Rendez-vous incontournable des sériephiles, Séries Mania revient pour une 8ème saison du 13 au 23 avril 2017. Voici notre programme.
Les recommandations de Serge
Si la compétition officielle de Séries Mania regorge de coups de cœur potentiels, la sélection des séries françaises au menu semble également particulièrement alléchante. Parmi toutes les créations inédites présentées, deux séries plutôt gonflées retiennent déjà particulièrement mon attention. Leur nom ? Transferts et Missions. Leur point commun ? Tenter le pari fou de la science-fiction made in France.
L’année dernière, Arte avait déjà prouvé avec Trepalium, dystopie sur le chômage de masse, que le récit d’anticipation n’était pas qu’un registre strictement réservé aux anglo-saxons, aux séries nordiques ou aux créations asiatiques. Rebelote cette année avec Transferts, thriller futuriste où la transmigration des âmes se mêle au récit policier. L’histoire se déroule dans un futur proche. On y suit Florian, père de famille plongé dans le coma depuis de nombreuses années, se réveillant un jour dans le corps d’un capitaine de police membre d’une brigade luttant justement contre les transmigrations d’esprits non autorisés. Semblant mêler complots et réflexion sur les limites de la quête scientifique de l’immortalité, Transferts affiche une belle ambition et une vraie originalité. Il ne reste plus qu’à voir de quelle manière se traduit cette belle promesse. A suivre.
Du côté d’OCS, la science-fiction semble également susciter l’inspiration avec Missions, nouvelle création des auteurs des Impitchables de Syfy ou de la Lazy Company, et de Julien Lacombe, réalisateur notamment du film Derrière les murs. S’inscrivant elle aussi dans un futur proche, Missions nous fera suivre la première expédition spatiale à destination de Mars. Une mission qui ne se déroulera pas tout à fait comme prévu puisque l’équipe d’astronautes sera bien vite confrontée à des phénomènes défiant l’entendement. Revendiquant l’inspiration des récits d’anticipation d’Asimov, des films de science-fiction plus vintages tels que 2001 l’odyssée de l’espace ou Alien, Missions semble choisir l’angle de la réflexion métaphysique plus que du grand spectacle de space opera. Intriguant et alléchant. Les dernières créations originales diffusées par OCS tels que Les Grands ou Irresponsable ayant été de très bonnes surprises, on peut être légitimement impatient de découvrir ce nouveau petit OVNI. A ne pas manquer.
Les recommandations de Marion
En plus des diverses rencontres organisées (Damon Lindelof, Adam Price, Julianna Margulies) et du marathon comédies que je ne rate jamais, deux séries m’intriguent particulièrement cette année : l’allemande Tempel et la danoise Ride Upon The Storm. Deux drames aux enjeux on ne peut plus différents, l’un traite d’un ancien boxeur qui va devoir renouer avec son passé violent pour améliorer sa condition sociale, l’autre d’une famille de pasteurs, de leur rapport à la foi et de leur(s) quête(s) personnelle(s).
Tempel avec son format inhabituel pour le genre (30min) explore un Berlin sombre où la mafia fait la loi et où seuls les plus durs survivent. Déchiré entre le milieu du crime dans lequel il replonge au risque de se perdre, et sa vie de famille paisible dont l’existence est menacée, on ne sait ce qui va advenir de Mark Tempel (Ken Duken). On notera que la série était nommée dans la catégorie « Meilleure série allemande » aux Jupiter Awards 2017 ainsi que son acteur principal dans la catégorie « Meilleur acteur de télévision allemand ».
Ride Upon The Storm, créée par Adam Price, auteur de la série Borgen, s’intéresse à comment la foi et la religion affectent nos vies. Deux thématiques de plus en plus présentes dans les séries quelle que soit leur nationalité. On pense notamment à Ainsi soient-ils, plus récemment à The Young Pope, et à Broken aussi présente à Séries Mania. Prix de la meilleure série TV en cours de production au MIPTV et mettant en avant l’acteur Lars Mikkelsen (The Killing, Borgen, Sherlock, House of Cards), Ride Upon The Storm ne passera certainement pas inaperçue au festival.
Les recommandations de Maguelonne
La sélection américaine de cette édition de Séries Mania est particulièrement impressionnante, et en plus d’attendre impatiemment de découvrir les retours de The Leftovers, Sense8 et Master of None, je ne peux que conseiller le rattrapage des œuvres récentes et géniales qui émaillent le festival – retrouver le plaisir du visionnage de The Good Wife devant The Good Fight, se plonger dans l’atmosphère unique d’Atlanta, s’éduquer devant When We Rise, et prendre deux claques – l’une émotionnelle, l’autre cérébrale – devant Big Little Lies et Legion, qui viennent de s’achever de manière grandiose et devraient vraiment resplendir sur grand écran. Impossible aussi, évidemment, de ne pas conseiller les yeux fermés (ou presque) la nouvelle création de Bryan Fuller, American Gods, adaptée d’une fascinante fresque de Neil Gaiman.
Pour une découverte moins mainstream, cependant, quelle agréable surprise de retrouver un coup de cœur du festival Série Series 2016 dans la sélection ! J’étais tombée sous le charme de Tytgat Chocolat – renommée Team Chocolate pour l’occasion internationale – grâce aux quelques extraits proposés à l’occasion, tout en craignant que la distribution d’un contenu flamand soit difficile par la suite. Voici donc l’opportunité idéale et inespérée de suivre les aventures de Jasper et de son groupe d’amis, partis sur les routes d’Europe quand la collègue dont il est amoureux, vivant illégalement sur le territoire belge, est rapatriée de force dans son Kosovo natal. Au delà de l’humour, de la bonne humeur et de la fraîcheur qui se dégagent du projet, l’occasion donc de regretter ensemble l’absurdité des frontières et des visas… et de valoriser l’une des très rares œuvres audiovisuelles qui, au lieu d’instrumentaliser avec paternalisme la trisomie 21 de ses personnages principaux, en fait des héros comme les autres.