Etude de cas : les nouveaux modes de visionnage des séries

Dans les premiers jours de ce blog, nous avions consacré un article “Accords et désaccords” aux différences et jeux d’influences entre les séries et le cinéma. Nous n’avions pas abordé cependant la question des modes de visionnage. Certains diront que la réponse est évidente : les films ça se regarde sur grand écran, les séries sont dans la lucarne, mais ce n’est pas si simple. De nouvelles pratiques, des plateformes innovantes, et même des tweets mythiques ont révolutionné nos habitudes de spectateurs. Il était donc grand temps de se pencher sur plusieurs bouleversements dans la vie des sériephiles.

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Mariés, deux enfants, mais où est la télécommande ?

Première bonne nouvelle, comme le rappelle le sociologue Clément Combes, un sériephage particulièrement glouton n’est plus simplement (dé)considéré et traité de “couch potatoe” (soit un spectateur passif, voire complètement abruti). Même s’il “existe toujours une distinction entre ceux qui regardent leur série en VO, calés sur le calendrier américain, et ceux qui regardent leur série en VF à la télévision, globalement, cette passion est devenue plus valorisée socialement.”

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Couch potatoe : figure 1

Des spectateurs calés sur le calendrier américain depuis la France (comme Sophie par exemple), really? Eh oui, c’est le nouveau modus operandi des sériephiles, les vrais. Parce que les réseaux sociaux et plateformes de critiques en ligne (comme Spin-off fondé par Manuel Raynaud) font caisse de résonance. Parce que la peur du spoiler peut rendre un fan de Game of Thrones complètement agoraphobe. Parce que les traducteurs qui s’adonnent à l’art du sous-titrage ont ajouté un shot de red bull à leur café quotidien. Parce qu’il existe des sites conçus spécialement pour vous aider à vous y retrouver dans vos planning de séries en cours, ou en attente.

Pour toutes ses raisons, il est devenu nécessaire, si ce n’est impératif, d’adapter son mode de visionnage pour ne rien rater. Ce n’est plus la peur du vide, mais la peur du trop plein (amusez-vous à tester ceci) qui nous guette. Alors on ne sait plus bien si c’est l’oeuf qui a créé la poule, ou l’inverse, mais quoi qu’il en soit l’accès aux séries s’est métamorphosé ces dernières années.

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Ou quand la TV devient star du salon

1) Le piratage

Le piratage, parlons-en franchement, même si je ne pense pas être la personne la plus qualifiée pour disserter sur ce sujet. Après cinq années passées aux États-Unis, je suis rentrée en France pensant retrouver une faille spatio-temporelle intacte où Megavideo est THE place to be si on cherche à voir le pilote de Gossip Girl. Ça c’était avant, ok. Maintenant il parait qu’il y a ce truc de torrent et de débrideurs. J’aimerais vous dire que je suis aussi paumée car, allez, soyons fous soyons légaux, mais ce n’est pas la vraie raison. En réalité, comme tous les Américains, je ne peux plus vivre sans Netflix, et puis le piratage c’est le meilleur moyen de pourrir son PC avec des pop-up « watch sexy kitten » ou « cliquer ici pour gagner à la loterie ».

Alors comment je me débrouille ? Au mieux, je fais comme Sophie et j’achète des DVD en soldes sur Amazon.fr. « Mais Marion, tu te rends pas compte ? L’intégrale de The West Wing à 58 euros ! ». Autre astuce : vous n’y avez sans doute jamais pensé, mais on trouve des raretés dans les bibliothèques municipales.

Au pire, je prends le train pour aller chez mes parents passer un weekend au vert et me gaver de crêpes et de séries. Car lors de mon dernier voyage, ébahie, j’ai pu constater qu’ils étaient 100% à jour de la série The Americans. Et dire qu’il y a peu je leur ramenais encore de New York des DVD de Mad Men qu’ils dévoraient comme certains se jettent sur les cupcakes de Magnolia bakery. Mon père, ce pirate 2.0 !

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Alors ce soir au menu, poisson et séries fraîches

Si le piratage est devenu incontournable pour beaucoup en France (voir le buzz autour de PopCornTime), il faut quand même le rappeler : pirater, c’est mal.

2) Netflix

Je ne vous apprends rien, le géant américain de la VoD* débarque en France. Certains frôlent l’overdose prématurée. Normal, cela fait des mois que le teasing Netflix a commencé, bien avant même que quiconque ne puisse encore s’y abonner. La marque au logo épuré sur fond rouge sera disponible « bientôt, heu non, enfin si, ça y est c’est presque officiel, cette fois c’est officiellement officiel ! ». A l’opposé, d’autres — 86% pour être exact ! — vivent manifestement dans une grotte et ne savent pas encore que Netflix va changer leur vie.

« Lancé en 1997 par deux génies du Web, le service de vidéo à la demande pèse aujourd’hui plus de 30 % du trafic Internet en soirée aux États-Unis, son pays d’origine, et comptait au mois de mars 2014 près de quarante-huit millions d’abonnés à travers le monde.* » Même si le marché français a ses propres règles, d’où les délais, le rouleau compresseur est en train de traverser l’Atlantique.

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Netflix invasion

Pour vous donner un aperçu de Netflix vu de l’intérieur il y a l’article d’Aurélien Ferenczi ou d’Iris Deroeux. Le plus Netflix, c’est quoi ? Les 3 « c ». Pour reprendre l’expression d’un des représentants de la marque : notre service fait la différence « by offering benefits that speak to subscribers’ desire for control, comfort, and convenience.

D’où l’aggravation d’une tendance qui inquiète les concurrents « historiques » :  » le phénomène du cord cutting, lorsque les ménages stoppent leurs abonnements aux chaînes du câble et du satellite […] Une autre victime à prévoir : la VOD à l’acte. Les prix proposés à l’heure actuelle pour le visionnage d’un seul film sont quasi-équivalents à ce que propose Netflix pour un accès illimité à un catalogue de films et de séries. » Les remous se font sentir aux U.S.A et déjà en France. Mais quoi qu’il en soit, c’est le spectateur qui est gagnant ! Voire même la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (plus connue sous le petit nom d’Hadopi) puisque le développement d’opérateurs de SVOD à la hauteur de l’offre Netflix en France pourrait conduire à une baisse du piratage.

3) Le binge watching*
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Une nouvelle drogue fait des ravages…

Netflix n’a pas inventé la pratique du visionnage d’épisodes à la chaîne, mais il a rendu le binge watching « grand public ». Pour en revenir aux séries, voici quelques exemples de ce que vous pourriez regarder en ligne en quasi intégralité (il manque souvent la saison la plus récente) et sans interruption si vous étiez abonné aux Etats-Unis (et je ne vous parle même pas des films proposés) : Mad MenBreaking Bad, Top of the Lake, Rectify, The Fall. Ce n’est certainement pas une offre exhaustive, mais une offre généreuse qui incite à la découverte et à la fidélité, des comportements très sains pour les sérievores. Et si le démon de midi venait à vous posséder, libre à vous de papillonner, car Netflix se charge de garder en mémoire le moment exact de la série, à la seconde près, où vous vous étiez arrêté.

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Un épisode de Vampire Diaries en intraveineuse, ça vous tente ?

Autre point fort de Netflix, sa stratégie d’expansion tient compte des codes en vigueur sur les réseaux sociaux. Si notre mode de visionnage est devenu glouton, c’est aussi parce qu’il faut toujours être à la pointe de ce qui ce dit sur la twittosphere (True Detective est un exemple parfait de cette tendance), sous peine de passer pour un arriéré (j’exagère, mais à peine). Cette course à l’exclusivité a conduit la plateforme à produire du contenu in-house, soit House of Cards, la série arme de destruction massive que je n’ai même pas besoin de présenter. Rappelons tout de même pourquoi il s’agit d’une petite révolution. Premièrement, la série a été conçue pour répondre aux moindres désirs des spectateurs abonnés, leurs goûts ayant été préalablement analysés en profondeur, façon big brother : « Netflix is commissioning original content because it knows what people want before they do. » Les saisons 1, puis 2, sont sorties en intégralité et en exclusivité sur la plateforme de VoD. Netflix a tout simplement court-circuité la TV traditionnelle pour créer une nouvelle messe audiovisuelle. Amen.

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Bring out the big guns

Ces méthodes innovantes ne font pas l’unanimité et le binge watching, ainsi encouragé par Netflix, a regroupé ses détracteurs dernière un cri de ralliement qui rappelle un peu l’éternelle rengaine du « c’était mieux avant ». On ne tranchera pas le débat ici, mais on s’en amusera :

http://www.collegehumor.com/video/6968815/the-dangers-of-binge-watching

4) Introducing Spideo

Il est temps de fermer, pour l’instant, cette étude de cas sur les nouveaux modes de visionnage. Mais nous ne pouvions pas vous quittez sans vous parler de nous… de Spideo. Si notre équipe écrit pour Séries Chéries « à ses heures perdues », le reste du temps on travaille dur pour aider les spectateurs perdus devant une offre gargantuesque de contenus disponibles. Vous ne savez pas quoi regarder ce soir, vous voulez vous lancer dans une nouvelle série qui vous plaira à coup sûr ? Essayez notre application de recommandation de films et de séries.

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Introducing Spideo

Les spectateurs prennent le pouvoir et la révolution ne fait que commencer !

PS : Cet article contient de nombreux liens, des lectures que nous vous recommandons chaudement ! Et aussi pour vos petites oreilles.

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