement rude et exigeant a fait d’elle l’arme parfaite, pourtant ses créateurs ont failli à leur mission, ils n’ont jamais pu contrôler sa volonté. Max est une fugitive. Dix ans auparavant, elle s’est enfuie de Manticore en compagnie d’une dizaine d’autres enfants transgéniques. Elle a trouvé la liberté mais depuis, elle doit vivre cachée pour échapper à la traque de créateurs bien décidés à la récupérer. Max a été séparée dans sa fuite de ses frères et sœurs génétiquement modifiés. Depuis, elle se bat nuits et jours pour les retrouver. Dans sa quête, elle fait bientôt la connaissance de Logan Cale, un journaliste luttant pour révéler au monde les injustices et les manipulations. Tous deux vont se lier pour faire triompher leur quête de vérité et de justice.

Dark Angel est la série de la révélation pour son interprète star, Jessica Alba. Auparavant, la jeune actrice était apparue dans quelques films mais restait pour beaucoup Maya, l’adolescente éternellement positive, amie des animaux dans Les Nouvelles Aventures de Flipper le dauphin. Un rôle qui aurait pu lui coller définitivement à la peau et faire d’elle l’emblème des bons sentiments à tout jamais, parfait pour un rôle de guest dans 7 à la maison. Avec le rôle de Max, Jessica Alba prouve qu’elle n’est définitivement plus une ado et qu’elle peut même être une femme d’action.

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Avant Dark Angel, Jessica Alba l’amie des animaux.

Cette série a été créée par James Cameron, le réalisateur de films tels que Terminator, Aliens le retour ou encore Avatar. Pour une série de science-fiction, c’est plutôt encourageant. Dark Angel reprend d’ailleurs certains thèmes de Terminator avec son personnage féminin de fugitif. Mais alors que Sarah Connor avait besoin de l’aide d’un Schwarzy cyborg, cette fois Max Guevara n’a besoin de personne pour se sortir du danger. Elle incarne à la fois la force et la volonté. Plus besoin de garde du corps, les femmes peuvent tout aussi bien surmonter toutes les épreuves et tous les ennemis.

Dark Angel avec le thème des soldats transgéniques et la quête d’une société secrète de l’être parfait nous parle d’une des thématiques classiques de la science-fiction : le clonage et la question de l’identité du clone. Un clone ou une créature issue de manipulation génétique peut-elle s’affranchir de la volonté de ses créateurs, peut-elle vivre la même vie que n’importe quel individu ? C’est aussi le rapport au corps et à la modification génétique, comment améliorer le corps humain et lui apporter de nouvelles facultés ? Tout au long de la série, le premier objectif poursuivi par Max est de s’affranchir du destin qui a été pensé pour elle. Elle ne poursuit d’autre but que de trouver la liberté, pour elle comme pour ses frères et sœurs.

Avec la question des manipulations génétiques, la série nous parle aussi du rapport à la différence. Max n’est pas totalement humaine, si elle en a l’apparence elle court néanmoins toujours le risque d’être perçue comme une menace pour les humains ordinaires. Sa relation avec Logan sera traversée par cette distance entre mutants et non-mutants. Traqués tous les deux, ils se rapprocheront dans l’action et surmonteront les différences, montrant ainsi qu’une coexistence est possible.

Dark Angel tombe dans certains défauts de série de science-fiction, en particulier un côté kitsch particulièrement frappant dans les créatures et autres mutants… Max est loin d’être la seule créature transgénique de la série. Nous découvrons au fur et à mesure de la série tout un bestiaire de soldats conçus par Manticore. On peut vraiment remercier les créateurs de la série de n’avoir pas essayé de créer une apparence de mutant pour Max car lorsque l’on voit les services spéciaux de Manticore, c’est un peu la valse des costumes. Mutants à visages de lézards conçus pour les opérations désertiques, branchies en plastique collées sur des combinaisons de plongée pour les soldats amphibies ou le pire du pire, hommes panthères pour les opérations en jungle, on peut vraiment se demander si le kitsch est assumé ou non car la frontière du ridicule n’est jamais loin quand elle n’est pas tout simplement dépassée.

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Un mutant conçu pour l’infiltration dans la jungle… Ah oui quand même….

Dark Angel s’est achevée au bout de seulement deux saisons. Il restait assurément beaucoup de choses à vivre pour Max et Logan mais la Fox en décida autrement. Les coûts de production trop importants eurent raison de la série, le diffuseur américain préférait alors parier sur le nouveau projet de Joss Whedon, le créateur de Buffy, Firefly. La suite, nous la connaissons, Firefly ne connaitra pas le succès escompté et sera retirée de l’antenne au bout de seulement quelques épisodes…

Charmed

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C’est beau la sororité.

Il était une fois trois sœurs, Piper (Holly Mac Combs), Prue (Shannen Doherty) et Phoebe (Alyssa Milano). Les sœurs Halliwell, à la fois très proches et si différentes. Elevées par leur grand-mère, elles se retrouvent dans la maison familiale lors de son décès. Parcourant leurs souvenirs d’enfance et les objets qui leur étaient chers, elles vont découvrir dans le grenier un curieux grimoire, le Livre des Ombres. Leurs vies en seront bouleversées à tout jamais. Elles découvrent qu’elles ne sont pas des jeunes femmes ordinaires : non seulement elles possèdent des pouvoirs surnaturels, mais elles appartiennent à une longue lignée de sorcières. Phoebe peut voir l’avenir, Piper peut figer le temps, et Prue a reçu des pouvoirs de télékinésie et peut déplacer des objets à distance. Ces pouvoirs avaient été dissimulées par leur grand-mère pour les protéger, mais désormais elles vont devoir affronter leur destinée, combattre les démons maléfiques pour protéger le monde de leur invasion.

Dès lors, la plupart des épisodes fonctionnera selon un même principe. Un démon apparaît, les sœurs Halliwell s’en aperçoivent ou sont attaquées, elles montent au grenier pour consulter le Livre des Ombres qui leur fournira tout ce qu’il faut savoir sur le démon et nous voilà partis pour la mission d’élimination. Charmed est souvent comparée à Buffy contre les vampires mais apparaît comme une version Canada Dry de cette série. On en retrouve certains thèmes mais Charmed n’atteint jamais la gravité et la profondeur de nombre d’épisodes de Buffy. Pourtant, il y a quelque chose d’extrêmement attachant dans cette série. On prend plaisir à suivre leur lutte pour tenter de mener une vie normale entre deux invasions de monstres divers et variés.

Charmed est avant tout une histoire de sœurs. Phoebe est l’éternelle ado, un peu trop enjouée, pas assez prudente. Prue est la  grande sœur autoritaire mais attentionnée, battante dans l’âme et prête à mettre sa vie en danger pour protéger ses sœurs. Piper quant à elle est une sorte de mère de substitution, apaisant les tensions et se battant pour que toutes puissent vivre leur vie de femmes tout autant que leur vie de sorcières. Cet équilibre a profondément été modifié à partir de la quatrième saison. Suite à une mésentente excessivement forte entre Shannen Doherty (mais qu’est-elle devenue ?) et Alyssa Milano, le personnage de Prue quitte la série. Elle sera remplacée par une nouvelle sœur, Paige, interprétée par Rose McGowan. Celle-ci endossera le rôle de la sœur en quête de repères, nécessitant l’aide des autres pour comprendre ses pouvoirs (la téléportation) et accepter son rôle de sorcière.

Que serait cette série sans ses histoires d’amours impossibles ? La principale c’est sans nul doute, la romance à rebondissements entre Léo et Piper. Léo est un être de lumière, une sorte d’ange gardien chargé de protéger les sœurs Haliwell, il est aussi amoureux fou de Piper mais il lui est interdit d’éprouver des sentiments pour elle au risque de trahir sa mission et son rôle. Cette romance va traverser toutes les saisons de Charmed. Léo c’est un peu le père de substitution, protecteur mais aussi moralisateur, un peu trop parfait, un peu trop lisse au point d’ailleurs de devenir totalement insupportable. A l’opposé, nous suivons l’amour tout aussi impossible entre Phoebe et Cole, personnage mi-démon mi-humain. Il est une source de danger pour les sœurs Halliwell, le doute subsiste quant à ses véritables intentions mais malgré les conseils et les réprimandes de ses sœurs, Phoebe est irrésistiblement amoureuse de lui. La passion plus fort que la raison ou comment être attiré par l’interdit. C’est ce qui relie ces histoires d’amour et ce qui donne à Charmed des petits airs de soap (si ce n’est de Guillaume Musso). Qu’importe, c’est aussi pour ça qu’on l’aime cette série, elle pourrait bien être capable de réveiller la midinette cachée en chacun de nous.

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Aimer c’est plus fort que tout, même pour les anges. Vous reprendrez bien un peu de violon ?

Très récemment, nous avons appris qu’un remake de la série est en projet, à la manière des séries Beverly Hills ou encore Dallas. Le casting n’a pas encore été annoncé mais nul doute que nous suivrons cette renaissance avec une impatience mêlée de crainte.

(update 2018 : la plupart de nos craintes ont été confirmées, comme vous pouvez le voir dans cette critique !)

Nous avons parlé de nombreuses héroïnes et pourtant, je suis persuadé que certains d’entre vous se disent qu’il en manque une et non des moindres, Buffy contre les vampires. Ne vous inquiétez pas nous ne l’oublions pas : elle est ici !

Une réponse à “Semaine d’un sériephile (17) : en mode rétro ! La Trilogie du samedi (2)

  1. Charmed est ma série favorite depuis 1999 maintenant et aucune autre à réussi à la surpasser. Par contre je ne savais pas qu’un remake était prévu, hate de voir ce que ça va donner.
    En attendant, je passe certaines périodes de l’année à me refaire toutes les saisons et à apprécier le rôle de Phoebe qui est pour le meilleur de la série. Ahlala nostalgie!

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