Showrunner : Ryan Murphy

Une légère période de semi-déprime accompagne généralement la vie de ces nombreux artistes qui rêvaient de perpétuels challenges créatifs, et se retrouvent à écrire l’énième épisode d’une série qui ressemble étrangement à tous les projets auxquels ils ont participé dans leur vie. Ryan Murphy a brillamment rejeté cette fatalité et a su diversifier à l’extrême les sujets de ses séries. Le scénariste a en effet été à la tête de succès commerciaux tels Nip/Tuck, Glee, ou American Horror Story… il y en a pour toute la famille. Une certaine agilité est nécessaire pour pouvoir sauter avec autant de grâce de la branche Glee à la branche American Horror Story. Du chirurgien plastique californien de Nip/Tuck au médecin aux faux airs de Josef Mengele dans la saison d’AHS, Ryan Murphy sait systématiquement adapter sa patte à un univers parfaitement défini.

La Bio

Ryan Murphy est né en 1965 dans une cellule familiale traditionnelle blanche américaine d’Indianapolis : origines catholiques irlandaises, maman (décrite par le petit Ryan comme une reine de beauté) écrit des bouquins et bosse dans la comm’, papa dans la presse. Jeune, il présidait un fan club de Meryl Streep. Après un petit passage dans une chorale qui lui donnera peut-être un goût pour les jeunes qui chantent en groupe, Ryan Murphy écrit des papiers pour plusieurs journaux après la fac. Les choses deviennent plus sérieuses lorsque Steven Spielberg, rien que ça, lui achète son scénario Why Can’t I Be Audrey Hepburn?

Son style

On écrit ~~rarement~~ jamais une série seul, mais le showrunner* jouit tout de même du privilège d’avoir un droit de regard sur à peu près tout. Soulignons le soin particulier accordé par le scénariste à des personnages qui ont l’habitude d’être relégués au rang de potiches ou de clowns. Vous pensiez avoir vu Peter Dinklage quelque part avant Game of Thrones ? Il était déjà dans Nip/Tuck, dans un rôle un petit peu plus élaboré qu’un simple nain à la voix de Bugs Bunny. Les personnages féminins de Murphy sont souvent forts et intelligents, ce qui a pu être difficile à admettre dans l’industrie américaine. Les femmes d’American Horror Story sont fréquemment plus dangereuses que les hommes à l’instar des personnages joués par la sulfureuse Jessica Lange. Que serait Glee sans Sue Sylvester qui déclare « Face it, I’m legend. It’s happened. » Vous voilà prévenus. Après une carrière consacrée à divertir les foules progressistes et choquer les masses puritaines, Murphy prétend s’être désormais assagi et préférerait, selon ses dires, transmettre de belles émotions. Les bruits de couloir concernant la saison 4 d’American Horror Story me font sérieusement douter de ces affirmations.

Ses projets

Ryan Murphy a constitué un joli tableau de chasse et l’on notera que beaucoup de ses projets parviennent à durer de nombreuses saisons. Popular (The WB, 1999 – 2001), Nip/Tuck (FX, 2003 – 2010), Glee (Fox, 2009 – 2015), American Horror Story (FX, 2011 – De nos jours), The Glee Project (Oxygen, 2011- 2012), The New Normal (NBC, 2012 – 2013). Non content d’avoir piloté toutes ces séries prestigieuses, il a également réalisé des longs-métrages comme Running With Scissors (qu’il a écrit), Eat Pray Love et The Normal Heart. De quoi s’occuper si on ajoute une vie familiale avec le photographe David Miller et leur enfant Logan Phineas, et la messe du dimanche.

Si Eat Pray Love avait reçu une volée de bois de vert par la critique, The Normal Heart s’annonce très fort en dépit d’un sujet légèrement surexploité actuellement,l’arrivée du SIDA dans la communauté gay aux USA, avec Julia Roberts, Jim Parsons du Big Bang Theory, Mark Ruffalo qu’on a vu en géant vert, et Matt Bomer.