Samedi, c’est officiellement la première journée du festival, mais notre deuxième jour sur place. Bilan ci-dessous, en sachant que Sophie n’a pas le droit de parler des séries du monde (parce que de grands pouvoirs une place dans le jury blogueurs implique de grandes responsabilités).
14h30 : Projection de la série Togetherness. On vous en avait déjà parlé dans une étude de pilote, et notre avis n’a pas changé. La série est très bien, bien qu’un peu fade à force de vouloir être trop douce et du côté des petits riens. Mais ne boudons pas notre plaisir, ça reste drôle et très bien écrit. D’ailleurs, voici #3raisonsdevoir la série :
15h : On se pose dans la cafet’ pour manger un petit sandwich jambon de pays. Je décide de ne pas prendre de café parce que j’aurai sans doute déjà suffisamment de sensations fortes devant Empire et Lee Daniels. Sophie, elle, va voir une série sur une obscure bataille australienne, Gallipolli. Elle prend du café.
17h20 : Je rejoins Marine pour le début de la projection d’Empire, dont Marion avait déjà parlé dans un article musical. La salle 500 est comble et manifestement déjà fan. C’est très divertissant, la musique est cool et il me faut à peu près deux dixièmes de seconde pour être team Jamal. En gros, je suis complètement d’accord avec ces #3raisonsdevoir la série :
19h : Lee Daniels, trop content d’être là, ne cache pas sa joie et la salle le lui rend bien. Il n’hésite pas à en redemander avec un « HELLO PARIS » de rock-star qui réveille les plus bas instincts de groupie du public (je m’inclus dedans). L’heure et demie de masterclass désarmante qui suit, menée par Pierre Langlais, justifie entièrement cet enthousiasme : nul besoin d’être fan des œuvres précédentes du réalisateur (Precious, Paperboy, Le Majordome) pour apprécier son charisme, son humour et son honnêteté. Il se confie sans fard sur son enfance difficile digne des épisodes les plus durs de The Wire, la discrimination qu’il a subie en tant que Noir américain homosexuel et les débuts de sa carrière, au théâtre et en directeur de casting. Il évoque aussi ses goûts musicaux – contrairement à ce qu’on pourrait attendre du co-créateur d’Empire, il n’aime pas du tout le hip-hop ; son truc, c’est Broadway. Autre aveu surprenant : s’il a décidé de faire une série, c’est avant tout pour payer la fac à ses enfants, et pour que les membres de sa famille qui sont en prison puissent eux aussi voir son travail.
19h45 : SURPRISE ! Taraji P. Henson, alias Cookie, est là ! La rencontre se fait encore plus animée et drôle qu’avant, les deux collègues faisant preuve d’une complicité et d’une volubilité galvanisantes, encore accrues lorsque c’est le moment pour le public de poser des questions. Leurs réponses sont toujours aussi franches, émouvantes et drôles, et leur permettent d’aborder leurs inspirations (Cookie = Dominique Deveraux dans Dynasty + la sœur de Lee Daniels + « Taraji on steroids ») ou leurs aspirations artistiques (la fierté personnelle pour Lee Daniels, la reconnaissance et un Oscar pour Taraji P. Henson). Ils réaffirment la dimension politique de leur entreprise mais aussi et surtout leur volonté de divertir et d’assumer pleinement le genre du soap : leur but, selon leurs propres mots, c’est de donner un orgasme au public. Ah et sinon, Lucious Lyon a failli être joué par Wesley Snipes, et la Fox veut qu’il y ait plus d’épisodes dans la saison 2 (ce qui n’est pas étonnant au vu de leurs audiences).
20h30 : La séance s’est éternisée donc vite, vite, je m’empresse d’aller chercher ma ration quotidienne du buffet pour éviter l’hypoglycémie et retourner en salle 500 voir Deutschland 83. C’est l’occasion de cocher plusieurs cases sur la liste des choses qu’on voulait voir à Séries Mania : d’autres blogueurs, comme moi, mangent des chips et boivent du champagne, et en l’honneur du marathon The Walking Dead qui débute à 23h un stand a été érigé pour maquiller les fans. Je dois donc littéralement braver une horde de zombies pour assister à la projection. Un peu comme ça :
20h40 : La série débute. Apparemment tous les gens jeunes sont allés voir Cucumber et Banana, se méfiant peut-être du pays d’origine de l’Inspecteur Derrick. Il s’agit ici cependant d’une série d’espionnage prometteuse, achetée par Canal + en France mais aussi Sundance Channel aux États-Unis, où elle sera d’ailleurs la première à être diffusée en langue allemande. Du coup, astuce pour se la péter : ne pas dire bêtement 83 en français mais drei und achtzig, ou en phonétique approximative « draï ount hartssich » (je ne rate jamais une des rares occasions de mettre à profit mes connaissances germaniques). La réalisation soignée force le respect dès les premières minutes, et avec Blue Monday en musique de générique je suis sous le charme.
21h09 : Une cougar ouest-allemande drague en proposant de la Kartoffelsalat (ou salade de pommes de terre) au jeune héros. Je mets plusieurs minutes à m’en remettre.
21h30 : Point Godwin très malin, entre malaise et hilarité. (Oui, c’est un teaser pour que vous regardiez la série, qui est très chouette).
22h25 : Les créateurs de Deutschland 83, Anna et Jörg Winger, viennent présenter leur travail. Madame vient des États-Unis, je dois faire taire en moi la voix cynique qui chuchote que les meilleures séries allemandes sont donc, peut-être, américaines.
22h50 : Nous quittons la salle gênées pour les créateurs après ce qui est probablement la séance de questions la plus embarrassante de l’histoire du festival, et en ayant seulement appris que leur esthétique s’inspire des frères Coen.
Au prochain épisode : Rendez-vous aujourd’hui pour de nouvelles aventures au Forum des Images ! Au programme : mes retrouvailles avec Matthew Weiner, dont la masterclass en 2011 m’avait laissé un souvenir impérissable ; et l’équipe de Séries Chéries presque au complet pour Daredevil.