Focus sur deux nouvelles comédies qui reflètent le multiculturalisme américain.
Black-ish
Black-ish vient s’ajouter à la liste des black-comedies américaines, mais sera-t-elle un succès au même titre que Le Cosby Show, La Vie de famille dans les années 80, Le Prince de Bel-Air dans les années 90, ou plus récemment Tout le monde déteste Chris et Ma famille d’abord ?
Vous vous dites certainement qu’il s’agit d’une série communautaire de plus, et que vous en avez déjà vu des tas dans le même genre. Je ne vais pas vous mentir, Black-ish peut sembler dans la continuité des sitcoms citées plus haut. Mais il s’agit d’une sitcom nouvelle génération, à l’ère de Barack Obama et de Shonda Rhimes. Black-ish, qui peut se traduire par « à peu près noir » marque le renouveau de son genre.
Andre « Dre » Johnson (Anthony Anderson) est un modèle de réussite, l’incarnation même du rêve américain. Ayant grandi dans une famille pauvre, le voilà aujourd’hui cadre dans une agence de publicité, marié à une chirurgienne (Tracee Ellis Ross) et habitant avec ses quatre enfants dans le quartier huppé de Beverly Hills. Tout irait pour le mieux si Dre n’avait pas le sentiment de s’être « corrompu » en embrassant une vie de bourgeois blanc aisé et en oubliant d’où il vient. Cette impression s’accentue au fur et à mesure qu’il s’aperçoit que ses enfants, particulièrement choyés, n’ont pas conscience de leur héritage culturel. Il est donc de son devoir de patriarche de remettre ses rejetons dans le droit chemin et de les familiariser avec leurs racines.
Les enfants éduqués dans un milieu privilégié n’ont pas reçu la même éducation que leur père ou que le père de celui-ci (incarné par Laurence Fishburne). Outre l’aspect financier, les époques changent. Sans vous refaire un cours d’Histoire, le statut de la minorité afro-américaine aux États-Unis (plus si minoritaire que cela d’ailleurs) a beaucoup évolué. Et la vie de cette famille l’illustre parfaitement. Deux questions peuvent se poser : jusqu’à quel point l’intégration peut-elle nous faire oublier notre identité ? Et inversement, comment garder son identité propre tout en s’intégrant ? Il y a un entre-deux et c’est là tout l’enjeu de cette première saison.
Parfois clichés, les gags n’en restent pas moins drôles. On n’échappe pas aux commentaires racistes avec, entre autres, une scène dans laquelle un bus de touristes qui visitent le quartier des stars s’arrête devant la maison de la « mythique et majestueuse famille noire » et qui est présentée ici « en dehors de son habitat naturel ». Mais on reste toujours à la limite du politiquement correct.
Mentions spéciales pour l’épisode consacré à la St Valentin, Big Night, Big Fight, qui traite des conflits conjugaux le soir de la fête des amoureux façon Guerre Froide, et pour l’épisode sur les Français (no comment).
Black-ish est à mon avis la meilleure nouvelle comédie du moment.
Fresh Off the Boat
Adaptée de l’autobiographie du chef Eddie Huang, Fresh Off the Boat nous présente la famille Huang, des Américains d’origine Taïwanaise qui déménagent de Washington à Orlando afin de se rapprocher du steakhouse familial (restaurant de viandes typiquement américain). Un triple défi les attend : ils quittent une ville dans laquelle ils semblaient être appréciés, ils doivent lutter contre le racisme et les préjugés venant de leurs nouveaux voisins/clients/camarades de classe, et enfin, pour donner du sens à ce changement de vie, ils doivent faire prospérer leur affaire.
Dès les premiers épisodes un thème revient de manière récurrente, celui du succès. Qu’il soit financier, scolaire ou social, il s’agit d’une priorité pour cette famille, et surtout pour la mère, Jessica Huang (Constance Wu). Elle est tellement obsédée par l’argent et la réussite qu’elle en devient extrêmement chiante. C’est clairement elle qui porte la culotte dans son couple et c’est également le personnage le moins agréable. Si le père (Randall Park) et les enfants s’acclimatent plutôt bien à leur nouvel environnement, Jessica Huang, elle, éprouve quelque difficultés à ne pas regretter son ancienne vie.
La satire faite par la série de la vie dans une banlieue aisée américaine, une vie d’apparences et de superficialité, confère plus d’empathie au personnage, qui aurait pu n’être qu’une femme au foyer passive, passionnée par The Real Housewives et les ragots. Au contraire Jessica Huang est une femme dynamique, indépendante, et qui le paye en peinant à s’intégrer dans le voisinage. Malheureusement, ce personnage de la mère, s’il est nécessaire pour donner du relief à la série, n’en est pas moins irritant. C’est préjudiciable quand on sait que le fondement de l’humour de Fresh Off the Boat repose sur le fossé culturel, matérialisé par les réactions de Mme Huang. En bref, ce qui est censé faire rire m’agace au plus haut point.
Mais réduire la série à ce point négatif serait une erreur. Un autre personnage mérite notre attention, celui du fils aîné, Eddie (Hudson Yang). Narrateur de la série (au même titre qu’Adam dans The Goldbergs), ce pré-ado un peu rondelet est fan de hip-hop et souhaite être considéré comme un ado américain normal, mais il subit régulièrement les moqueries de ses camarades qui le prennent pour le Chinois de service (« The Yellow Man »). L’adolescence est bien cruelle car ses deux jeunes frères s’en sortent beaucoup mieux.
Eddie est censé être le personnage central de l’histoire mais son rôle est vampirisé par celui de la mère. Si on s’amuse de certaines situations, il manque un petit quelque chose pour qu’on lui porte de l’intérêt.
Succès, rigueur scolaire, restaurant familial, les stéréotypes sur les familles asiatiques ne manquent pas. Mais il faut croire que les personnages autoritaires ne me font pas sourire et que le reste des intrigues ne suffit pas à me donner envie de continuer l’aventure Fresh off the boat. Cette première série d’ABC sur une famille sino-américaine n’a pas réussi à me convaincre.
Sur la population asiatique aux USA, il y avait la série : Sullivan & Son, sur une famille mi-coréenne et mi-irlandaise/américaine ! Elle peut faire penser à Cheers ou Drew Carey Show. Que 3 saisons sur TBS !