Dimanche : troisième jour à Séries Mania. La brigade de Séries Chéries s’est déployée pour couvrir la journée : Maguelonne, Serge, et Sophie ont arpenté les couloirs du forum.
La journée de Serge
14h30 : L’une des traditions de Séries Mania revient à nouveau cette année : le marathon comédie du dimanche ! Au programme 6 séries à découvrir ou redécouvrir : Man seeking woman, Dreamland, Catastrophe, The Jews are coming, La théorie du K.O. et finalement Please Like me. De la série britannique à la québécoise en passant par Israël, c’est un vrai tour du monde de l’humour qui s’annonce, et il y en a pour presque 6 heures de séries ! Juste le temps de s’armer d’une bouteille d’eau et d’un pack de beignets et hop me voici parti à la fête des zygomatiques.
15h10 : Man seeking woman se termine et je reste un peu ahuri devant ce que je viens de voir. Maguelonne n’avait donc pas menti dans cet article.
16h10 : Grosse déception devant Dreamland. Difficile de passer après The Office et Parks & Recreation lorsqu’on veut jouer la carte de la comédie de bureau. Des personnages trop ternes, des situations qui trainent en longueur, bref on s’ennuie un peu. Vu les lumières des portables qui s’affichent dans la salle je ne suis pas le seul à regarder l’heure.
17h00 : On redresse la barre avec Catastrophe, une comédie romantique anglaise au ton moderne plutôt sympathique. Ce n’est peut-être pas la série de l’année mais on peut se laisser franchement charmer par cette histoire de sex friends devant gérer comme ils le peuvent une grossesse imprévue. Une petite bouffée de fraîcheur qui fait du bien et qui évite de tomber dans la mièvrerie, douceur parfaite pour finir cette première partie du marathon.
17h30 : Dans la file d’attente de la 2ème partie du marathon comédie, c’est l’heure du bilan. Puisque les spectateurs votent pour leur série préférée, les débats vont bon train autour de moi. Personnellement je reste un peu sur ma faim. Tout cela était bien sympa mais je n’ai pas eu de véritable coup de cœur. A entendre ce qui se dit autour de moi, beaucoup attendent la révélation de The Jews are coming. Verdict dans moins d’une heure.
18h10 : On nous avait présentés The Jews are coming comme la rencontre entre les Monty Python et Israël. C’est vrai il y a de ça mais pas que. Irrévérencieuse la série l’est assurément. Tenter la parodie du terrorisme ou la vanne raciste il fallait oser et là pas de souci on y va joyeusement et sans limites. On aime ou on déteste. Par contre on se rend vite compte aussi de quelque chose de tout bête : l’humour est culturel. Pour rire avec cette série autant être clair tout de suite : il faut maîtriser son Ancien testament et son histoire d’Israël sur le bout des doigts, sinon on ne comprend juste rien. Ce fut mon cas sur pas mal de sketches et au vu du silence du public je n’étais pas le seul. Dommage.
19h00 : On le sait peu mais le Canada est une patrie du catch tout autant que les Etats-Unis si ce n’est même plus, et évidemment le Québec ne fait pas exception à la règle. Bref, il était logique de voir une série québécoise s’attaquer à ce sujet. Sauf que dans La Théorie du K.O. le catch est un moyen mais pas une fin. Le vrai sujet c’est avant tout le rôle du père dans une famille en quête de repères masculins. Pourquoi pas. On se retrouve en tout cas devant une série sympa mais un peu molle et l’on se demande un peu où l’on va. Il s’agit d’une comédie tendre, tout est montré de manière si décalée qu’au final on ne peut que rester à distance de qui se passe.
20h00 : La saison 2 de Please Like Me était un peu le cadeau bonus de ce marathon. Au vu des deux premiers épisodes on retrouve la finesse d’écriture de la première saison avec une manière décomplexée et très personnelle de s’attaquer à tous les sujets, y compris les plus graves comme la dépression de la mère de Josh. On peut être déstabilisé mais assurément intrigué. Et pour ceux qui avaient loupé la saison 1, vous trouverez une petite cure de rappel ici.
20h10 : Bilan final du marathon du rire : beaucoup de choses sympathiques mais peu de vraies révélations. Personnellement je suivrai tout de même Man seeking woman et Catastrophe en espérant avoir de bonnes surprises. Entre le South Park de la drague et une comédie romantique façon XXIème siècle, je trouverai peut-être, qui sait, la comédie de mon cœur.
Pendant ce temps, du point de vue de Maguelonne…
17h58 : La salle 500 est archi-pleine pour la projection et le commentaire par Matthew Weiner d’un épisode de Mad Men. Il s’agit du final de la saison 6, c’est-à-dire mon épisode préféré dans la saison préférée de ma série préférée. En bref, c’est l’extase. Les seules places libres sont réservées et dans la panique du générique Séries Mania, pas d’autre choix que de faire comme d’autres et de m’installer dans les escaliers. L’avantage, c’est que la vue est dégagée ; l’inconvénient ? Ça reste des escaliers.
18h25 : Je m’étrangle de rire devant l’une des répliques les plus mythiques de Pete Campbell. Quelqu’un fait “chhh”. Oui, bon, ok, je l’ai peut-être dite en même temps que lui aussi, mais je commence à soupçonner beaucoup de spectateurs de ne pas avoir déjà vu l’épisode : le taux d’hilarité est bien trop bas. Les vrais, eux, peuvent adhérer à mon club “Pour que cette réplique entre dans le panthéon mondial des citations réutilisables au quotidien”, aux côtés de “Juste un doigt”, “Viens on va manger des chips” et “How do you like them apples ?”.
18h42 : Par contre, une partie de la salle rit devant le speech Hershey’s tandis que j’étouffe des sanglots. C’est sans doute le moment le plus crève-cœur de toute la série, sérieusement, j’ai envie de mettre pause, d’aller tous les voir individuellement et de les prier de sortir.
18h44 : Ou alors je pourrais me lever et les insulter en hurlant “Mais vous n’avez rien compris !”. Astuce : même si vous n’avez pas vu Mad Men, quand Don Draper est au bord des larmes, il ne faut pas rigoler.
18h55 : Plan final parfait de l’épisode parfait, qui aurait vraiment pu être le dernier de la série. Revoir l’épisode confirme l’impression que m’avait laissée mon premier visionnage, il y a deux ans, avec le recul c’est toujours aussi génial voire encore mieux, on voit davantage de détails, c’est SI bien écrit, si beau, si…
18h56 : Je me souviens que la série s’achève cette année. J’ai encore envie de pleurer.
19h : Matthew Weiner arrive et n’est pas assez applaudi à mon goût. Se souvient-il que j’étais là, il y a quatre ans, lorsqu’il était déjà venu faire une masterclass au festival ? (Sachant que j’étais tout au fond à gauche, j’imagine que non).
19h30 : Son entretien avec Olivier Joyard bat son plein. Ce n’est pas un mystère s’il a donné des centaines d’interviews et masterclasses : Matthew aime TELLEMENT parler de son travail, une simple question lui permet d’embrayer sur vingt minutes de monologue enthousiaste avec mimes, blagues et détails techniques. Mad Men, c’est son bébé : il en connaît tous les détails et se rappelle jusqu’au nom d’une obscure secrétaire de la saison 1, il parle des personnages et des acteurs eux-mêmes avec la même affection dans la voix et raconte qu’il écrivait les dialogues dans une sorte de transe au cours de laquelle les répliques lui venaient naturellement. Il évoque Dickens, Steinbeck et les Soprano, et va de clé d’interprétation (il n’aime pas le symbolisme, s’identifie à Pete, dissimule les expositions et n’adhère pas à la notion traditionnelle d’anti-héros) en anecdote de tournage. Celle qu’il faut retenir : Jon Hamm s’était fait opérer de la gorge pendant la saison 6, ce qui a altéré sa voix et le faisait paraître plus vulnérable. C’était donc ça.
19h50 : Je rassemble tout mon courage pour poser une question. J’en ai bien sûr des milliers, j’aimerais dire merci, et lui demander comment on va continuer à vivre quand ça sera fini, et pourquoi il n’y a pas de rédemption possible pour Don ; j’aimerais savoir POURQUOI au juste la saison 7 a été coupée en deux et s’il n’a vraiment pas eu le choix, mais il n’a sûrement pas le droit d’en parler et a seulement évoqué son mécontentement à ce sujet (et son espoir que la saison n’en sera pas moins cohérente). Du coup j’opte pour l’égoïsme et décide de vérifier une hypothèse émise dans mon mémoire sur Mad Men, que je résumerai peut-être un jour ici si vous êtes gentils, en l’interrogeant sur la création du personnage de Bob Benson. Au moment de poser la question je tremble de stress, je n’arrive pas à contrôler mes mots, mon accent et le micro en même temps.
20h20 : Trois questions seulement, ses réponses étant bien entendu plus qu’exhaustives. Heureusement qu’on le revoit demain !
Et Sophie dans tout ça ?
16h30 : A la fin de la projection de Tellus dont je ne parlerai pas (droit de réserve tout ça tout ça), on entend pendant la projection le bruit d’une clé USB insérée dans l’ordinateur. Moment de communion avec le projectionniste.
16h32 : Le showrunner de Tellus vient parler de sa série. On peut résumer sa pensée ainsi : il n’arrive jamais rien en Finlande, il n’y a pas d’activistes, tout le monde respecte les lois et il a fait une série pour évoquer l’écologie mais ça ne provoquera aucun débat. Ambiance nordique.
17h : Je mange le muffin le plus décevant de tous les temps.
18h : Je découvre la salle des collections ainsi que les jolies alcôves auxquelles les jurés ont droit. Privilèges vous avez dit ? J’en profite pour jeter un coup d’œil à la série française Disparue. Malgré le fait que le directeur de casting soit tombé sur la tête (François Xavier-Demaison ET Pef en contre-emploi, c’est beaucoup), c’est pas mal efficace. Je quitte précipitamment mon nouveau nid douillet pour aller voir Strikers, une série flamande.
20h30 : La fin de la projection de Strikers est perturbée par un micro allumé dans le couloir qu’on peut entendre dans les enceintes de la salle. Ce qu’il y a de bien avec Séries Mania, c’est l’ambiance roots et un peu à l’arrache de l’organisation alors que l’événement est d’ampleur internationale. Le festival a su rester simple et on se sent en famille.
20h40 : Pendant qu’une partie de l’équipe est au Mc Do et qu’une autre est en train de se gaver de champagne, je tente de réserver des places pour Daredevil pour cinq personnes. Bien sûr je ne trouve des places qu’au premier rang et tout le monde grogne.
21h : L’intervenant Benoît Lagane de France Culture nous vend du rêve en invoquant Buffy, nous trépignons.
23h : Après discussions, nous tombons d’accord sur le fait que la plus belle réussite de la série, c’est le petit sweat noir moulant du héros. ET AU DIABLE LE COSTUME !