Finally The Rock has come back… on HBO. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on n’attendait pas vraiment Dwayne Johnson dans une série et encore moins sur la chaîne de Girls et de True Detective. La nouvelle star des action heroes aurait-il en lui la force d’un acteur dramatique ou la fantaisie d’un Steve Carrell ? Et si finalement là n’était pas le problème ?
Ballers s’offre une plongée sans paliers de décompression dans l’univers doré des golden boys du football US. Vous vouliez voir des strass, des poufs et des grosses bagnoles ? Vous allez être servis. La série use et abuse de l’imagerie bling bling jusqu’à plus soif, à en faire pâlir de jalousie un Booba au plus haut de sa forme. Jusque-là rien de plus normal puisque ce sont les codes de la réussite tapageuse et qu’il s’agit de l’un des principaux sujets de la série. On ajoute à cela une pincée d’ironie, un bon lot d’egos surdimensionnés et une dose de football US et nous voici dans le monde joyeux de Ballers où le fric, c’est chic.
Et l’histoire dans tout ça ? Le pilote démarre en trombe par un événement un brin traumatique puisque l’on voit Rodney, un joueur de football au faîte de sa gloire, se tuer au volant de sa flamboyante Bentley en compagnie de sa maîtresse. Le ton est d’emblée donné, entre la brutalité de la mort et l’hystérie de l’amante jalouse, on ne sait pas si on doit rire ou pleurer. Bienvenue sur les terres de la dramédie où l’humour peut aussi se teinter de drame. Nous voilà en tout cas prévenus.
Le cœur de ce pilote repose sur le personnage de Spencer Strasmore (Dwayne Johnson), ancien joueur des Miami Dolphins et légende vivante de son état. Contraint de prendre sa retraite, Spencer se retrouve confronté au choix de la reconversion. Frappé par le destin de la veuve ruinée de son ami Rodney, Spencer verra la décision s’imposer à lui : il sera désormais le gestionnaire de ses amis quarterbacks et autres linebackers. Mais entre gérer les fortunes, les egos démesurés et les caprices, ce nouveau métier pourrait bien se révéler un challenge encore plus relevé que gagner le Super Bowl.
Autour de lui gravitent quelques personnages emblématiques des différentes périodes de la vie d’un sportif de haut niveau. Il y a Vernon, la jeune recrue prometteuse, entourée par une cour de parasites en tous genres. Il y a aussi Ricky le vétéran rebelle, le Nicolas Anelka du ballon ovale incapable de se tenir tranquille, adepte de l’approfondissement de relation avec les fans en backdoor de boîte de nuit. Et puis il y a Charles, jeune retraité un peu paumé ne connaissant rien à la vie en dehors d’un terrain de foot. Tous ces personnages reflètent une certaine diversité dans les problématiques rencontrées par les sportifs de haut niveau. On se retrouve ancrés dans un milieu crédible, avec une vision plurielle du star system. Tout ça est très bien mais le problème c’est que malgré tout, on s’en fiche un peu.
Le grand souci de la série c’est que l’on ne sait absolument pas comment se situer devant ce qui se passe. Ni drame, ni comédie, rien ne déclenche vraiment un ressenti. Chez les personnages c’est d’ailleurs la même chose : peu importe les événements, rien ne semble les affecter. Rodney est mort ? Pas cool, par contre la culotte de la fille au premier rang, classe ! Absurde ? Pourtant c’est exactement ce que l’on voit à l’écran. Si les « héros » eux-mêmes se moquent de ce qui leur arrive, pourquoi nous spectateurs en aurions quelque chose à faire ? Résultat : on reste complètement extérieur à tout ce qui se passe et on s’ennuie cordialement. Une réussite totale.
Autre petit problème : si vous aimez les personnages féminins charismatiques ou tout simplement les rôles de femmes bien écrits et profonds, passez votre chemin il n’y a rien à voir. Ici les femmes ne sont au mieux que des potiches sans cervelle, au pire de simples objets sexuels. Alors oui ce sont peut-être les codes du milieu ultra macho dans lequel on évolue mais on peut espérer qu’au moins un personnage féminin émerge pour sortir des clichés bas de plafond. Dans ce pilote on entrevoit un espoir possible avec la femme de Charles, Julie. Pourrait-elle être la représentante d’une féminité non sexualisée à outrance ? Le simple fait qu’on la voit habillée joue déjà en sa faveur, c’est dire si l’on part de loin. Et pourtant, on n’y échappe pas, dès que son mari retrouve un travail (après une quête fiévreuse de cinq minutes) il faut bien évidemment qu’elle le récompense avec force tendresse et vigueur. Sans jouer les preux effarouchés, tout ça devient vite barbant. Le sexe ok mais pourquoi ne pas en faire un sujet et pas juste un élément du décor ?
Bref, Ballers dans ce premier épisode se présente exactement comme on l’attendait, toute en démonstration mais sans la moindre trace de subtilité. On en prend plein les mirettes et on a bel et bien l’impression d’être immergé dans un milieu avec ses codes et ses repères, mais au-delà de ça rien ne se passe. Se retrouver dans une position de tourisme devant une série a tout de même quelque chose d’assez embêtant. Espérons que derrière la carte postale un vrai fond parvienne à émerger. Dwayne et compagnie ont encore un long chemin à faire pour nous conquérir, espérons que l’on finisse par découvrir un cœur derrière la clinquante vitrine.